Dovizioso : "Trouvez-moi une personne qui comprend ce qui se passe !"

Le vice-Champion du monde semble s'embourber dans les problèmes qu'il rencontre depuis le début de l'année, visiblement perdu, inlassablement en quête d'explications et de solutions, avant d'aborder un Grand Prix d'Autriche qui, pour la première fois, se présente mal.

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Andrea Dovizioso, Ducati Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Après avoir connu sa plus mauvaise qualification en MotoGP, Andrea Dovizioso a conclu le week-end de Brno à une maigre 11e place, bien loin d'afficher le mordant qu'on lui connaît. À 16 secondes du vainqueur, et à dix secondes de la première Ducati que Johann Zarco a menée sur le podium, le vainqueur 2018 de cette épreuve n'a pas caché être perdu.

Des dizaines de fois, Dovizioso l'a répété dimanche après-midi : il "ne comprend pas". Incapable d'expliquer qu'il soit autant en difficulté, un élément attire toutefois son attention dans l'ensemble de sa contre-performance, c'est le déficit qui est le sien au freinage, alors même qu'il s'agit notoirement de l'un des points forts du vice-Champion du monde. "Il n'est pas acceptable de perdre contre les autres au freinage : j'ai toujours été le meilleur au freinage dans la manière dont je pilote la moto, et lorsque je compare les données [de dimanche] avec celles de Zarco, je perdais beaucoup au freinage. Et ça, c'est inacceptable", martèle-t-il.

"Je ne peux pas perdre plusieurs dixièmes au freinage. Si ça m'arrive, ça veut dire qu'il y a quelque chose qui nous échappe. On a fait beaucoup de modifications, énormément, même trop, mais le fait est qu'on ne comprend pas ce qui se passe, et surtout on n'obtient pas les réponses auxquelles on s'attendait", souligne le pilote italien, le plus expérimenté du clan et celui qui affiche de loin le meilleur palmarès.

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"Ces trois dernières années, quand on a essayé certaines choses, ça nous a apporté des réponses. [Cette fois] ces choses-là n'ont absolument pas fonctionné. Si on va voir les réglages qu'ont utilisé Zarco et Pecco [Bagnaia] sur les deux courses où ils ont été compétitifs, ils sont plutôt à l'opposé de notre expérience. C'est peut-être la direction à prendre ? Je ne sais pas. Peut-être que si Jack [Miller], Danilo [Petrucci] et moi avons plus de mal, c'est parce qu'on teste des choses qui sont plus liées aux résultats qu'on a obtenus ces deux dernières années ? Je ne sais pas", répète Dovizioso.

Ce mauvais résultat est en effet venu sanctionner six mois d'essais multiples, à l'issue desquels le pilote et son staff technique semblent toujours plus s'arracher les cheveux. Rien de ce qu'ils ont tenté a fait en sorte que la mayonnaise prenne entre la GP20 et le nouveau pneu arrière introduit par Michelin et que les performances suivent.

"Je ne suis pas du genre à me chercher des excuses. On ne comprend pas, on n'est pas compétitifs, on n'exploite pas le freinage et sans ça on ne peut pas être compétitifs", constate-t-Dovizioso, suggérant que dans les nombreuses tentatives menées pour s'adapter à ce nouveau pneu, il paye possiblement le trop lourd bagage de ses années d'expérience avec une Desmosedici qu'il a grandement contribué à faire évoluer.

"Aucune des modifications qu'on a faites en test et sur les courses n'a fonctionné. Si vous analysez les tests, on n'a pas été particulièrement rapides", rappelle Dovizioso, admettant qu'il y a eu une seule exception depuis février, c'est le rythme de course affiché à Losail. "Mais on a vraiment fait beaucoup de modifications. Et puis, surtout, quand on fait trois ans exceptionnels comme on l'a fait, on a un gros bagage en matière de changements et d'expérience, et on fait donc les essais dans la lignée de ce qui a fonctionné. Est-ce que ça, ça nous a limités ? C'est possible."

Est-ce que cela signifie qu'il peut tirer des enseignements de la manière dont Johann Zarco a piloté dimanche ou dans la façon dont sa machine était réglée ? "Je ne veux pas trop en parler en détail, car il me faut encore une confirmation, mais son style est différent, comme celui de Pecco. Donc peut-être que Danilo, Jack et moi avons beaucoup d'expérience avec cette moto, et que Pecco et Zarco ont pris une direction différente car ils n'ont pas notre expérience pour suivre la direction qui était bonne pour Ducati ces deux ou trois dernières années. Ce n'est qu'une réflexion personnelle."

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"Je veux comprendre. Ça ne fonctionne pas, mais tant que je vois dans les données que je perds du temps au freinage par rapport aux autres Ducati, ça veut dire qu'il y a quelque chose que je ne comprends pas. Et ça veut dire qu'il faut qu'on aille dans les directions auxquelles on ne pensait pas parce que ce pneu requiert peut-être ça. Il est vraiment bizarre, très particulier."

Son pilotage, Dovizioso a déjà essayé de le faire évoluer afin de mieux convenir à un pneu arrière dont l'apport supplémentaire de grip tend à pousser sur l'avant, mais en vain. "Je pensais qu'en adoptant un style un petit peu différent, je pourrais m'adapter à la situation mais ce n'est pas le cas : j'ai besoin de plus d'aide avec les réglages. Je ne vais pas utiliser cette excuse, mais il faut regarder mes données : j'ai toujours du blocage à l'avant, ce qui veut dire que je suis toujours à la limite et que je perds au freinage. Cela signifie qu'il nous faut adopter une méthode différente alors que ces deux ou trois dernières années, ça marchait."

Inutile de parler de victoire en Autriche

La crise chez Ducati atteint donc son paroxysme alors même que le paddock prend la direction du Red Bull Ring pour deux courses, une piste qui sur le papier est censée être acquise d'avance pour les Desmosedici. Seulement, lorsqu'on lui signifie que sa victoire est attendue en Autriche, Dovizioso met en garde fermement : "Avant Brno on était censé casser la baraque, et on a fait 11e. Alors faire des pronostics me semble particulièrement hors de propos en ce moment."

"On a fait 11e, on n'est pas rapides, alors il faut [d'abord] comprendre… Trouvez-moi une personne qui en ce moment comprend ce qui se passe ! Par conséquent, essayons de garder notre calme, parce que ça paye toujours, et essayons d'analyser. Heureusement [il insiste fortement sur ce mot, ndlr], Pecco a été compétitif à Jerez et Zarco ici."

"On analyse, on essaye de comprendre. Cette course s'est faite sur une piste différente de celle de Jerez, dans des conditions différentes et je pense que ça peut nous apporter des confirmations. En tout cas j'espère", ajoute-t-il. "On prend ces trois jours [à Brno] et on espère y comprendre quelque chose, parce que pour le moment il est inutile de parler des résultats de l'Autriche vu qu'on se prend des secondes dans la vue."

Avec Guillaume Navarro

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