Bastianini au rendez-vous alors que la menace Martín grossit
À deux semaines de la fin du championnat, Enea Bastianini se rappelle au bon souvenir de tous... Précisément quand sa place dans l'équipe officielle Ducati paraît la plus menacée !
C'est précisément maintenant que la menace devient véritablement palpable qu'Enea Bastianini retrouve les avant-postes ! S'agira-t-il du dernier rebondissement de ce championnat un peu fou ? Toujours est-il que le troisième homme du championnat 2022 s'est rappelé au bon souvenir de tous ce samedi, en décrochant une place sur la première ligne de la grille de départ puis en se battant à l'avant de la course sprint, avant d'empocher les points de la quatrième place.
"Probablement la meilleure journée de la saison !" s'est-il félicité au micro du site officiel du MotoGP. "La saison a été difficile, et enfin cette journée arrive. Je suis très satisfait parce que j'ai beaucoup travaillé pour être compétitif aujourd'hui. J'ai regardé beaucoup de données, à la maison et ici aussi. J'ai vu des choses différentes par rapport aux autres pilotes, j'ai essayé quelque chose hier. Je suis là ! J'ai décroché ma première qualification de la saison en première ligne, et aussi cette quatrième place au sprint, c'est un très bon résultat pour nous."
Les changements qu'évoque le pilote italien sont doubles : des réglages différents sur le frein moteur et un système de frein au pouce, très inhabituel pour lui mais auquel il a cherché à s'adapter rapidement.
"Quand j'ai vu toutes les données, j'ai remarqué que la plus grande différence avec les autres pilotes c'était le frein arrière. Alors j'ai décidé de mettre le frein sur le guidon. C'est bien ! Ça n'est pas facile à utiliser, surtout au début, mais aujourd'hui j'ai progressé pour l'utiliser correctement et la moto réagit mieux. Je suis content d'avoir compris ça."
"Aujourd'hui, la différence se fait dans les détails", a ajouté Bastianini, qui regrette de s'être jusqu'alors entêté à freiner au pied. Mais celui qui l'an dernier a remporté quatre victoires sous les couleurs du team Gresini semble aujourd'hui revivre après cette "belle journée".
"C'était inattendu que je sois en première ligne, y compris pour moi, et le sprint l'a été aussi", a-t-il admis, le sourire jusqu'aux oreilles. "Ça change beaucoup de choses. Mon humeur a nettement changé ! Ça a été une période très difficile et quand vous voyez que les choses commencent à s'emboîter, ça vous donne de la joie et ça vous fait comprendre que vous pouvez y arriver. Alors je suis content d'avoir réalisé cette performance aujourd'hui, d'avoir compris certaines choses, d'avoir réussi à faire comprendre au team ce que je cherche, ce qui n'a pas été facile. Les choses commencent à s'emboîter."
Une place menacée pour la saison prochaine
Le timing n'aurait pu être meilleur pour Enea Bastianini, qui se sait menacé par la prestation épatante de Jorge Martín, devenu un sérieux candidat au titre. Après les spéculations de ces derniers jours sur le sujet, c'est le directeur sportif de Ducati Corse lui-même qui a donné corps à la menace qui pèse sur les épaules de l'Italien : la possibilité que Martín puisse prendre sa place dans l'équipe officielle dès la saison prochaine − qui commence en réalité dans 17 jours avec le premier test de l'intersaison.
"Comme chacun le sait, nous avons confirmé Enea fin août pour l'équipe d'usine. Il est vrai qu'avec le niveau actuel de performance de Martín, c'est une réalité que nous devrions envisager", a en effet déclaré Paolo Ciabatti ce matin lorsque le site officiel du MotoGP l'a interrogé sur cette hypothèse d'un échange entre les deux pilotes. Tout en soulignant que "aucune décision n'a été prise" et en refusant d'affirmer que Martín possède une réelle chance d'être promu, le responsable italien a néanmoins ajouté : "J'ai dit qu'on ne peut pas ignorer son niveau de performance."
Le danger est réel, et Bastianini ne fait pas l'autruche. "Jorge a fait une très bonne saison par rapport à moi. J'ai fait une saison désastreuse", admet-il, "mais j'ai aussi vraiment manqué de chance dès le début. À Portimão, j'étais compétitif et ma saison aurait probablement pu être meilleure sans cette blessure. Je connais mon potentiel, mais parfois, quand on essaye de faire quelque chose de plus, on n'atteint pas son objectif, il faut revenir un peu [en arrière]. Maintenant, je comprends quel est le problème."
