Interview
MotoGP GP de Catalogne

Márquez : "Nous avons peut-être perdu une année de développement"

Marc Márquez estime que Honda a perdu le contact avec les marques concurrentes durant sa longue absence. Le pilote espagnol croit néanmoins sa machine capable de gagner si les étoiles s'alignent, même s'il ne fait pas d'illusions pour le GP de Catalogne.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Cela fait maintenant sept semaines que Marc Márquez a retrouvé le MotoGP. Sept semaines difficiles qui n'ont pas permis au champion espagnol de retrouver le niveau qu'on lui connaît, car si l'humérus fracturé à Jerez l'an dernier est bel et bien consolidé, il garde des stigmates de sa longue convalescence, ce qui se manifeste avec une épaule capricieuse le contraignant à réadapter sans cesse son style de pilotage, sans que de réels progrès soit constatés.

Les quatre courses disputées par Márquez depuis son retour lui ont également permis de voir les limites de sa Honda. Déjà réputée difficile à manier avant sa blessure, la machine japonaise pose problème aux quatre pilotes qui en disposent sur la grille et aucun d'entre eux n'a pu se hisser sur le podium depuis le début de la saison, si bien que le #93 se demande si Honda n'a pas stagné dans son développement, permettant à la concurrence de prendre le large.

C'est donc sans véritable objectif sportif que Marc Márquez aborde le Grand Prix de Catalogne, disputé ce week-end à Barcelone, où il s'est pourtant imposé lors de sa dernière visite en 2019. Conscient qu'il ne pourra toujours pas jouer les premiers rôles, le sextuple Champion de la catégorie espère simplement poursuivre son processus de réadaptation dans les meilleures conditions possibles.

Un week-end difficile pour toi en Italie, comment est-ce que tu sens physiquement ? Et il y a finalement des fans pour ta course à domicile… 

Ce sera la première fois qu'il y aura des fans sur le circuit, donc ce sera chouette et je pense que ça passera comme ça dans le futur et que c'est le chemin à suivre. Le Mugello a été un week-end difficile pour moi, comme tous les week-ends depuis mon retour mais quoi qu'il en soit on verra ici. Nous allons essayer de nouveau de faire un pas en avant à notre façon et de continuer notre processus. Nous verrons si nous pouvons progresser, en particulier sur le feeling et pas tant le résultat, parce que ça ne changera pas la vie de finir 8e, 9e, ou 10e. Mais le plus important sera d'améliorer le ressenti. 

Qu'est-ce qui t'a le plus surpris depuis ton retour en MotoGP ?  

Peut-être que lorsque l'on revient, c'est parce qu'on se sent plus ou moins prêt à piloter une moto ! Mais ce qui m'a le plus surpris est à quel point les MotoGP sont exigeantes. Parfois, lorsque vous êtes à la maison pendant longtemps, vous oubliez un petit peu à quel point c'est exigeant du point de vue physique. Et ce qui m'a le plus surpris et que l'on se sent prêt à la salle mais qu'après, quand on pilote la MotoGP, on ressent les forces latérales et ce genre de choses que l'on ne peut pas faire à la gym. 

J'étais en mesure de piloter une moto routière pendant de longs tours mais avec une MotoGP, je n'étais toujours pas en mesure de piloter cinq tours dans le style agressif que j'avais, donc lorsque l'on est longtemps à la maison, on oublie à quel point c'est exigeant. Mais ce sont les meilleures motos au monde, avec les meilleurs pilotes au monde, et il faut être à 100% dans tous domaines si l'on souhaite se battre pour les podiums ou la victoire.

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À quel point est-il important pour toi de comprendre la moto et ce dont tu as besoin ? 

Depuis que je suis revenu, ça a été difficile de comprendre ce qui se passe sur la piste et sur la moto. J'ai un petit peu commencé à faire des améliorations de réglages avec les réglages des pilotes Honda de la fin de l'année dernière, mais je suis revenu sur ma moto standard, celle que j'utilisais à Jerez l'année dernière et c'était mieux… mais je ne comprends toujours pas ! Alors je me suis dit : 'OK, j'ai besoin de kilométrage et d'ajuster le pilotage. Et j'améliore dixième par dixième mais je ressens surtout aussi quand je pilote frais ou fatigué. Et c'est quelque chose que d'habitude, je ne ressentais pas. Maintenant, sur un week-end, je ressens que je pilote d'une manière différente d'un jour à l'autre et que la moto change mais c'est moi, en fait, avec mon style… Car je compense avec mon bras gauche ce dont j'ai besoin sur mon bras droit, ou que j'ai besoin de me réapproprier le feeling  et l'équilibre. Et ce sont beaucoup de choses à comprendre. Il faut aussi accepter que tous ces gars sont plus rapides que vous maintenant, mais c'est un processus par lequel passer si vous voulez atteindre le but ultime qui est de revenir là ou vous étiez avant…

Que change l'absence de Cal Crutchlow dans le développement de la moto ?

Il est certain que la Honda, ces dernières années, a été une moto difficile mais aussi une moto qui gagne et je pense qu'actuellement, elle est plus ou moins au même niveau : elle est difficile, elle a des points faibles, mais le potentiel est là, je pense. 

Donc je pense que le fait que l'année dernière, je n'aie pas pu être en piste et que Cal n'ait pas plus non plus l'être à un bon niveau fait que nous avons peut-être perdu une année de développement pour garder le même niveau que nos opposants, mais nous travaillons très dur pour essayer de progresser et essayer de donner à tous les pilotes Honda une bonne moto, meilleure et plus facile. Mais ce que j'ai réalisé et que si l'on souffre d'un de vue physique sur une moto, cela affecte beaucoup la performance et le temps au tour à la fin, alors je pense que si l'on est à 100% fit et 100% en confiance avec la moto, c'est toujours une moto avec laquelle on peut gagner des courses. 

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Avec tes limitations physiques et les mauvais résultats de Honda, est-ce l'opportunité de demander une moto plus docile à piloter ? 

Oui, bien sûr je demande, à Honda tout comme d'autres pilotes, une moto plus amicale avec notre style de pilotage. J'ai entendu des commentaires qui disent qu’ils ne suivent que mes commentaires, mais avec Nakagami ou moi, on pointe vers le même domaine et c'est vrai que l'on travaille très dur et qu'ils essaient. 

Comme je l'ai dit, c'est une moto extrême mais avec laquelle, si vous trouvez la manière de le faire, vous pouvez gagner. En 2018, par exemple j'ai chuté une vingtaine de fois en essais alors c'est vrai que l'on souffre mais on travaille ensemble en tant qu'équipe et nous sommes dans le même bateau. Parfois le pilote a besoin de la moto, et parfois la moto a besoin du pilote et actuellement nous avons besoin d'aide dans les deux sens et nous allons essayer de revenir au sommet ensemble ; pour le faire, il faut une moto que tout le monde peut piloter, mais à la fin si vous voulez faire la différence, il vous faut trouver le meilleur équilibre pour votre propre style de pilotage.

Avec Guillaume Navarro

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