Álex Rins frappé par le manque de communication chez Honda
Álex Rins peine à comprendre les méthodes de travail de Honda et se dit surpris d'échanger moins avec Ken Kawauchi, le directeur technique, que lorsqu'ils étaient chez Suzuki, et de ne pas avoir de réunion technique avec les pilotes de l'équipe officielle.
Álex Rins a sauté sur l'occasion de signer chez Yamaha pour la saison 2024, alors qu'il n'a pris part qu'à six week-ends de compétition sur la Honda du team LCR et s'est imposé à Austin. Si l'idée de retrouver une équipe officielle, quelques mois après le départ précipité de Suzuki, l'a tant séduit, c'est en partie parce qu'il a très rapidement senti un manque de soutien de la part de Honda cette année.
Quelques jours avant son succès à Austin, Rins se disait "inexploité" par le constructeur, déplorant de ne pas avoir accès aux dernières évolutions alors qu'il dispose pourtant de la version 2023 de la RC123V. Interrogé par l'édition espagnole de Motorsport.com, Rins a confirmé avoir ressenti un "manque de confiance" dans une structure moins soudée que ce qu'il a connu chez Suzuki.
Et alors que Yamaha se sent pénalisé par le fait de ne pas avoir d'équipe satellite, l'Espagnol estime à l'inverse que son ancien constructeur bénéficiait du travail dans un groupe resserré avec des prises de décisions efficaces, à l'opposé de ce qu'il ressent chez Honda.
"Le simple fait de n'avoir que deux motos et de bonnes personnes à la tête était la clé du succès", a expliqué Rins. "Davide Brivio et, à la fin, Livio Suppo à la tête de l'équipe, il s'agissait de personnes avec beaucoup d'expérience et qui prenaient les devants. Je ne dis pas qu'Alberto Puig [team manager de l'équipe Honda officielle] ne prend pas les devants, c'est plutôt l'inverse. Mais je ne sais pas, peut-être que le fait d'être une plus petite entreprise que Honda [aidait], par exemple."
"Je ne sais pas, il pourrait y avoir des milliers de facteurs, comme avoir seulement deux motos au lieu de quatre. On sait très bien comment c'était l'année ou Sahara-san était seul [pour diriger l'équipe Suzuki, en 2021], il manquait quelque chose, ce qui est normal. Une seule personne ne peut pas tout faire."
Honda gagnerait-il à recruter une personnalité comme Brivio, aujourd'hui en charge de projets pour Alpine en sport automobile ? Rins n'en est pas totalement certain : "Je crois que Davide a déjà tenté de revenir [chez Suzuki fin 2021]. Après être parti autant d'années, c'est difficile. Maintenant il est plus habitué au management d'un constructeur automobile, qui est très différent."
Álex Rins
Ces doutes viennent peut-être du fait qu'Álex Rins n'a pas retrouvé une aussi bonne relation de travail avec Ken Kawauchi, nommé directeur technique de Honda cette année, que quand l'ingénieur japonais occupait le même poste chez Suzuki, ce qui l'a beaucoup surpris.
"Pour le moment, ma relation avec Ken a été très différente de ce qu'elle était chez Suzuki. Je ne sais pas si ça vient de Ken ou de Honda, mais la communication a été très mauvaise. Je m'attendais à la même chose que vous, qu'en arrivant tous les deux de Suzuki, où nous avons passé de nombreuses années ensemble, on discuterait et on se verrait chez Honda. Ce n'est pas du tout comme je l'attendais."
Peu d'échanges avec les autres pilotes Honda
Ce manque de communication se constate également entre les pilotes. Pendant que Ducati se félicite des données fournies par ses huit motos et profite d'un travail collectif qui a impressionné Álex Márquez, son successeur chez LCR a très peu d'échanges avec Marc Márquez et Joan Mir, les représentants de l'équipe officielle.
"Je m'attendais à ce que ce soit comme ça, mais au final [la relation] ne fait pas d'étincelles", a déploré Rins. "Nous sommes dans des équipes différentes, nous n'avons pas des réunions avec les quatre pilotes pour échanger des idées. Par exemple, ma relation avec Marc est la même que l'an dernier, quand j'étais chez Suzuki. Quand on se voit, on se salue sans aller plus loin, mais il a été absent de nombreuses courses. Pareil avec Joan : chez Suzuki, on se voyait pour le déjeuner et le dîner, et [maintenant] on ne se croise pas."
S'il s'étonne des méthodes de travail très cloisonnées de Honda, Álex Rins n'a en revanche rien à redire sur celles de son patron, Lucio Cecchinello, qui a immédiatement compris sa décision de rejoindre Yamaha la saison prochaine. Quitter LCR sera un crève-cœur pour le pilote espagnol.
"Ça va me faire mal, je n'avais jamais connu une relation comme celle que nous avons bâtie avec l'équipe et Cecchinello. Je me souviens qu'à l'hôpital, quand j'ai dit à Lucio que j'avais une offre de Yamaha, il m'a répondu que cela lui ferait très mal si je partais, mais que c'était une opportunité unique pour moi. Cela m'a mis les larmes aux yeux. Ce sera dur, mais la vie continue et il y a différents chapitres."
Propos recueillis par Germán Garcia Casanova
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