Red Bull et Porsche : de l'annonce imminente à l'accord avorté

La lune de miel était prévue pour début juillet entre Red Bull et Porsche. Elle n'a pas eu lieu et, depuis, les deux parties n'ont cessé de s'éloigner l'une de l'autre. Probablement définitivement...

RB Porsche

Dimanche soir, dans le paddock de Zandvoort, Helmut Marko a lâché une petite bombe. "Porsche ne sera pas actionnaire chez nous", a-t-il confié à F1-Insider. Dans le même temps, plusieurs sources ont confirmé à notre édition allemande que l'accord ne se matérialiserait pas.

Chez Porsche, la déception est grande devant cet échec. Et beaucoup se posent la question : que se serait-il passé si la FIA avait approuvé le règlement moteur 2026 plus tôt ? Red Bull et Porsche avaient initialement convenu de communiquer officiellement un "partenariat d'égal à égal" lors du Grand Prix d'Autriche. Le communiqué de presse était déjà prêt. Car même avant que le conseil d'administration du groupe Volkswagen ne donne en avril dernier son feu vert à l'arrivée d'Audi et Porsche en Formule 1, Red Bull et Porsche avaient signé un accord de principe. Il prévoyait le rachat par Porsche de 50% des parts des activités F1 de Red Bull.

Ce qui s'est passé après le Grand Prix d'Autriche fait désormais l'objet de spéculations. Il se dit que Christian Horner n'aurait pas aimé diriger un programme conjoint avec, à ses côtés, un directeur général nomme par Porsche. Helmut Marko conteste toutefois cette version. Ailleurs dans le paddock, les rumeurs disent que l'échec de l'accord pourrait être lié à l'état de santé de Dietrich Mateschitz, grand patron de Red Bull, qui se serait dégradé depuis le début des négociations.

Au départ, les discussions étaient plutôt simples, mais plus elles ont duré, plus elles sont entrées dans le détail, plus les dirigeants de Porsche se sont impliqués, et plus les doutes de Marko et Horner se sont accentués. Ils ont avec Max Verstappen le meilleur pilote de Formule 1 sous contrat jusqu'en 2028 et, avec Adrian Newey, peut-être le meilleur concepteur. Le tout avec des processus de décision rapides. "Dietrich a toujours été pleinement derrière nous lorsque des décisions relatives aux pilotes ou à la stratégie ont été prises", rappelle d'ailleurs Horner, "et c'est l'une de nos forces directement liées à notre ADN."

Une cohabitation trop encombrante ?

Honda, qui fournit ce qui est peut-être le meilleur moteur de la grille à l'heure actuelle, a apparemment douté des raisons de son départ. Les signaux indiquant que la marque souhaite reprendre un programme d'usine en 2026 sont de plus en plus clairs. Alors pourquoi faire appel à un constructeur allemand, avec toute la bureaucratie qui accompagnerait un tel accord ? Tous ceux qui ont écouté attentivement Horner à Zandvoort ont compris que Red Bull a depuis longtemps pris sa décision pour ne pas s'allier à Porsche. "Nous sommes une écurie indépendante", dit-il. "Nous travaillons toujours d'une manière qui nous permet d'être flexibles, rapides et efficaces. Ça fait partie de l'ADN de Red Bull."

Christian Horner, directeur  de Red Bull Racing.

Christian Horner, directeur de Red Bull Racing.

Les discussions avec Porsche se sont prolongées et, chez Red Bull, on s'est rendu compte que si elles aboutissaient, le lancement de tout projet futur ne se ferait pas en faisant appel au soutien de Mateschitz. Il faudra d'abord le présenter puis le faire approuver par le conseil d'administration, ce qui impliquera du temps et une incertitude quant à l'issue. Ni Horner ni Marko n'ont envie de travailler de la sorte. "Notre position, c'est que l'équipe est le plus gros outil marketing de Red Bull dans le monde", insiste Horner. "Et pourquoi devrions-nous faire des compromis pour ça au niveau stratégique sur le long terme ?"

