Martins a changé d'approche après avoir "trop voulu assurer"
Champion de Formule 3 avec une maigre avance sur ses rivaux, Victor Martins attribue notamment son titre à un changement d'approche après avoir trop réfléchi pendant certaines courses estivales.
C'est au bout du suspense que Victor Martins a remporté le titre de FIA F3 le week-end dernier à Monza, avec un dénouement plus qu'insolite sur fond de drapeau rouge et de pénalités pour non-respect des limites de la piste.
Bien qu'il n'ait conclu la saison qu'avec cinq points d'avance sur Zane Maloney et sept sur Oliver Bearman, Martins a atteint l'objectif qui était logiquement attendu de lui, puisqu'il était le meilleur rookie l'an dernier et donc logiquement le favori pour le titre 2022 en tant que redoublant. Le pilote ART Grand Prix est prompt à reconnaître une saison faite de "beaucoup de hauts et de bas", avec deux victoires nettes en course principale à Bahreïn et à Barcelone mais aussi un accrochage et une casse moteur lors des courses sprint de ces deux rendez-vous, ainsi qu'un tête-à-queue le dimanche à Imola.
Les résultats étaient néanmoins globalement présents, si bien que Martins a mené le championnat lors de 11 des 18 courses au programme, mais dans le courant de l'été, c'est son compatriote Isack Hadjar, pourtant rookie, qui a pris les devants, lors d'une mauvaise passe pour le protégé d'Alpine. De son propre aveu, ce dernier s'est parfois trop retenu d'attaquer par envie d'assurer, avec un total de six points sur les meetings du Hungaroring et de Spa-Francorchamps.
"À Budapest, c'est parce que j'étais trop dans le contrôle, je pensais trop au championnat, je voulais trop tout assurer, je ne prenais pas de risques", explique Martins à Motorsport.com. "Du coup, j'étais trop concentré sur ce qui se passait derrière moi, sur les autres. Je n'étais pas sur une bonne démarche. Je ne roulais pas bien non plus, parce que je ne me concentrais pas sur les bonnes choses."
"À Spa, je pensais trop à bien faire, je prenais les risques et il y a des moments où j'hésitais entre deux décisions à prendre, mais c'est juste que je réfléchissais trop et je ne faisais pas assez parler mon potentiel – ce que j'étais capable de faire dans la voiture si je le voulais, si je faisais ce que je savais déjà, ce que je sais faire de mieux."
"Après, on a attaqué Zandvoort d'une manière complètement différente : je n'ai pas du tout pensé au championnat, je voulais juste gagner les courses, en prenant les risques tout en étant réfléchi, avec l'aide de l'équipe sur le pitwall. C'est plus que positif pour le titre qu'on a été chercher mais aussi pour mon futur, ma carrière."
Victor Martins (ART Grand Prix) en piste à Zandvoort
Étonnamment, Martins quitte la FIA F3 sans une seule pole position à son actif en 16 séances qualificatives, lui qui en avait pourtant signé 19 lors de ses deux dernières campagnes en Formule Renault Eurocup. Cette statistique est loin de le décontenancer, d'autant qu'il était habitué au top 3 l'an passé et qu'il s'est qualifié deuxième à trois reprises en 2022. De surcroît, il prend l'exemple d'Oscar Piastri, lui aussi couronné dans la discipline sans la moindre pole.
"Honnêtement, je crois toujours à ce que je vais vous dire : quand je revois mes deux dernières années en F3, je n'ai jamais eu de réussite en qualifs", explique le Français, qui donne l'exemple de Barcelone, où il a été gêné par le trafic dans son dernier run alors qu'il était leader. "À la limite, je m'en fiche un peu, pour être honnête. Ce n'est pas parce qu'on ne fait pas de pole qu'on ne peut pas gagner. Piastri a fait la même chose : il n'avait pas eu de pole, il a quand même gagné le championnat. Je sais qu'on avait le rythme pour en faire. J'ai envie de me dire que ce n'est pas un problème pour en faire plus tard dans d'autres catégories."
Martins aura en tout cas eu une sacrée concurrence avec six autres pilotes en lice pour le titre à Monza, dont les rookies Oliver Bearman, Zane Maloney et Isack Hadjar, les trois qui l'ont le plus impressionné lors de cette campagne.
"Sur la fin de saison, je retiendrai Bearman et Maloney, les deux qui montaient en force", analyse le tricolore. "Toute la saison, ils ont fait des erreurs – comme tout le monde, comme moi. Même les meilleures équipes ont complètement manqué de rythme à des moments. Ils étaient très, très rapides, ils nous ont mis beaucoup de pression à la fin du championnat."
"Isack aussi a fait une super saison ; à un moment donné, je pense que c'était aussi l'un des prétendants au titre. Après, sur la fin de l'année, c'est sûr qu'il a fait peut-être plus d'erreurs qu'au début [notamment une sortie de piste à Monza en qualifications, ndlr], mais il va apprendre de ça. Il a été très rapide. À mon avis, il ne pensait pas qu'il allait être là. Voilà, ce sont ces trois rookies-là qui m'ont fait sortir un peu de ma zone de confort et aller chercher les derniers détails."
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