Réactions
MotoGP GP d'Aragón

Vibrations, calage et expérimentations pour des Honda d'usine déboussolées

Englués dans un manque de performance criant, les pilotes officiels Honda doivent aussi composer avec les effets collatéraux des expérimentations techniques et les soucis, parfois très gênants, qui leur compliquent la vie en permanence. Aragón n'y a pas fait exception.

Joan Mir, Repsol Honda Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Le GP d'Aragón a encore vu l'équipe officielle Honda réaliser la plus faible performance de la grille, une constante que peu de week-ends ont fait mentir à ce stade de la saison. Inlassablement, les pilotes mettent des mots sur ce qui ressemblent plus à de mauvais moments à passer qu'à de réelles courses dans lesquelles ils pourraient faire parler leur esprit de compétiteurs.

Il est acquis depuis bien longtemps désormais que cette saison ne servira qu'à poser les fondations de l'avenir, avec un travail devant servir essentiellement au développement sur le long terme plutôt qu'à l'amélioration du package existant. Pourtant, il faut bien, chaque week-end, tenter de se qualifier le plus haut possible puis prendre deux départs dans l'espoir d'une opportunité à saisir dans les courses, censées représenter le point culminant des Grands Prix.

Comme si le manque de performance de leur machine par rapport à la concurrence ne suffisait pas, Joan Mir et Luca Marini doivent aussi composer avec des soucis venant parfois pimenter le tout. Ce fut le cas de l'Italien dimanche, lorsque sa moto a décidé de se couper sur la grille. "Malheureusement, ça fait quelques courses qu'on rencontre quelques problèmes au départ. En Autriche aussi, elle avait failli se couper et j'avais d'ailleurs perdu beaucoup de positions. On n'a pas encore bien compris la raison", a-t-il expliqué.

Parti de la pitlane, où sa moto récalcitrante a été relancée, Marini avait déjà une minute de retard en bouclant le premier tour, destiné à une course solitaire. "C'est très dur", a-t-il admis au sujet de cet exercice très singulier, "surtout que les conditions de piste étaient impardonnables. Si on sortait de la bonne trajectoire, c'était un désastre, donc on pouvait très facilement perdre beaucoup de temps et se déconcentrer. Mais j'ai essayé de regarder les écrans, de suivre le premier et de pousser pour qu'il ne me rattrape pas. C'est comme ça que j'ai trouvé la motivation, je me suis dit que j'étais premier en course et que Márquez attaquait pour me rattraper… Et j'ai gagné !"

Je me suis dit que j'étais premier en course et que Márquez attaquait pour me rattraper… Et j'ai gagné !

Il faut bien cette autodérision pour continuer à analyser des week-ends aussi avares en satisfactions. Dix-septième et dernier sous le drapeau à damier, dimanche, Luca Marini avait réussi la veille à devancer Álex Rins, Maverick Viñales mais aussi son coéquipier Joan Mir. Pour l'Espagnol, les trois jours passés sur le MotorLand auront ressemblé à un interminable tunnel, les soucis habituels de sa RC213V se mêlant à des conditions de piste ayant fait bien des dégâts dans le peloton, jusqu'aux meilleures machines.

Mir expliquait samedi : "Il faut qu'on comprenne ce qui se passe avec notre moto parce que je ne suis pas en mesure de faire fonctionner le pneu. Je fais deux tours, le pneu est détruit. Tour après tour, on dirait que je nettoie le graining que j'ai, et alors j'arrive plus ou moins à piloter. Mais je ne peux pas attaquer, pas du tout. J'arrive plus ou moins à avoir du rythme pendant les séances mais je ne peux pas attaquer."

"Je suis à la limite à chaque virage. Je freine et j'ai toujours une sensation de flottement", poursuivait-il. "Quand j'essaye de tourner, l'avant bouge tout le temps. La moto n'est pas précise, elle n'est pas stable, elle secoue tout le temps. Ça se produit parce que pour une raison ou une autre, on ne fait pas fonctionner le pneu correctement. Quand j'ai fait les qualifications, le pneu était complètement poli, il ne fonctionnait pas. C'est très bizarre."

