Le doute n'a assailli Bagnaia que quelques heures cette saison

Malgré une première moitié de saison très irrégulière et le retard important qu'il affichait après le dixième Grand Prix, Pecco Bagnaia assure n'avoir pratiquement jamais perdu la foi. Très vite remotivé lorsqu'il est tombé au plus bas, il a ensuite lancé une impressionnante série de victoires qui a tout changé.

Le Champion du monde Francesco Bagnaia, Ducati Team

Photo de: Dorna

Le langage corporel de Fabio Quartararo et de Pecco Bagnaia différait diamétralement le week-end dernier alors qu'approchait le verdit du championnat. Encore en lutte avant la toute dernière course, tous deux savaient que cela allait se jouer durant ces 45 dernières minutes, ultime occasion de se confronter et d'aller chercher les points manquants. Certes, la donne était plus simple pour Bagnaia, qui pouvait se contenter de rouler dans le ventre mou du peloton et de contourner les obstacles, alors que Quartararo devait à tout prix gagner, pourtant l'enjeu était palpable à tout moment lorsque l'on croisait le pilote Ducati qui oscillait entre bonne humeur et fébrilité.

"Franchement, ce week-end ça a été très compliqué", admettait l'Italien quelques minutes après la délivrance. "Le fait de sentir la pression du titre a joué, mais le plus dur c'est que je ne me sentais pas bien avec la moto. On a cherché à combler quelque chose dont on n'avait pas besoin parce que le vendredi, quand il y avait beaucoup de vent, on a commencé à modifier des choses qui ensuite ne m'ont plus aidé le samedi, quand il n'y avait plus de vent. Donc, ça, ça a été un peu compliqué."

Seulement neuvième à l'issue des trois premières séances d'essais libres, Bagnaia n'avait sa place en Q2 sauve que pour six centièmes et le doute s'est immiscé dans son esprit, alors que Quartararo jouait parfaitement le jeu mental en affichant une sérénité inébranlable et une détermination féroce.

"Il est clair que [samedi] j'ai commencé à gamberger un peu plus. On sait qu'une fois arrivé là on peut très facilement faire une erreur et c'est donc ça qui a été un peu difficile ces derniers jours", poursuivait Bagnaia. "Mais [dimanche] matin, je me suis senti très bien avec la moto, on est revenus à la moto de base et tout a parfaitement bien fonctionné et ça, ça m'a beaucoup aidé à mieux vivre cette partie de la journée, même si la course a été difficile. Je savais que je pourrais y arriver."

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En validant finalement le titre pour 17 points dimanche, le pilote Ducati a réalisé une performance qui fera date à bien des égards, mais notamment pour avoir réalisé le plus gros rattrapage jamais observé au championnat. Il faut dire qu'il était descendu à 91 points de retard sur Quartararo à la mi-saison, après le Grand Prix d'Allemagne, et c'est pourtant là qu'il a donné l'impulsion décisive à sa campagne. Avant de lancer la série victorieuse qui allait tout changer, il admet avoir douté… mais pas plus de quelques heures. Dès le dimanche soir, il s'était remotivé.

"Sincèrement, je peux dire que la seule fois [où j'ai douté], ça a été juste après le Sachsenring, pendant deux ou trois heures après la course. J'étais très découragé, très déçu de moi-même, très en colère", avoue-t-il, expliquant avoir puisé dans cette colère la force pour relancer son championnat. "Ça a été comme une motivation pour essayer de m'améliorer, de grandir en tant que pilote. Ça a été une belle motivation pour moi."

"À partir de là, j'ai su qu'il y avait encore une chance de devenir Champion du monde", poursuit-il. Et alors qu'il est parti en pause sur une victoire, acquise à Assen, c'est un nouveau succès en Grande-Bretagne, à la reprise, qui lui a vraiment donné la force dont il avait besoin. Il avait alors réussi à inverser la tendance d'un week-end mal engagé, se montrant particulièrement impressionnant dans sa gestion de ce Grand Prix.

"C'était difficile d'y penser mais j'y ai cru. J'ai cru que c'était possible. Après la course de Silverstone, la deuxième course où je réduisais mon retard, j'ai réussi à trouver la constance. Je pense que Silverstone a été la clé de ce championnat pour plus y croire", observe le pilote italien, qui avait alors reçu les conseils avisés de Valentino Rossi et Casey Stoner. Deux autres victoires allaient suivre pour une série de quatre succès consécutifs, du jamais vu pour un pilote Ducati.

"Sincèrement, on a fait un travail incroyable cette année. Nos performances dans la deuxième moitié de la saison ont été incroyables. On a essayé de tout analyser pour progresser : pourquoi je tombais, pourquoi je faisais autant d'erreurs, et à partir de là, on a fait des choses incroyables et j'en suis très heureux parce que je pense qu'on mérite vraiment ce titre."

En Thaïlande, Bagnaia y a enfin cru

Alors qu'il réalisait une impressionnante moisson de points, Bagnaia voyait Quartararo sombrer, si bien qu'à la moitié de la tournée outre-mer il était revenu à deux points du Français. C'est là, en Thaïlande, qu'il dit avoir commencé à véritablement croire au titre, lui qui avait jusqu'alors fait tous les efforts possibles pour ne pas penser à l'enjeu.

"Dans une course très difficile pour moi, sachant que j'ai beaucoup de mal sous la pluie, j'ai tout fait pour monter sur le podium", se remémore-t-il au sujet de la course de Buriram. "Oui, Zarco n'a rien tenté sur moi parce que c'était un peu trop risqué mais j'ai fini troisième et j'ai repris beaucoup de points parce que Fabio n'en a marqué aucun. J'ai vu qu'avec la vitesse qu'on avait, on pouvait gagner."

"Ensuite, j'ai fini troisième puis premier en Malaisie. Ça m'a donné de la marge pour pouvoir gérer l'écart [à Valence]", ajoute le pilote Ducati, qui a vu son adversaire repousser sa première balle de match de justesse à Sepang. Il restait donc à asséner l'attaque finale en Espagne. "C'était très dur de penser à la victoire ou à une bonne place [à Valence], compte tenu du week-end et de l'ensemble des choses. Mais je pense qu'on a tout mis en place dans cette deuxième partie de saison et que ça m'a donné le titre."

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