Interview

Quartararo : "Ce titre permet d'oublier les moments difficiles de Yamaha"

De ses débuts inattendus en MotoGP à son premier titre de Champion du monde, trois ans plus tard, Fabio Quartararo a déjà connu un parcours intense dans la catégorie reine. Avec, au passage, une saison 2020 qui lui a rapporté ses premières victoires et une lourde déception, formatrice pour la suite.

Le Champion du monde Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing avec son casque de Champion du monde et le Champagne

Le Champion du monde Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing avec son casque de Champion du monde et le Champagne

Yamaha

À peine 24 heures après être devenu Champion du monde, Fabio Quartararo a livré sa réaction à Motorsport.com sur la route du retour vers la maison. La voix éraillée, héritage des célébrations à la hauteur de l'exploit du premier Français titré dans la catégorie reine, le Niçois a pris le temps de revenir sur la route qu'il a suivie vers les sommets des Grands Prix moto, lui qui a connu des succès précoces en Espagne avant de vivre des débuts mondiaux plus difficiles, puis de se révéler à son arrivée dans la catégorie reine en 2019.

Qui est la première personne à qui tu as pensé quand tu as franchi la ligne d'arrivée, dimanche ?

Mon père. Enfin, toute la famille, mais surtout mon père. Pour tous les kilomètres que l'on a parcourus ensemble pour que je puisse courir quand j'étais petit. Je ne veux pas dire de bêtises, mais je pense qu'on faisait cinquante ou soixante mille kilomètres par an pour que j'aille m'entraîner et courir, voire plus. C'est la première image qui m'est venue à l'esprit.

Il y a à peine plus de trois ans, tu étais un pilote Moto2 comme les autres, et dimanche tu as reçu les félicitations d'Emmanuel Macron. Est-ce que tu arrives à réaliser tout ce qui t'est arrivé ?

C'est complètement fou ! Surtout si l'on considère qu'en 2018, j'étais très bas. Ma progression a été brutale. Tout ça, ça va me donner une grande impulsion pour l'avenir. Je n'arrive toujours pas à croire ce qui s'est passé. Je n'aurais jamais pu imaginer que j'aurais pu atteindre cet objectif si vite, à seulement 22 ans. Et ce qui est bien, c'est que j'ai encore beaucoup d'années devant moi afin de continuer à me battre pour réaliser d'autres rêves.

 

Tu viens de parler de 2018. Malgré les moments difficiles que tu as traversés, as-tu toujours été un gamin heureux ?

J'ai toujours été comme ça : même dans les moments les plus compliqués, j'ai été heureux. C'est la chose la plus importante dans la vie. Dans ces moments-là, [je me disais que] même si je n'obtenais pas les résultats que je voulais, je faisais le travail dont j'avais toujours rêvé. Je pense souvent à ceux qui ont un travail vraiment dur, ou à ceux qui doivent faire chaque jour quelque chose qu'ils n'aiment pas. C'est incomparable avec ce que nous [vivons]. Alors, même lorsque les résultats n'étaient pas bons, j'étais heureux dans la vie.

Qu'as-tu ressenti en étant acclamé par les fans de Valentino Rossi et alors que tu venais de battre Pecco Bagnaia ?

Voir les fans de Valentino fêter le titre avec moi, même en m'étant battu contre Pecco et alors que c'était la dernière course de Vale [en Italie], ça a été très spécial. C'est quelque chose que je garderai en moi pour toujours.

Tu fais l'unanimité dans le paddock. De tes concurrents directs au reste des équipes, tout le monde était très heureux pour toi et t'a félicité. Comment fais-tu pour que tout le monde t'apprécie ?

Je suis vraiment heureux de voir des pilotes comme Marc [Márquez] qui se réjouissent pour moi. Ils savent combien il est difficile de courir à ce niveau. Dimanche, ça a été le plus beau jour de ma vie, et c'est aussi en partie pour cette raison.

L'année prochaine on recommencera. Je ne dirais pas que je vais repartir de zéro, mais presque. Mais c'est sûr que je serai beaucoup plus heureux.

Fabio Quartararo

Penses-tu que tu seras plus léger désormais, maintenant que tu es libéré de cette pression ?

