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Petrucci : “Content que Dall'Igna m'ait viré en début de saison”

La boutade n'en est pas totalement une. Danilo Petrucci sait qu'il aurait pu se retrouver dans une situation comparable à celle d'Andrea Dovizioso s'il n'avait pas été mis sur le marché MotoGP à une époque où il lui a été possible de mettre la main sur un guidon qui, depuis, a pris beaucoup de valeur.

Danilo Petrucci, Ducati Team

Au printemps dernier, c'est un Danilo Petrucci particulièrement frustré qui commentait son départ prochain de Ducati. Lui qui ne ménageait pas son auto-flagellation au terme de sa première saison au sein de l'équipe officielle, il attendait depuis plusieurs mois de repartir au charbon, requinqué après la pause hivernale et bien décidé à gommer ses défauts pour livrer le niveau de performance attendu. Le coup d'arrêt porté aux compétitions par le coronavirus et la décision de Ducati de ne pas renouveler son contrat, prise avant même le début de ce championnat retardé, avaient à l'époque été rudes à encaisser pour le pilote italien, dépité de ne pouvoir faire ses preuves au guidon de la moto de 2020 avant qu'un verdict soit énoncé.

Fin novembre, à l'heure de boucler son dernier Grand Prix avec le constructeur italien, c'est pourtant avec un soulagement non masqué que Petrucci rangeait la Desmosedici au garage. Et son regard sur les événements du printemps était désormais bien différent.

"D'un certain point de vue, je dois remercier Ducati", déclarait-il, "car la décision de Gigi [Dall'Igna] a été prise avant le début du championnat mais justement pour que j'aie la possibilité de trouver une autre équipe. Alors, oui, j'ai pris un coup, mais en y repensant j'ai donné tout ce que je pouvais chez Ducati et c'est une histoire dans laquelle il y avait à mon avis besoin d'un changement, pour les deux parties, et je remercie Gigi d'y avoir pensé, d'avoir bougé à temps et de m'avoir permis de trouver une autre équipe."

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Sitôt sa sortie de Ducati actée, Petrucci avait su réagir en se saisissant d'une opportunité de rejoindre KTM, qui pour sa part perdait Pol Espargaró. Le jeu des chaises musicales dans le groupe a placé l'Italien chez Tech3 (Miguel Oliveira étant transféré vers l'équipe officielle), mais c'est sans la moindre once de regret à l'idée de quitter le statut de pilote factory que celui qui a remporté cette année le Grand Prix de France se tournait vers cette nouvelle aventure lors du tomber de rideau sur 2020.

"Ça a été une situation très, très étrange, mais globalement tout ce qu'il s'est passé dans le monde a été étrange cette année", concédait alors Petrucci, qui voyait dans le même temps son coéquipier Andrea Dovizioso quitter lui aussi Ducati, mais avec une différence notable : celle de s'y être pris trop tard pour chercher un autre guidon, et même d'avoir laissé filer l'opportunité KTM lorsque la porte de Mattighofen s'est entrouverte.

C'était très triste, parce que j'avais l'impression d'avoir échoué dans ma mission. Mais je dois lui dire merci, parce que sa décision m'a permis de rejoindre un autre constructeur, qui est très performant.

Danilo Petrucci

"C'est sûr que le jour où Gigi m'a appelé pour me dire que je ne serais plus dans l'équipe officielle, c'était très triste, parce que j'avais l'impression d'avoir échoué dans ma mission. Mais avec le recul, je dois lui dire merci, parce que sa décision m'a permis de rejoindre un autre constructeur, qui est très performant. Au début de la saison, personne ne pensait que KTM serait si rapide, mais maintenant, les résultats sont les meilleurs possibles, donc je suis content que Gigi m'ait viré en début de saison ! [rires]"

Quelques regrets, mais une belle histoire

Se disant d'ores et déjà "impatient de commencer l'année prochaine", le pilote au numéro 9 a quitté son poste serein, se retournant avec satisfaction et non regrets sur les six ans partagés avec le groupe italien. "Je tiens surtout à remercier Ducati pour tout ce qu'ils ont fait pour moi", déclarait-il. "Ce que je retiens surtout, ce sont les bons résultats. Ducati m'a permis de gagner en MotoGP. Il y a eu beaucoup de moments difficiles, beaucoup de déceptions, j'aurais peut-être pu accéder à la victoire un peu plus tôt, mais il est facile de dire où on aurait pu faire mieux."

"Ce que je retiens aussi, c'est de voir tous les ouvriers sur la chaîne de montage s'arrêter et me saluer quand j'ai pu aller à l'usine", soulignait Petrucci, lui qui est passé par les dérivées de la série et les machines CRT puis Open − celle qui, pour relancer le MotoGP jusqu'en 2016, répondaient à un règlement hybride − avant de courir durant quatre ans dans le team satellite de la marque, puis enfin d'accéder à l’équipe officielle et à la victoire. "[Les ouvriers] nous soutiennent en tant que pilotes de référence de celui qui est le plus beau constructeur en Italie. Et, surtout, en étant passé de testeur des motos de série à pilote officiel en MotoGP, je pense avoir fait un sacré chemin ! Je suis parti, même pas du caniveau, mais de derrière le hangar ! [rires] Alors je suis vraiment content, et je garde en moi cette affection. Ce qui est beau c'est que ces dernières années quand j'allais chez Ducati, on ne m'arrêtait plus au portail, désormais ils reconnaissaient ma voiture et me laissaient passer !"

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Reconnaissant de la chance qui lui a été donnée, Petrucci l'est aussi pour les deux succès obtenus, l'un au plus bel endroit possible à ses yeux, le Mugello, et le second dans la patrie de sa future équipe, au GP de France. "Je ne peux rien faire d'autre que remercier Ducati pour ces six ans, surtout les deux victoires. Gagner en MotoGP est un rêve après lequel j'ai couru depuis l'enfance", rappelait-il, sans peiner à citer d'autres grands moments partagés avec les Rouges. "Sûrement mon premier podium à Silverstone en 2015, avec le team Pramac", énumérait-il notamment. "2017 a aussi été une bonne année et je me suis battu pour la victoire contre Valentino [Rossi] à la dernière course qu'il a gagnée. J'ai beaucoup de bons souvenirs de cette année-là."

"Je suis satisfait de ce que j'ai fait chez Ducati. A posteriori, je me dis clairement qu'on aurait pu faire mieux, mais c'est quand même une moto qui m'a permis de monter plein de fois sur le podium et de gagner des courses", poursuivait-il, dix fois sur le podium et monté jusqu'à la sixième place du championnat en 2019. "Avec le recul, il y a clairement beaucoup de regrets. J'aurais voulu gagner ma première course beaucoup plus tôt. La première fois que je suis passé en tête en 2016 à Assen, la course avait été interrompue, et ensuite ma moto avait cassé. Et à la course suivante, au Sachsenring, je suis tombé en étant en tête, j'aurais donc pu gagner ma première course un peu plus tôt."

"Quoi qu'il en soit j'ai toujours fait le maximum. C'est facile de dire après-coup où on aurait pu mieux faire, mais j'ai toujours fait le maximum, souvent ça a été bien, d'autres fois non, mais je suis satisfait. Malgré tout, j'ai toujours donné le maximum et je pense que c'est très important."

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