Marc Márquez exhorte Honda à une meilleure coordination de son projet

Le plus important pour sortir de la phase compliquée que traverse Honda, selon Marc Márquez, n'est pas de révolutionner la moto mais de repenser le projet et la coordination. Et de ne pas paniquer : "La panique serait notre pire ennemi."

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Pour la première fois depuis deux mois et demi, Marc Márquez retrouve cette semaine le paddock MotoGP. Visiteur du Grand Prix d'Autriche, le champion espagnol a ouvert le week-end en donnant une conférence de presse très attendue. Avant que celle-ci soit interrompue par l'arrivée d'une tempête sur le Red Bull Ring, il a en quelques minutes dressé le constat d'une situation devenue critique dans le clan du HRC et appelé son constructeur à remettre en question la coordination de son projet.

"Une des raisons pour laquelle je suis ici c'est, non pas pour voir les motos en piste, mais pour parler avec Honda, avec les ingénieurs", a-t-il d'emblée indiqué, soulignant son souhait de conserver un lien étroit avec son équipe pendant cette nouvelle convalescence, lui qui a été opéré début juin. "J'ai eu l'expérience de 2020 et 2021, où je ne suis pas venu au circuit pendant longtemps. À cette période-là, j'ai trop déconnecté et quand je suis revenu tout était trop nouveau. Cette fois, j'ai essayé de bien garder le contact avec Santi [Hernández, son ingénieur] et Stefan Bradl [le pilote qui le remplace, ndlr], surtout avec mon team."

Une des raisons pour laquelle je suis ici c'est, non pas pour voir les motos en piste, mais pour parler avec Honda, avec les ingénieurs.

Marc Márquez

"On voit bien que Honda traverse un moment compliqué, et pas uniquement un pilote, mais tous", a-t-il constaté. "Quand je la pilotais au Mugello, c'était une moto difficile, dont il était difficile de tirer profit. Et le problème était gros, ce n'était pas un petit problème, pas une question de perdre ici [ou là]."

"Cependant le plus important pour moi n'est pas sur la moto mais sur le projet, la coordination. Aujourd'hui, durant cette phase difficile, les informations au sein de l'équipe sont ce qu'il y a de plus important. Les informations doivent être bien fluides dans tous les domaines, dans tous les aspects. Si les informations circulent de façon bien fluide et que tout le monde travaille en une même équipe, et surtout si les gens sont motivés, alors on sortira de cette situation, c'est certain. Je suis ici pour aider, en tant que pilote je me donnerai à 100% pour aider l'équipe."

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Insistant sur la nécessité d'un travail de groupe, sans qu'une seule personne, y compris un seul pilote, détermine la direction à prendre, Marc Márquez se pose en défenseur de l'union comme voie de salut pour Honda. Mais après avoir, quelque peu maladroitement, mentionné la nécessité de changer l'équipe plutôt que la moto dans une récente interview, il a voulu clarifier ses propos : "Quand je dis équipe, ce ne sont pas des personnes, c'est le concept de l'équipe."

"On voit que les équipes européennes travaillent différemment. Honda travaille beaucoup − de mon point de vue de pilote, plus que jamais. Le budget est là et ils travaillent, on ne peut pas dire qu'ils ne font rien. Quand je dis de changer l'équipe, c'est le concept, la coordination, essayer de trouver le chemin à suivre."

Adapter le travail entre l'usine et le circuit

"Je ne suis pas celui qui va dire qu'il faut prendre telle ou telle voie. Honda est la marque qui a gagné le plus de titres au monde, et je suis avec Honda parce que je crois en eux et que je crois que je peux atteindre le sommet avec eux. Mais ils doivent comprendre comment bien s'organiser car il y a toujours plus de courses et moins de tests, et le travail à l'usine devient de plus en plus important par rapport à celui qui est mené au circuit. Mais le circuit doit travailler avec l'usine. Ils travaillent très dur et je pense que ça va dans la bonne direction."

Depuis l'accident qui l'a mis sur la touche il y a deux ans, les marques européennes se sont peu à peu portées au niveau des japonaises, jusqu'à sembler à présent en passe de prendre le pouvoir sur le MotoGP. Pour le #93, une adaptation s'impose, dans un contexte qui a évolué. Une statistique parle mieux que toutes : après le retour à la victoire de Ducati, ayant mis fin à une domination de Honda et Yamaha qui aura duré près de six ans, les marques européennes ont gagné un quart des courses entre fin 2016 et 2019 ; mais depuis 2020, leurs victoires sont devenues majoritaires.

"Je ne veux pas dire que Honda doit travailler comme des Européens. Les Japonais ont travaillé beaucoup ces dernières années, on a gagné beaucoup de titres ces dix dernières années, mais le monde change et le championnat aussi. C'est comme quand de jeunes pilotes arrivent, le style de pilotage arrive. Il faut essayer d'étudier et de trouver la meilleure façon pour progresser et être les meilleurs. De ce point de vue, Honda travaille très dur."

Je crois pleinement en eux et j'ai été opéré au bras pour revenir au top avec Honda, c'est mon objectif.

Marc Márquez

"Dans un moment difficile, il est important de ne pas paniquer. La panique serait notre pire ennemi à présent. Le plus important est d'essayer d'analyser la situation, ce qu'ils font bien. Je crois pleinement en eux et j'ai été opéré au bras pour revenir au top avec Honda, c'est mon objectif. Mais il est vrai que pour atteindre cet objectif, tout le monde doit travailler de la même façon."

Marc Márquez ne fait aucun secret de la finalité de sa démarche : placer la prochaine saison sur de bons rails, après avoir tiré un trait sur une troisième campagne de suite à cause de ses nombreux problèmes, d'abord physiques. "L'objectif est d'essayer de comprendre comment mener le projet de 2023", a-t-il affirmé. Et lorsqu'il lui a été demandé de quelle moto il voudrait pour 2023, sa réponse a fusé : "Je veux une moto qui gagne !".

"Peut-être que le style de la moto 'à la Marc', l'ancien style d'il y a deux ou trois ans, ne fonctionne plus, parce que la catégorie change", a-t-il suggéré. "Il faut qu'ils comprennent, je ne suis pas ingénieur. Je dis quel est notre point faible, où je suis le plus en difficulté, où l'on perd par rapport aux autres motos, mais ils connaissent les chiffres, ils sont ingénieurs et je crois en mes ingénieurs. S'ils disent qu'ils sont convaincus par certains changements, je vais les croire."

"Je ne suis pas celui qui va dire comment il faut organiser l'équipe. Non, je suis pilote. Je demande une moto qui soit la meilleure possible en piste. C'est mon objectif et celui de Honda. Le HRC est là pour gagner des titres et tous les pilotes qui courent pour Repsol Honda ont pour objectif de se battre pour le titre."

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