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Pourquoi Verstappen va "compter les moutons" à Silverstone

Mercedes domine peut-être totalement la Formule 1 en ce début de saison 2020, mais un pilote de renom entend bien continuer à poser des problèmes aux Champions en titre.

Lewis Hamilton, Mercedes F1 W11, Valtteri Bottas, Mercedes F1 W11, et Max Verstappen, Red Bull Racing RB16

Steven Tee / Motorsport Images

Max Verstappen dispose-t-il de chances de battre Mercedes ce week-end, à Silverstone ? Il est sans doute encore le seul à qui l'on peut en effet donner le bénéfice du doute, même s'il n'en est pas convaincu lui-même…

L'étendue de Silverstone est plate, large, spacieuse – c'est ce qui en fait un si bon endroit pour un aérodrome. Le circuit est également réputé pour être plat et sa nature large et spacieuse explique qu'il soit l'un des rares circuits du Royaume-Uni à pouvoir accueillir tout ce qui est nécessaire pour un Grand Prix de Formule 1 moderne.

Les lieux apportent aussi une certaine sérénité concernant la possibilité d'appliquer toutes les mesures nécessaires à la prévention de la propagation du COVID. Cet été, le bâtiment des stands et l'espace habituellement dédié aux expositions sont strictement organisés selon les protocoles de sécurité ; un dédale de chemins à sens unique devant être suivis pour mener à destination et éviter les rencontres inutiles au moment des déplacements vers la zone de restauration des équipes, la zone de test du coronavirus ou encore la bien désertée salle de presse, qui ressemble désormais à une salle d'examens large et spacieuse, avec des bureaux individuels délicatement espacés et demeurant généralement calme et silencieux.

On y trouvait aussi une section de visualisation des données sur les écrans de chronométrage, qui représentait la piste de 18 virages et représentait grâce aux les enregistreurs GPS les voitures sur la piste. Ce n'est pas nouveau en F1 : la salle de contrôle se trouvant dans la belle hospitalité McLaren représente déjà la piste comme un cercle pour faciliter la représentation relative des autos les unes par rapport aux autres. Il s'agit d'un outil que les équipes utilisent pour tenir les pilotes informés de la position des autres voitures à proximité.

Lors du Grand Prix de Grande-Bretagne du week-end dernier, le graphique de la ligne de positionnement a vraiment fait ressortir deux choses : la vitesse dévastatrice de la Mercedes W11 par rapport à ses concurrentes et les performances brillantes de Max Verstappen cette saison, qui parvenait tout juste à s'accrocher à Lewis Hamilton et Valtteri Bottas alors que ceux-ci faisaient travailler à pleine allure leurs machines noires.

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Verstappen occupe actuellement une nette troisième place au classement avec 52 points, à six unités seulement de Bottas, après que le drame pneumatique de fin de course dimanche dernier n'ait fait chuter le Finlandais hors des points. Red Bull estime que Verstappen aurait pu être une menace pour la victoire lors de la manche d'ouverture de la saison, en Autriche, s'il n'avait pas abandonné en raison d'un problème de puissance, ce qui est logique étant donné qu'il était deuxième avec une meilleure stratégie de pneus (qu'il avait utilisée pour gagner au Red Bull Ring l'année précédente) au moment de son abandon et que les pilotes de Mercedes se sont heurtés aux problèmes de fiabilité qui ont surgi.

Une semaine plus tard, le pilote Red Bull était troisième alors que Mercedes exploitait son avantage de vitesse et l'absence d'un bloc propulseur aussi efficace à l'arrière de la Red Bull pour signer un doublé en dépit d'une qualification de Bottas en quatrième position. En Hongrie, il s'est brillamment remis de son accident d'avant course en se hissant à la deuxième place derrière un Hamilton dominateur, contrariant la tentative de Bottas d'offrir un autre doublé à la firme à l'étoile.

