Les regrets de Livio Suppo : "J'avais un tas d'idées" avec Suzuki

Livio Suppo ne sera resté qu'une saison à la tête de l'équipe Suzuki en MotoGP, le programme ayant été stoppé alors qu'il avait des projets pour le faire évoluer et le renforcer.

Alex Rins, Team Suzuki MotoGP, et Joan Mir, Team Suzuki MotoGP

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Parmi les centaines de membres du paddock, il en est un qui devait vivre un tourbillon intérieur lorsque le drapeau à damier est tombé sur la course de Valence, attribuant à la fois le titre pilotes à Pecco Bagnaia et la victoire de cette ultime épreuve à Álex Rins. Il y a quinze ans, lors du premier titre remporté par Ducati, c'est Livio Suppo qui dirigeait l'équipe italienne, et cette fois c'est lui qui était à la tête du team Suzuki, pour ce dernier succès avant la fin du programme décidée par la direction japonaise du groupe.

Une victoire comme un pied de nez revanchard à un groupe dont personne n'a réussi à véritablement comprendre la décision depuis qu'elle a été annoncée en interne le 2 mai, au lendemain du Grand Prix d'Espagne. Rins était alors à égalité de points avec Enea Bastianini au championnat et son coéquipier Joan Mir ex æquo avec Pecco Bagnaia. L'onde de choc de cette décision incomprise allait se faire sentir durant les semaines et les mois suivants, et à Valence encore les larmes affluaient facilement durant les longs adieux que fut ce dernier week-end de course.

"Il ne pouvait y avoir de meilleure façon de quitter ce paddock", s'est félicité Livio Suppo dans une interview pour GPOne. "En réalité, mon rêve aurait été de faire un doublé à Valence ; nous avons fait premier et sixième, mais nous ne pouvons pas nous plaindre. Gagner deux des trois dernières courses, en sachant que nous étions sur le point de nous retirer, je crois que c'est quelque chose d'unique. Avant toute chose, parce qu'il est rare qu'un constructeur aussi compétitif décide de quitter la compétition ; deuxièmement, parce que même en sachant que la moto était rapide et que les pilotes et l'équipe étaient au point, il n'était pas facile de conserver cette motivation et la concentration pour réaliser la fin de saison qu'a faite Álex."

En larmes sur la grille de départ, Rins a réalisé la performance parfaite une fois les feux éteints, comme porté par ce sentiment d'injustice qu'il ressentait et les honneurs qu'il souhaitait rendre à l'équipe avec laquelle il a toujours couru en MotoGP depuis son arrivée en 2017. En tête de bout en bout, le pilote espagnol n'a pas craqué et décroché ce qui est peut-être sa plus belle victoire, de quoi rendre plus insensée encore la décision des grands patrons de Hamamatsu.

Pour Livio Suppo, il reste le sentiment de frustration de ne pas avoir pu construire tout ce qu'il souhaitait avec cette équipe, lui qui avait accepté de réintégrer le paddock MotoGP cette année après avoir dirigé par le passé les équipes officielles Ducati et Honda. Arrivé tardivement, un an après le départ déjà douloureux de Davide Brivio, il n'a pu aller au bout de ses projets.

"Le groupe de personnes qui forment Suzuki est un très bon mélange, avec une empathie incroyable, et je l'ai vu moi-même. Quand je suis arrivé au Qatar, ils m'ont tout de suite fait me sentir chez moi. Je ne les remercierai jamais assez, parce que ça a été une expérience courte, plus courte que prévu, mais absolument fantastique."

Livio Suppo, team manager de Suzuki cette saison

"Nous avions encore beaucoup de choses à inventer. Nous n'avons pas créé de team satellite comme j'aurais voulu le faire, j'aurais aussi voulu monter une équipe en Moto2 pour faire grandir les pilotes. Des choses à faire, il y en avait plein. Il fallait convaincre les Japonais de travailler plus sur l'aérodynamique et j'aurais aimé mener un développement en collaboration avec Dallara, que j'ai eu l'honneur de connaître. J'avais un tas d'idées que j'aurais aimé essayer de réaliser", a regretté le responsable italien.

Soutenus, encouragés, acclamés par l'ensemble du paddock tout au long du week-end, les membres de l'équipe Suzuki ont refermé ce chapitre de leur carrière entre rires et larmes, beaucoup ayant heureusement réussi à retrouver un poste mais tous étant marqués par cette fin abrupte d'un programme dans lequel ils ont tant investi. Livio Suppo, lui, veut prendre le temps de réfléchir à ce qu'il fera, tenté par l'encadrement de pilotes en dehors de l'entreprise de vélos électriques qu'il avait créée à son départ de Honda et qu'il retrouve à présent.

Quant au matériel, son sort est scellé. "Quelques-unes de ces motos vont finir dans un musée quelconque, les autres seront détruites, comme les pièces et tout le reste", a expliqué Livio Suppo. "Tous les constructeurs japonais le font, pour une question d'impôts, sans quoi il resterait des actifs sur lesquels il faudrait payer des taxes. Étant donné que ce ne sera plus utilisable, ils font depuis toujours le choix de tout détruire."

Lire aussi :

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article
Article précédent Valentino Rossi a envisagé de ne pas venir à sa dernière course
Article suivant Pour Crutchlow, Quartararo est "le meilleur pilote de la grille"

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France