La pression, je l'ai eue avant la course, mais quand je suis sur la moto, je n'en ai pas. Peut-être qu'à Misano, elle est un petit peu plus apparue, parce que je savais que je ne pouvais faire aucune erreur. Je pense que ça va m'enlever un poids à l'esprit pour les deux dernières courses, mais l'année prochaine on recommencera. Je ne dirais pas que je vais repartir de zéro, mais presque. Mais, oui, c'est sûr que je serai beaucoup plus heureux.

Quelles ont été les clés de ton changement par rapport à l'année dernière ? Tu étais parti tout aussi fort, mais tu t'étais effondré dans la seconde moitié de la saison…

La Yamaha de cette année n'est pas vraiment meilleure que celle de l'année dernière, mais j'ai trouvé avec elle des sensations qui me permettent d'être beaucoup plus rapide. Ce que nous avons le plus amélioré, c'est le train avant, mais au final, Yamaha a toujours eu le châssis le plus équilibré. Je dirais que plus qu'améliorer la moto de 2020, ce que l'on a fait c'est récupérer quelque chose que l'on avait perdu en cours de route. Personnellement, chaque fois que je prends la piste, je m'améliore, et les sensations que j'ai trouvées grâce au train avant m'ont permis de faire un grand pas en avant.

Penses-tu que le Fabio d'aujourd'hui aurait été champion l'année dernière ?

Le titre, je dirais que je ne l'aurais pas atteint, mais il est certain que je n'aurais pas terminé huitième au classement général. Je pense qu'en 2020, la position qui aurait été logique pour moi aurait été que je termine troisième, mais j'ai assez mal géré cela. Cela m'a permis d'apprendre beaucoup de choses pour pouvoir gagner cette année.

Penses-tu que tu as plus de mérite d'être titré cette année, si l'on considère que la saison n'a pas été facile pour Yamaha ? Je dis surtout cela à cause de ce qui s'est passé avec Viñales.

L'année n'a pas été facile pour Yamaha, mais c'est en traversant des moments difficiles que l'on savoure le plus le succès quand il arrive ensuite. Dimanche, quand tous les ingénieurs et le chef de projet fêtaient le titre à Misano, ça contrastait énormément avec la première course de l'année au Qatar, où tout était très froid. On voit bien que le stress et la pression se sont envolés. Ce titre permet d'oublier tous les moments difficiles que Yamaha a traversés.

Tu n'as jamais eu de mal à admettre que tu as parfois consulté un psychologue du sport. Penses-tu que ça te rend aussi plus fort aux yeux des autres ?

Je n'ai aucun problème à l'assumer. La dernière fois que je suis allé le voir, c'était en décembre 2020, et cette année je n'y suis pas allé. J'y étais resté une heure et demie, mais tout au long de l'année, quand il y a eu des moments où j'étais énervé et stressé, j'ai repensé à cette conversation. Ça m'aide vraiment, mais je n'y vais pas très souvent.

Quand tous les ingénieurs et le chef de projet fêtaient le titre à Misano, ça contrastait énormément avec la première course de l'année au Qatar, où tout était très froid. Le stress et la pression se sont envolés.

Fabio Quartararo

Que vas-tu t'offrir après avoir remporté ce titre ?

Je n'y ai pas encore pensé. Ce dont je suis sûr, c'est que la Yamaha de cette année va bientôt rejoindre ma maison. C'est un plaisir inégalable.

Quand on est à ce point en communion avec sa moto, n'a-t-on pas peur que le constructeur y touche et la modifie ?

La seule chose que je demande, c'est plus de puissance. On a pu tester le châssis 2022 à Misano et il est très bien, mais ce qui nous manque, c'est la puissance. Ce que je demande vraiment à Yamaha, c'est de gagner en vitesse de pointe, pour me faciliter un peu la vie dans les dépassements. Par exemple, à la première course à Misano, si j'avais eu juste un peu plus de vitesse de pointe, j'aurais pu gagner.

Aimerais-tu te battre avec Márquez quand il sera à 100% ?

Beaucoup ! Marc est en forme, il a gagné les deux dernières courses et je suis impatient de me battre avec lui. Marc est un exemple que je suis depuis de nombreuses années. Il me plaît beaucoup en tant que pilote et en tant que personne. Les bagarres qu'on a eues en 2019, même s'il les a presque toujours gagnées, je m'en souviens comme des moments où j'ai le plus appris et pris le plus de plaisir. Je pouvais me permettre de dire que je courais contre un octuple Champion du monde.

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