En ce moment, en dehors de la fiabilité, Verstappen est donc potentiellement la seule épine frôlant le flanc de Mercedes, et cela a bien été visualisé sur la ligne de positionnement des moniteurs de Silverstone. Le duo Mercedes a devancé Verstappen à raison de 0''359 par tour, ce qui ne lui a laissé qu'une troisième place solitaire. Mais tous les autres étaient très loin, à la dérive. Au début du quarante-neuvième tour, à la fin duquel le pneu avant gauche de Bottas commença à se dégonfler, Verstappen se trouvait à 14"1 de la tête. Charles Leclerc, certes en quatrième position, sombrait à 43"5 des commandes…

Il semble que Verstappen dompte la RB16 d'une manière que son coéquipier Alex Albon ne parvient actuellement pas à répliquer. Cela donne au final à Red Bull un léger mal de tête lorsqu'il s'agit de corriger quelques anomalies aérodynamiques que l'équipe admet devoir résoudre avec la voiture. L'équipe estime cependant avoir fait des progrès par rapport au week-end dernier et que la difficulté de corrélation des données entre les deux pilotes demeure finalement un bon problème à avoir, du fait que l'un d'entre eux répond présent.

Le niveau de performance actuel de Verstappen lui a permis d'être très proche de remporter le GP de Grande-Bretagne lorsque Hamilton a été victime d'un désastre pneumatique dans le dernier tour. D'aucuns ajoutent que s'il ne s'était pas arrêté pour changer de pneus après avoir dépassé Bottas (débattre des mérites de cette décision est inutile), la victoire lui serait revenue. Leclerc n'avait aucune chance étant donné l'écart, même si la course du pilote Ferrari était également exceptionnelle à sa manière.

Les aléas pneumatiques ont été le seul sujet de conversation d'une course qui a été pendant longtemps un peu terne. Désormais, l'intérêt pour la prochaine manche du championnat se trouve exacerbé : la F1 reste sur place pour une autre course à Silverstone ce week-end et les pneus proposés seront un peu plus tendres.

Les résultats de l'enquête de Pirelli sur les défaillances ont été exposés et les pilotes s'attendent maintenant à ce que le GP du 70e anniversaire soit une course à deux arrêts au stand plutôt qu'une immobilisation unique, comme c'est traditionnellement le cas à Silverstone. "Un cran [pneumatique] de moins représentera un défi pour nous tous et va sans aucun doute nous amener à au moins deux arrêts au stand", estime Hamilton.

Compte tenu des événements qui ont marqué l'apogée de la course du week-end dernier, il existe une lueur d'espoir pour le principal rival de Mercedes, même si Verstappen – le mieux placé pour les contrer – ne semble pas voir pas les choses de cette façon. "Je ne pense pas que cela va beaucoup changer", dit-il. "[L'écart avec Mercedes] est tellement grand ! Peut-être que nous leur prendrons un dixième, ou un et demi. D'accord, nous étions un peu plus près [sur le GP de Grande-Bretagne], mais ce n'est pas assez. J'essaie, mais ce n'est pas possible pour le moment."

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"Il faut être réaliste. Je veux dire : on peut rêver, on peut espérer, mais je pense qu'il est beaucoup plus important d'être réaliste parce que c'est comme ça que l'on avance. Si l'on continue à rêver de ces chances, cela ne va pas se produire. Il faut juste continuer à travailler."

La franchise de Verstappen, qui souhaite tout simplement gagner à la régulière, est un délice pour la presse et montre également la stature et l'assurance que celui-ci prend toujours plus au sein de l'équipe – il peut parler d'une manière qu'aucun autre jeune pilote de Red Bull n'ose rêver. Mais cela révèle l'ampleur de la tâche à laquelle lui et Red Bull sont confrontés. Les deux côtés peuvent être honnêtes quant à leur position car cela ne peut pas nuire à la leur. Mercedes a une seconde d'avance en qualification et se détachera en course, même si Verstappen est actuellement brillant et parvient à parfois à laisser une auto allemande derrière lui. "Je ne pense pas qu'il y aura beaucoup de changement dans ma façon de piloter", conclut-il lorsque Motorsport.com lui demande une dernière fois si l'incertitude entourant les pneus lui donne un espoir de battre Mercedes ce week-end. "Donc je vais probablement compter les moutons près du circuit."

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