"Je n'ai pas de pression par rapport à ça. Je suis juste content de ma performance d'aujourd'hui et de m'amuser sur ma moto", assure le pilote. Mais interrogé à nouveau par les journalistes italiens sur les propos de Paolo Ciabatti, il a ajouté : "C'est la réalité, parce que Jorge a été jusqu'ici le pilote le plus fort de la seconde partie de la saison. Et moi, j'ai probablement été le plus mauvais de la seconde partie de la saison jusqu'ici. Je vais lui faire changer d'avis !" a-t-il ajouté en conclusion, résolument reboosté par cette journée qui pourrait bien tout changer pour lui.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
Enea Bastianini s'est bien gardé de mettre Pecco Bagnaia en danger pendant la course sprint.
S'il voulait se faire bien voir par les responsables de Borgo Panigale, Enea Bastianini a probablement marqué des points ce samedi, et pas uniquement en retrouvant la première ligne, même si Davide Tardozzi l'a chaleureusement salué avant le départ du sprint : "Nous sommes très fiers du retour d'Enea. Ce matin il a prouvé qu'il reste un pilote très rapide."
La course en elle-même a directement opposé les deux pilotes officiels, avec pour Bastianini une opportunité de frapper fort en allant chercher le podium. Mais Bagnaia l'a vite compris, son acolyte a préféré rester prudent. Cette démarche, le #23 l'assume pleinement, conscient qu'il avait plus à perdre qu'à gagner.
"Un des principaux problèmes aujourd'hui, ça a été le pneu avant. Il m'était difficile d'entrer dans les virages quand j'étais derrière un autre pilote, j'avais des mouvements à l'avant, alors que quand je n'avais personne devant j'arrivais à facilement faire mon rythme. J'ai retrouvé ces mouvements quand j'étais derrière Pecco et j'ai pris la décision de ne pas le dépasser", explique-t-il. "Je ne me bats pas pour le championnat. Ça aurait été un risque d'essayer de le dépasser et ça ne change rien pour moi."
"Quand je suis arrivé à Pecco, j'ai pris la décision de rester là parce que c'était mieux pour moi, mieux pour lui, mieux pour l'équipe. C'est aussi parce que c'était dangereux et que le pneu avant était critique. J'ai vu un problème similaire au mien sur la moto de Pecco."
Jeudi, déjà, Bagnaia n'avait pas hésité à juger injuste l'éventuelle rétrocession de son coéquipier, pourtant sous contrat pour deux ans. Aujourd'hui, il lui a une nouvelle fois apporté son soutien : "J'ai le sentiment qu'Enea mérite une autre chance vu tout ce qui lui est arrivé cette saison. Il n'a jamais eu la possibilité de bien comprendre cette moto. Au moment où il commençait à comprendre quelque chose, il est tombé à nouveau à Barcelone."
Le champion en titre a même fait un pas vers son acolyte, en échangeant avec lui et en disputant à ses côtés la séance de ce matin, afin de lui apporter son aide. "Pecco m'a aidé à faire des tours derrière lui et j'y ai vu des choses", a salué Bastianini. Ce travail d'équipe, le champion en a ensuite profité à son tour pendant la course en étant épargné par son coéquipier.
"Pour moi, tout le monde mérite une deuxième chance", a ajouté Bagnaia. "Et étant donné les résultats qu'obtient Jorge avec le team Pramac − qui est une équipe d'usine avec différentes couleurs − je ne vois pas [pourquoi il y aurait] ce changement. Je pense que c'est mieux pour Enea de rester dans la même équipe. Jorge fait un travail absolument incroyable, ce qu'il fait est formidable, mais je pense qu'Enea mérite une autre chance."
Dimanche, Pecco Bagnaia et son rival Jorge Martín seront à nouveau en confrontation directe, l'un qualifié en pole position pour la première fois depuis le GP de Catalogne du mois de septembre, et l'autre deuxième sur la grille. Et pour ajouter encore un peu de piment à la situation, ils seront rejoints sur cette première ligne par Enea Bastianini, qui compte bien en profiter jusqu'au bout.
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