Entre blessure et résilience, Puig connecté au problème de Márquez

Lui aussi lourdement blessé par le passé, Alberto Puig "comprend totalement" ce que vit Marc Márquez depuis 2020. La résilience dont a fait preuve le patron de l'équipe Repsol Honda est également un exemple pour le #93.

Alberto Puig, team principal Repsol Honda Team, Marc Marquez, Repsol Honda Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Avec sa voix grave et son regard souvent froid, Alberto Puig n'est pas connu dans le paddock pour mâcher ses mots. Responsable de l'équipe Repsol Honda, il s'apprête à célébrer ses 30 ans au sein de la marque japonaise, avec qui il a tenu différents rôles et tout vécu, le bon comme le mauvais. À la fois au premier plan des Grands Prix et homme de l'ombre de ses pilotes, qu'il conseille depuis deux décennies, il est aussi craint que respecté et son avis compte particulièrement au sein du box.

Un avis écouté avec attention par Marc Márquez qui, au-delà de l'amitié que les deux hommes ont nouée au fil des ans, se sent compris avec son compatriote, de 29 ans son aîné. C'est d’ailleurs l'année de la naissance du #93 que Puig a connu le tournant de sa carrière, l'opportunité qui lui a permis d'arriver en catégorie reine. Alors promis à un beau parcours, il n'allait finalement pas avoir le temps d'essayer d'entrer dans la légende, stoppé par un dramatique accident dont il n'allait jamais parvenir à pleinement se remettre physiquement.

C'était au Grand Prix de France 1995. Arrivé depuis seulement un an en 500cc, l'Espagnol vivait jusqu'alors un rêve éveillé. Parvenu à convaincre les dirigeants de Honda de rejoindre leurs rangs en catégorie reine grâce à des essais prometteurs au guidon de la moto d'Álex Crivillé, il avait rejoint l'équipe Pons en 1994 et réalisé une solide première saison en décrochant un podium et en terminant toutes ses courses dans le top 8, ce qui lui avait valu une cinquième place au championnat. La saison 1995 se révélait être encore meilleure avec une victoire historique à Jerez, où il devenait le premier Espagnol de la catégorie à s'imposer à domicile. Deux autres podiums au Mugello et à Assen le plaçaient parmi les favoris au titre, mais le destin en décidait autrement sur le circuit du Mans.

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Chutant à très haute vitesse au bout de la ligne droite des stands, il venait percuter de plein fouet les protections et se fracturait la jambe. "Pour être honnête, je ne sais vraiment pas comment j'ai chuté. Je sais que j'étais trop rapide dans le virage, et les souvenirs étaient terribles. Je souffrais, j'ai subi beaucoup d'opérations durant de nombreuses années. Au final ma jambe est là mais j'ai perdu les sensations, je n'ai pas de mouvements, j'ai une greffe osseuse dans la jambe. Ça ne m'a pas facilité la vie, même encore aujourd'hui. Mais je n'ai jamais eu le sentiment que je détestais ce monde. [À ce moment-là] mon rêve est brisé, je ne veux plus en entendre parler mais ça ne pouvait pas être la fin pour moi parce qu'au fond de moi, je n'étais pas fini au regard de la compétition", a expliqué Puig dans une vidéo partagée par le HRC.

Alberto Puig en 1995

Alberto Puig en 1995

Sa saison terminée, il revenait en 1996 mais, malgré un podium, rien n’était plus pareil, et c’est le cœur lourd qu'il mettait un terme à sa carrière à la fin de la saison 1997. "J'ai commencé le deuxième chapitre de mon histoire. [Je me suis dit] 'OK, tu ne peux pas rouler, essaye d'aider des jeunes à le faire'. Soudainement, c'est devenu mon objectif. D'un côté, j'avais des sentiments douloureux au fond de moi, par rapport à ce qu'il m'était arrivé, mais d'un autre côté je les ai camouflés avec ce nouvel objectif que j'avais, qui était de créer quelque chose, d'essayer de faire quelque chose", a décrit celui qui allait devenir découvreur de talents, avec notamment Casey Stoner et surtout Dani Pedrosa, dont il resterait longuement le manager.

À la douleur et aux périodes difficiles a ainsi succédé une résilience que Márquez prend particulièrement en exemple depuis qu'il s'est lui-même lourdement blessé au bras en 2020. Puig a été son principal interlocuteur au sein de l'équipe et l'a suivi de très près durant sa longue convalescence, et encore l'an dernier lorsqu'il a dû subir sa quatrième opération. "Je comprends totalement ce qu'il traverse et je suis pleinement connecté à son problème", a reconnu le team manager.

Un soutien particulièrement apprécié par le #93, et pas seulement durant cette période compliquée. Depuis son arrivée dans l'équipe Repsol Honda, Márquez reconnaît apprécier la franchise de son compatriote. "Les gens peuvent raconter des conneries au sujet d'Alberto mais pour moi il est crucial parce qu'il est honnête", a-t-il souligné. "Quand une personne est honnête et vous parle sans détour, normalement elle n'a pas beaucoup d'amis. Mais Alberto est honnête, et au sein d'une équipe, une personne comme ça, c'est le plus important. Il se fiche que vous soyez huit fois Champion du monde ou ingénieur à la NASA. Il s'en fiche. S'il croit que ce n'est pas la direction [à prendre], il vous le dira et c'est une personne qui aide beaucoup. J'ai entendu beaucoup de commentaires sur Alberto mais je suis très content avec lui."

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