Joan Mir, Repsol Honda Team

Joan Mir se bat contre des vibrations, sans trouver de solution pour le moment.

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Dimanche, Joan Mir a marqué deux points, dont un à la faveur du déclassement de Jack Miller, les premiers points de son équipe depuis le retour de la pause estivale il y a un mois. Pas de quoi exulter, tant l'Espagnol a souffert pendant ces 23 tours de course conclus à près de 50 secondes du vainqueur et à huit secondes de la première Honda, pilotée par Takaaki Nakagami.

"En course, on a essayé un gros, gros changement sur la moto", expliquait-il, précisant être parti avec des modifications si radicales qu'on "ne se les autorise même pas en championnat d'Espagne !". Ce qui ressemblait à un pari technique n'a toutefois pas révolutionné les choses. "On a un peu déplacé le poids de la moto vers une partie différente pour essayer de corriger un gros souci que l'on a en ce moment, surtout moi, à savoir les vibrations. Pour une raison ou une autre, j'en ai beaucoup plus que les autres."

"Je ne peux pas attaquer. Si je freine fort et que j'incline la moto avec agressivité et avec engagement, j'ai des vibrations et je sors de la piste. Je dois donc être très, très doux pour entrer et je ne peux avoir aucune vitesse en courbe. Ce que je pouvais faire de bien au début, c'est-à-dire freiner et entrer en courbe comme les autres, en ne perdant du temps qu'à l'accélération, je ne le peux plus."

Mir a précisé que ces vibrations étaient apparues dans le courant de la saison, au gré des expérimentations techniques de Honda. "Parfois, dans un processus, on crée plus de difficultés que nécessaire dans certains domaines", a-t-il poursuivi. "On a changé beaucoup de choses. On a changé les roues, la configuration du moteur, l'aérodynamique, le châssis... Beaucoup de choses, mais le fait est que les gars de LCR utilisent des choses différentes et ils ont compris des choses parce qu'ils font mieux que nous en ce moment."

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Ces vibrations, Luca Marini aussi en pâtit régulièrement, et ce fut le cas notamment dans la course sprint d'Aragón, qu'il a qualifiée de "cauchemar". "À partir du quatrième tour, je ne pouvais plus m'incliner. C'est quelque chose de très étrange, lié aux pneus de cette année, et je ne sais pas pourquoi on a autant de mal. Je ne pense pas que ce soit un problème de Michelin, mais plutôt de Honda. On a tellement amélioré le pneu arrière que ça a peut-être causé des différences par rapport à l'année dernière, et dans ces conditions, sans adhérence sur la piste, c'est très difficile de s'incliner et d'être réguliers dans les chronos. On peut très facilement commencer à avoir des vibrations, puis élargir les trajectoires."

"Pour moi, le problème c'est que j'ai des vibrations quand il n'y a pas d'adhérence. S'il y en a beaucoup, je n'ai pas de vibrations", a précisé Marini. "On n'a pas de grip [mécanique], donc quand la piste en offre un bon, ça va, mais quand le pneu s'use, je commence à entrer dans tous les virages avec un peu de glissades à l'arrière et, à ce moment-là, il y a quelque chose par rapport au pneu qui ne se passe pas bien et ça cause ces vibrations."

Dans l'attente que les ingénieurs apportent un remède durable, Marini a une solution... "La seule façon de faire stopper les vibrations, c'est de redresser la moto. Si on redresse la moto et qu'on sort de la fenêtre de 35° ou 40°, c'est parfait. Sauf que la moto tourne avec 60° !" L'autodérision, toujours.

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

Les plus belles photos du GP d'Aragón MotoGP

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Pedro Acosta, Red Bull GASGAS Tech3
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