Interview Hubert Auriol - "Je vis de projets et là j’en ai un beau"

Hubert Auriol

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Frank Manders, la Maire de Paris Anne Hidalgo et Hubert Auriol
Frank Manders et Hubert Auriol
Hubert Auriol

L.B., Paris - On avait connu Hubert Auriol précurseur du Paris-Dakar, qu'il a remporté trois fois sur deux et quatre roues avant d'en devenir l'organisateur durant neuf ans. Toujours désireux de se renouveler, sa passion du rallye-raid l'a porté à mener à bien d'autres projets titanesques, de la Légende des Héros au China Grand Rally en passant par l'Africa Race.

Et le voici aujourd'hui aux manettes d'un projet ambitieux et innovant, un Tour du Monde éco-responsable en 80 jours. Son règlement fera de la 80 Day Race une course, ouverte aux autos comme aux motos, mais il s'agit bien d'une véritable aventure et c'est cette dimension, couplée à la démarche écologique du projet, qui semble avoir séduit Auriol.

En video : 80 Day Race - un grand départ pour une nouvelle aventure

Pour en savoir plus sur son implication et sur les prochaines échéances de la 80DR, Motorsport.com a rencontré Hubert Auriol en marge de la récente présentation de la course à Paris.

C'est donc l'aventure qui vous motive depuis toujours?

L’aventure c’est mon moteur! Mais, en réalité, ce qui m’intéresse ce n'est pas tant l'aventure que ce qui va se passer demain. J’ai la chance d’avoir eu une carrière, obtenu des résultats. On me demande toujours si j’ai gardé des voitures ou des motos, mais non. J’ai eu la chance de piloter et de gagner avec, c’est formidable, mais ce qui m’intéresse c’est ce qui va se passer demain, la prochaine course. Cela a toujours été comme ça. Après la course, la première chose à laquelle on pense, c’est la suivante. Je ne vis pas de regrets, je vis de projets, et là j’en ai un beau.

Comment passe-t-on d'une carrière en sports mécaniques à une aventure écologique comme celle-ci?

Le fait d’avoir eu les mains dans le cambouis me donne une vision plus large du futur. Quelque part, cela m’enlève un poids car je me dis que je peux continuer à faire ce que je sais faire, organiser des courses, mais sans le poids que je pouvais ressentir avant. Je me disais : "La compétition c’est bien, mais on brûle de l’essence et ça amène quoi?"

Ici, nous sommes dans une réflexion : nous nous demandons comment résoudre la mobilité de demain tout en étant propres avec l'environnement et en ne laissant pas de traces sur la planète. La course est un prétexte, car il faut un événement fort pour susciter la prise de conscience. Nous souhaitons réunir les générations nouvelles, que les gens aient envie et en rêvent en se disant : "C’est génial, ma prochaine voiture il faut qu’elle soit électrique!"

Cette course peut-elle avoir une démarche humanitaire?

Ce n’est pas une démarche humanitaire, mais plutôt de développement. Si l'on attend l’action des états, il ne se passe pas grand-chose, alors que les initiatives personnelles sont beaucoup plus performantes. Et il est beaucoup plus facile de faire bouger une région. Dès que nous aurons le parcours, l'idée sera de lier autour de ce projet les régions qui se trouveront sur la route. C’est tout à fait dans l’esprit du développement durable : essayer de voir quelles sont les solutions économiques par rapport à leurs spécificités, pour les régions qui se trouveront sur le parcours et qui n'ont pas d’hydrogène ou d’électricité.

Le parcours, tel qu'il est annoncé aujourd'hui, doit partir d'Europe et y revenir en passant par l'Asie puis l'Amérique. Pas d'étape en Afrique?

Si, en tout cas c'est mon souhait. A la fin du parcours, après l’Amérique du Sud, l’idée serait de prendre le bateau et d’arriver dans le sud ou le milieu de l’Afrique et de remonter vers l’Europe, pour finir à Paris.

La course est un prétexte, car il faut un événement fort pour susciter la prise de conscience. Nous souhaitons réunir les générations nouvelles, que les gens aient envie et en rêvent.

Hubert Auriol

Quelles seront les limites de la responsabilité de l'organisateur?

Nous serons responsables de nos concurrents, mais en même temps le concurrent sera responsable de son équipe. Nous sommes dans une notion d’aventure. Nous sommes là pour faire respecter un cadre sportif, pas pour tenir les concurrents en laisse. Il faut que chacun prenne des initiatives. On revient à l’esprit du Dakar à ses débuts quand Thierry [Sabine] nous disait "C’est par là" et qu'on lui répondait "On te suit", sans se poser de questions. Quand il y avait des problèmes, on ne venait pas pleurer, on se débrouillait. C’est la démerde et, dans ce genre d’événement, c’est très important.

Etes-vous personnellement en contact avec des pilotes, en activité ou en retraite, qui pourraient faire profiter la course de leur notoriété en y participant?

Aujourd’hui, c’est le départ. Nous sommes modestes, nous avons une idée, nous savons qu’elle est bonne et nous voulons faire en sorte qu’elle existe. Nous sommes ouverts à tout. Si demain un ex-pilote de Formule 1 se dit "Je veux le faire", ou bien si on a un amateur se dit "Je veux participer, avec ma voiture que j’ai achetée chez Renault", c’est très bien.

Le règlement va spécifier un certain nombre de points. A chaque équipe de rentrer dans les clous par rapport à ce que nous leur demandons, il ne s’agit pas de les envoyer au casse-pipe. Il faut leur donner un cadre et c’est là que notre expérience de la course est utile pour les guider. Nous voulons des amateurs qui ne soient pas des pilotes d’usine, des gens qui se disent "Ca c’est pour moi, je veux le faire". Des gens pour qui c’est un rêve et qui veulent vivre leur rêve.

 

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