Honda a "sous-estimé" l'importance de l'aérodynamique

Malgré ses efforts de changement, Honda n'a pas su prendre le wagon de l'aérodynamique initié par Ducati et le paye cette saison selon ses pilotes.

Pol Espargaro, Repsol Honda Team, et Stefan Bradl, Repsol Honda Team

Souvent critiqué pour son mode de développement centré autour de son leader Marc Márquez, Honda a affiché une volonté de changement en présentant un prototype 2022 de sa RC213V jugé révolutionnaire par ses techniciens. Seulement, le constructeur a eu beau apporter des modifications au moteur, au châssis et à l'électronique, sa moto ne s'est pas révélée aussi compétitive qu'espéré. En tentant de corriger les problèmes, le HRC s’est finalement perdu et se trouve actuellement dans "un cercle vicieux" selon Pol Espargaró.

Le résultat est donc sans appel : Honda pointe au dernier rang du championnat constructeurs. Tandis que sa RC213V effrayait la concurrence au moment de sa présentation en début d’année, elle fait désormais pâle figure en fond de peloton, et les espoirs des premiers mois sont complètement douchés. Après avoir connu la pire première partie de saison de son histoire, la marque se doit de réagir, aussi bien en changeant de philosophie aux yeux d'Alberto Puig, le team manager de l'équipe officielle, qu'en revoyant sa coordination interne selon Marc Márquez.

La marche à suivre pour cela, et qui freine les constructeurs historiques du championnat dont Honda, est celle ouverte par les européens Ducati et Aprilia, qui dominent clairement le championnat en termes de résultats, et surtout d'innovation. La marque de Borgo Panigale est en effet connue pour être à la pointe du développement aérodynamique. Son élément phare reste le holeshot device, très décrié lors de son apparition en 2018 et aujourd'hui utilisé par tous les autres constructeurs.

Ducati ne cesse de pousser dans la voie de l'aérodynamique et a par ailleurs installé des ailettes à l’arrière de la selle de ses motos depuis deux Grands Prix, tandis qu'Aprilia en avait déjà ajouté un lors des essais au Mugello, sans toutefois l'utiliser en course.

La dernière innovation aérodynamique de Ducati, au GP de Grande-Bretagne

La dernière innovation aérodynamique de Ducati, au GP de Grande-Bretagne

À titre de comparaison, la dernière innovation technique majeure de Honda remonte à 2011 avec l'introduction du changement seamless sur les boîtes de vitesse. Du point de vue aérodynamique, le constructeur est loin d'être force de proposition, et c'est précisément ce point qui a été "sous-estimé" au HRC selon Stefan Bradl, son pilote d’essai, et qui représente aujourd'hui le "plus gros problème" du constructeur.

"On voit qu'Aprilia et Ducati, les Européens, ont investi beaucoup d'argent là-dedans. Le championnat a changé, on prend beaucoup plus de vitesse en courbe qu'avant, les pneus [ont évolué]... Petit à petit, tout a changé et à un stade, je pense que Honda a un peu perdu le lien avec les règlements. On ne peut pas changer les choses en cours de saison, il y a pas mal de limitations. Je pense que ça vient de l'aérodynamique", a-t-il expliqué en marge du GP d'Autriche.

Un point de vue pleinement partagé par Takaaki Nakagami, qui estime qu'en plus de l'électronique et du châssis, l'élément principal à améliorer est bel et bien l'aérodynamique. "Je ne dis pas qu'elle est mauvaise, mais Ducati et Aprilia sont un ou deux crans au-dessus", a-t-il ajouté.

"Il faut qu'ils comprennent qu'il ne faut pas se concentrer uniquement sur l'appui, parce qu'on a beaucoup moins de wheelie, beaucoup d'appui par rapport à l'année dernière, mais la moto ne tourne pas. Quand on commence à incliner la moto, l'aéro que l'on a n'aide pas à tourner, ça pousse toujours sur l'avant. Donc il faut qu'ils comprennent et qu'ils changent quelque chose principalement sur l'aérodynamique."

"Juste de petites pièces" à modifier

Le travail accompli par Honda sur son prototype 2022 reste néanmoins salué, et Nakagami comme Bradl estiment qu'il ne s'agit plus désormais que de détails pour rendre la moto performante au milieu d’un plateau MotoGP à la compétitivité de plus en plus exacerbée.

"Les détails comptent beaucoup plus qu'avant, surtout quand on fait un gros changement sur la moto. Les premières sensations sont toujours bonnes mais il faut s'occuper de tous les petits détails, ce qui demande beaucoup de temps, de tours et de bons tours. C'est de plus important, pas seulement pour les pilotes, mais également pour que les ingénieurs analysent tous les petits détails. La moto et tous les processus techniques deviennent plus compliqués", a ajouté Bradl.

"Les pilotes font des commentaires sur de petits détails et essayent d'expliquer ce qui se passe et quelles sont les différences avec les Ducati ou Aprilia. Le package, avec le moteur et le [holeshot] device, est bon, mais il manque juste de petites pièces et nous serions clairement à un niveau différent", a assuré le Japonais.

Avec Léna Buffa et Vincent Lalanne-Sicaud

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