Brûlures, manque de grip : le "cauchemar" de la canicule en Allemagne

Les pilotes ont été soumis à des conditions extrêmes au Sachsenring, la chaleur caniculaire ayant épuisé les organismes, provoqué des brûlures chez Stefan Bradl et accéléré la dégradation des pneus.

Le deuxième Johann Zarco, Pramac Racing

Photo de: Dorna

L'épuisement était visible sur les visages des trois premiers dans la cool room du Grand Prix d'Allemagne, où ils étaient réunis avant de recevoir leurs trophées. Tous marqués physiquement, Fabio Quartararo, Johann Zarco et Jack Miller ont préféré rester assis, même après leur arrivée sur le podium, après un effort inhabituel et une course disputée sous une chaleur étouffante.

Le Sachsenring n'a en effet par été épargné par la canicule venue toucher l'Europe ces derniers jours, et qui s'est étendue jusqu'à l'est de l'Allemagne. Le pic a été atteint dimanche, la température ambiante dépassant déjà les 30°C pour le warm-up, avant de culminer à 35°C pour la course. Ces conditions extrêmes ont suscité différents problèmes pour les pilotes.

Le plus durement touché a probablement été Stefan Bradl. Plusieurs pilotes Honda ont rapporté un défaut de leur moto, générant trop de chaleur au niveau du pied droit, à proximité de la sortie d'échappement. Le remplaçant de Marc Márquez a même été victime de brûlures et a également décrit une gêne au niveau de la main droite quand il était derrière des rivaux.

"J'essaie de trouver les mots", a confié Bradl au site officiel du MotoGP, seulement 16e de sa course à domicile. "C'est terrible. La seule chose sympa était l'hymne national sur la grille. J'ai souffert de la chaleur, c'était incroyable parce qu'en suivant des pilotes, ça me brûlait la main [droite], les doigts sur la poignée de freins, et je ne pouvais pas contrôler la moto."

Stefan Bradl, Repsol Honda Team

Stefan Bradl

"Après quelques tours, quand j'ai perdu le contact avec ceux devant moi, j'ai beaucoup souffert de la chaleur sur la botte droite. Je me suis brûlé le bas de la jambe parce que je ne recevais pas d'air. J'ai juste fini la course mais j'ai pensé à abandonner parce qu'il n'y a avait pas de raison de continuer. Physiquement c'était inacceptable."

Pol Espargaró a rencontré le même problème, dans une moindre mesure et en précisant qu'il le subissait régulièrement depuis son arrivée chez Honda. Takaaki Nakagami a de son côté été touché par le phénomène en EL4. "J'ai senti que ça brûlait sur le pied droit", a expliqué le Japonais aux journalistes après la course. "Je pense que c'était moins un problème que pour Stefan, mais on a fait des changements au niveau de la botte, on a mis du ruban adhésif pour éviter cette sensation."

"Je n'ai fait que sept tours [en course avant d'abandonner] donc ce n'était pas un gros problème. Tout au long du week-end, Pol et Stefan ont eu de gros soucis sur le pied droit et à la main."

Des motos brûlantes et un manque d'adhérence

Il n'y a pas que sur le plan physique que la fournaise du Sachsenring a été difficile à encaisser, les motos étant sujettes à des températures extrêmes. "La chaleur était tout bonnement incroyable", a commenté Remy Gardner. "Les gars disent qu'ils ont lu 80°C sur le tableau de bord comme température de l'air pour les trois premiers tours. 80°C ! Vous pouvez imaginer ce que ça fait aux pneus, au moteur, et c'est toute la moto qui brûlait sous moi."

La chaleur dégagée par les motos a eu une influence sur les choix techniques. Aleix Espargaró a ainsi renoncé à un carénage efficace mais dont une ouverture envoyait de la chaleur sur sa jambe droiteLes pneus étaient eux aussi très sollicités sur un asphalte mesuré à 52°C en début de course et si les gommes ont tenu, les pilotes ont néanmoins éprouvé des difficultés dans la dernière partie de la course.

"Tout devient plus difficile en course et avec cette chaleur, c'était vraiment un défi d'attaquer, de préserver le pneu, de ne pas surchauffer le pneu", a expliqué Miguel Oliveira. "À dix tours de la fin, c'était un cauchemar, vraiment un cauchemar à l'arrière. C'était juste de la survie. Physiquement c'était très exigeant."

Les pilotes ont eu besoin de reprendre leurs esprits après l'arrivée.

Les pilotes ont eu besoin de reprendre leurs esprits après l'arrivée.

"Je pense que le rythme de course était vraiment lié à la chaleur, la dégradation était assez forte, plus que l'an dernier", a ajouté le pilote KTM, néanmoins satisfait d'avoir pu contenir un rythme régulier. "Malgré une dégradation plus forte, les chronos restaient très constants."

Johann Zarco a évoqué les mêmes difficultés en conférence de presse. "Les derniers tours étaient un cauchemar parce c'était assez dur de contrôler la moto, physiquement la chaleur était très exigeante", a commencé le Français, qui avait la chance d'avoir le champ libre, contrairement à Franco Morbidelli"C'était difficile de rester derrière d'autres motos", a expliqué l'Italien, perturbé par la chaleur générée par les autres machines. "Quand j'ai rejoint le groupe qui se battait pour la dixième place, j'ai subi une nouvelle baisse du pneu avant, clairement à cause de la température. Il était très compliqué de conserver mon rythme et aussi d'essayer d'attaquer." 

Ces difficultés à exploiter les pneus sur un asphalte brûlant ont peut-être contribué à l'abandon de Takaaki Nakagami. Ce dernier a jugé sa chute "très bizarre" et a immédiatement perçu un manque d'adhérence sur le côté gauche : "Tout à coup en course, dès le premier tour, je n'ai pas eu de bonnes sensations avec mes pneus. Je ne me plains pas de mes pneus, mais les conditions ont peut-être changé et notre moto n'était pas du tout compétitive."

Les pilotes ont tenté de rester au frais avant le départ.

Les pilotes ont tenté de rester au frais avant le départ.

La situation rencontrée dimanche n'est pourtant pas la pire que les pilotes ont connu, le double rendez-vous de Jerez en 2020, exceptionnellement organisé au cœur de l'été après le premier confinement, restant le souvenir le plus douloureux pour Nakagami : "[C'était probablement pire] il y a deux ans à Jerez. [Samedi et dimanche au Sachsenring] il y avait beaucoup de vent et ce n'était pas frais, mais ça donnait une petite sensation de fraîcheur. Il y a deux ans à Jerez c'était un cauchemar. Je n'irai jamais à Jerez au mois d'août, jamais de ma vie !"

Zarco a "peut-être" vécu la course la plus physique de sa vie ce dimanche et malgré le risque de voir de tels épisodes caniculaires se multiplier, le natif de Cannes a préféré prendre la situation avec un certain détachement : "Peut-être que l'Allemagne est plus dure que la Thaïlande ou la Malaisie. On sait où seront nos prochaines vacances, on n'aura plus besoin d'aller dans les pays chauds si c'est en Allemagne qu'il fait le plus chaud !"

Avec Léna Buffa

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