Parallèlement, pour Marko un partenariat avec Porsche n'est pas encore définitivement exclu, à condition que la marque allemande soit ouverte à une collaboration avec Red Bull Powertrains. Red Bull Racing ne sera pas à vendre. Concevoir une unité de puissance n'a rien à voir avec le fait de construire un châssis. Cependant, Red Bull n'exclut plus de tout faire, et le fait que le premier moteur ait tourné au banc d'essais de Milton Keynes peu avant la trêve estivale en dit long sur la confiance qui règne.

Red Bull n'a besoin de personne

Selon Horner, Red Bull Powertrains est en capacité de concevoir et fabriquer entièrement une unité de puissance. "Les spécialistes que nous avons s'occupent de toute l'unité de puissance, y compris l'électrique et la mécanique", précise-t-il. "Nous sommes engagés pour 2026. On a recruté certains des meilleurs cerveaux de la F1 pour Red Bull Powertrains, on a construit une usine en 55 semaines, on a des bancs d'essai entièrement mis en service, on a construit notre premier prototype de moteur 2026, il a tourné pour la première fois avant l'été. On est vraiment dans une dynamique passionnante et on ne dépend pas d'un investissement extérieur pour le faire. L'unité de puissance est clairement un défi très différent. S'il y a un partenaire pour travailler dessus, alors ça aurait du sens."

Red Bull a déjà fait tourner un moteur sur son nouveau banc d'essai.

Red Bull a déjà fait tourner un moteur sur son nouveau banc d'essai.

Mais ce ne sera pas Porsche, pour qui un engagement n'est envisagé qu'à condition d'être actionnaire d'une équipe, et pas simple motoriste. C'est d'ailleurs ce que précise le mandat du conseil d'administration du groupe Volkswagen. Sauf que Porsche a fondé tous ses espoirs sur un accord avec Red Bull, et se retrouve aujourd'hui sans solution. Il s'agit d'un revers cuisant alors que l'entreprise prépare son entrée en bourse et que son ambition était d'être un acteur d'une Formule 1 en plein essor, qui brasse des milliards de dollars et qui n'a jamais été aussi rentable pour les équipes que depuis l'introduction du plafonnement budgétaire.

Porsche peut au moins se féliciter d'avoir tenté le coup, d'autant que c'est Red Bull qui a fait marche arrière. L'existence de l'accord de principe mentionnant une participation à 50% est prouvée par des documents officiels qui ont été largement relayées. Red Bull et Porsche savaient parfaitement que les autorités antitrust rendraient public cet accord imminent, et ils n'y voyaient aucun inconvénient puisqu'ils avaient d'abord prévu de l'annoncer le 7 juillet à Spielberg.

Voir une écurie de Formule négocier avec un constructeur sans que cela ne se concrétise n'a rien de nouveau. Il est en revanche plus rare de voir les négociations aller aussi loin avant de capoter à la dernière minute. Porsche le vit comme une déception, tandis que Red Bull affiche un optimisme rayonnant pour l'avenir : Max Verstappen est plus proche que jamais d'un second titre mondial, Horner et Newey peuvent continuer le projet sans risque d'interférence d'un grand constructeur, et le volet moteur est garanti par Honda jusque fin 2025, sans qu'une suite ne soit désormais exclue.

"L'une de nos forces est que Red Bull a toujours été une marque qui sort des sentiers battus, une équipe qui n'a jamais peur de relever de nouveaux défis", se félicite Horner. "D'abord, on est arrivés en Formule 1, et maintenant on construit un moteur. La façon dont on travaille est assez différente, et ça fait partie de notre ADN que de pouvoir réaliser de grandes choses."

Lorsque l'on évoque la possibilité qu'il soit lui-même à l'origine du deal avorté avec Porsche, le Britannique répond avec un léger sourire. L'hiver dernier, il a prolongé son contrat de directeur d'équipe jusqu'en 2026. "J'ai récemment pris un engagement à long terme avec cette équipe", conclut-il. "Lors des négociations, on a parlé du fait qu'il fallait que la structure de management reste telle quelle. Ça a toujours été pleinement accepté. Alors je ne pense pas avoir besoin de commenter des spéculations aussi folles."

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