La fuite des cerveaux chez Ducati : le prix à payer accepté par Dall'Igna

KTM poursuit minutieusement sa réorganisation interne afin de compléter le "puzzle" de son programme et se rapprocher du sommet du MotoGP. Si cela passe par le recrutement d'hommes clés chez Ducati, le patron du constructeur italien assure ne pas être préoccupé.

Jack Miller, Red Bull KTM Factory Racing, et son ingénieur Cristhian Pupulin

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

La forte progression de Ducati et sa domination cette saison ont fait du constructeur italien à la fois un exemple et une cible pour la concurrence. Parmi les quatre autres marques engagées en MotoGP, KTM se montre particulièrement attentive aux possibles axes d'amélioration, au point d'avoir donné l'impression de placer minutieusement ses pions ces derniers mois afin de redonner à ses performances l'impulsion dont elles ont besoin après deux saisons plus mitigées qu'espéré.

Fabiano Sterlacchini, ancien bras droit de Gigi Dall'Igna à la tête de Ducati Corse, a été le premier à migrer l'an dernier. Devenu directeur du développement chez KTM, il coordonne les départements techniques de Munderfing et Mattighofen et a depuis un an et demi posé les jalons devant servir à constituer les nouvelles fondations du groupe autrichien. Afin de compléter la réorganisation initiée avec son arrivée, Mike Leitner a par ailleurs été remplacé par Francesco Guidotti pour gérer l'équipe officielle KTM, et c'est un autre de ses piliers qui a été arraché au clan italien puisque ce dernier a officié pendant dix ans dans le team satellite emblématique de Ducati, Pramac Racing.

Les transferts de pilotes actés ces derniers mois ont ensuite permis le recrutement de deux ingénieurs de renom, Cristhian Pupulin qui suivra Jack Miller dans l'équipe officielle KTM après avoir officié pendant vingt ans à Borgo Panigale, et Alberto Giribuola qui a longtemps épaulé Andrea Dovizioso puis ces deux dernières saisons Enea Bastianini.

Outre des techniciens, KTM peut aussi compter grâce à Miller sur l'un des pilotes connaissant le mieux la Ducati, qui arrive avec un bagage précieux. "Il vient surtout de la marque qui est la référence en ce moment, alors il va beaucoup nous apporter", fait remarquer Dani Pedrosa à DAZN. "Le plus important, ce n'est pas seulement la différence entre les motos, mais aussi, je crois, la stratégie. Comment cette équipe aborde les qualifications, qui est notre point faible, et comment ils abordent les courses, sachant que l'année prochaine on aura les courses sprint. Là aussi, cela va beaucoup nous aider."

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Ce qui commence à ressembler à une fuite des cerveaux chez Ducati est néanmoins tempérée par le patron du programme italien, qui affiche sa confiance malgré ces départs. "Nous acceptons ce prix", assure Gigi Dall'Igna auprès de Speedweek. "Depuis mon arrivée, j'ai suivi une ligne claire : partager les informations avec tout le monde au sein du département course. Nos ingénieurs les plus talentueux nous quittent ? Eh bien, nous en formons d'autres. C'est la philosophie de notre projet : s'appuyer sur de jeunes talents et en faire des champions du monde, qu'ils soient pilotes ou ingénieurs."

Le besoin d'une moto plus facile

Le directeur général de Ducati Corse a beau avoir été l'instigateur du perfectionnement progressif d'une Desmosedici de plus en plus équilibrée, permettant d'en faire la machine de référence du plateau jusqu'à la mener au titre cette année, il considère que ce sont en réalité les pilotes qui constituent la dernière étape essentielle à tout succès.

"Le pilote est le facteur le plus important. Cette saison, Bagnaia a bouclé 189 tours en tête, Quartararo 76 et les autres pilotes Ducati encore moins. Cela montre la qualité de Bagnaia", souligne le responsable italien, qui cherche néanmoins à ne pas tomber dans l'impasse dans laquelle se trouvent Honda et Yamaha, dont la machine n'a récemment convenu qu'à un seul pilote. "Il n'y a pas de pilote idéal pour Ducati. Mon objectif a toujours été de développer une moto complète qui permette différents styles de pilotage. Cela a été le cas cette année."

Chez KTM, on l'a bien compris et alors que l'un des premiers objectifs de la RC16 désormais est de progresser sur le tour lancé afin de mieux se positionner sur les grilles de départ, c'est précisément en la rendant plus facile que Pit Beirer veut arriver à ses fins. "Je regarde vers Ducati, où différents pilotes avec différents styles de pilotage peuvent être rapides", explique celui-ci, à Speeweek également. "Cela nous pousse à concevoir une moto qui puisse être pilotée par n'importe quel pilote. Plus elle est facile à piloter, plus il y aura de marge pour le tour de qualifications ; si vous pilotez une moto en étant à la limite sur les freins, vous n'avez pas beaucoup de marge en qualifications pour pouvoir être encore plus rapide."

Avec cet objectif en tête, le directeur de KTM Motorsport sent son groupe de mieux en mieux armé pour gravir les échelons. S'il cherche à s'inspirer d'une Desmosedici devenue de plus en plus complète, il sait aussi qu'il va pouvoir profiter de l'expertise d'Alberto Giribuola en termes d'usure pneumatique, un autre domaine de progression essentiel pour les courses. Et KTM n'en oublie pas l'aéro, en cherchant bien entendu à profiter de la richesse de Ducati dans ce domaine, mais aussi en lorgnant vers le modèle Aprilia avec l'arrivée d'ingénieurs spécialisés venus de la Formule 1.

"Nous voulons et nous pouvons faire plus. J'ai l'impression qu'avec les changements réalisés l'hiver dernier nous avons placé quelques pièces dans le puzzle du projet", observe Pit Beirer. "Nous sommes maintenant mieux préparés que jamais pour aborder la nouvelle saison. Nous avons une base solide ; le meilleur exemple en est Valence, où nous savions exactement pourquoi nous apportions le nouveau châssis à Brad [Binder]. Notre responsable technique, Fabio Sterlacchini, a constitué une base de données dont nous profiterons dans le futur."

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