Pourquoi Haas peut rêver d'un premier podium

Après la performance incroyable de Kevin Magnussen à Bahreïn (cinquième du Grand Prix inaugural), Haas peut-il se permettre de rêver pour la deuxième manche de la saison ?

Guenther Steiner, team principal, Haas F1, Kevin Magnussen, Haas F1 Team, Mick Schumacher, Haas F1 Team, et le reste de l'équipe Haas fêtent après la course

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

"Désolé les gars, on devait faire une photo !" s'exclamait Günther Steiner, le patron de Haas, en retard lors de la conférence de presse après le Grand Prix de Bahreïn. C'est en face de ces journalistes que l'Italien revenait sur la belle surprise de cette manche d'ouverture de la saison 2022 de Formule 1 : la cinquième place inattendue de Kevin Magnussen. Un résultat qui permettait à l'écurie de figurer dans le top dix pour la première fois depuis le Grand Prix de l'Eifel 2020, et de marquer plus de points en deux heures que lors des deux dernières années.

Personne n'en voulait à Steiner de s'être présenté en retard. Un tel résultat marquait la fin de deux saisons de galères, ainsi que d'un hiver rude où l'écurie était directement affectée par le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Le départ précipité de Nikita Mazepin et des millions de dollars du sponsor titre Uralkali ne présageait rien de bon, du moins, sur le papier. Car lors des essais hivernaux tenus à Bahreïn, la Haas VF-22 empochait le meilleur tour de la journée du vendredi. Et une semaine plus tard, le Danois se qualifiait septième pour son retour à la compétition. La cinquième place acquise en course le lendemain (le meilleur résultat de Haas depuis le Grand Prix d'Autriche 2018) prouve une chose : l'équipe n'est plus celle du fond de plateau que nous connaissions encore il y a quelques mois.

Surprenant troisième du classement des constructeurs (derrière Ferrari et Mercedes), Haas arrive à Djeddah avec le sourire. Bien que Steiner ne s'attendait pas à cela, le patron souhaite "profiter du rêve" et faire durer le plaisir d'un résultat qui a mis tant de temps à arriver. Mais le championnat n'attend pas pour se poursuivre, et Haas doit se replonger dans la compétition. Le président de l'écurie, Gene Haas, s'est d'ailleurs immédiatement posé la question du niveau de performance de la voiture. Le résultat de Bahreïn était-il un coup de chance ou l'écurie peut-elle maintenir ce niveau de performance à la régulière ?

Il est dans la nature des pilotes et des équipes de regarder sur le long terme et de rêver en grand. Pour Haas, la prochaine étape est le podium, puisque ses voitures ne sont jamais montées sur la boite depuis leur arrivée en F1, en 2016. Pour une structure qui n'a pas marqué le moindre point l'an passé, le simple fait de se poser cette question dépasse les attentes de l'écurie elle-même.

"Toutes les équipes voulaient être au top mais personne n'avait anticipé les problèmes que nous pouvions rencontrer, sinon nous ne les aurions pas eus", expliquait Mick Schumacher, déçu, après sa onzième place à Bahreïn. "C'est sûr, nous ne pensions pas être si haut au classement. Nous pensions être dans le peloton mais être à l'avant est quelque chose d'assez impressionnant."

Encore plus impressionnant compte tenu des faibles écarts dans ce peloton. Ces dernières années, des courses rocambolesques ont permis à des écuries de décrocher des victoires, alors qu'elles luttent habituellement pour des points. Les succès des Français Pierre Gasly (Italie 2020) et Esteban Ocon (Hongrie 2021) sont la preuve que tout est possible si le scénario s'y prête.

La saison dernière, seules deux écuries ne sont pas montées sur le moindre podium (Haas et Alfa Romeo), alors que les autres ont bien été aidées par les courses imprévisibles à Bakou, Budapest et Spa (si l'on peut réellement parler de course dans ce dernier cas). À une époque où les équipes ne maîtrisent pas encore complètement leurs nouvelles voitures et que la fiabilité reste un problème de taille, un podium surprise semble presque être à la portée de Haas. Du moins, si l'écurie parvient à maintenir l'état de forme aperçu à Bahreïn, en tête du midfield.

"Si vous êtes toujours derrière les équipes de pointe, ce qui est selon moi le mieux que vous pouvez espérer si vous n'êtes pas dans une Mercedes, une Ferrari ou une Red Bull, alors vous êtes le premier à atteindre le podium si des choses se passent", analyse Kevin Magnussen. "Je ne nous vois pas avoir le rythme pour jouer le podium à court terme. Mais je m'attends à ce que nous soyons dans le rythme de Bahreïn, en menant ce peloton. Nous espérons pouvoir être dans ce rythme plus souvent et maintenir ce niveau, ça doit être notre objectif. Puis si nous y sommes, nous serons les premiers à monter sur le podium, si c'est notre jour de chance et que beaucoup de concurrents ont des problèmes. Cela est déjà arrivé par le passé."

Cependant, le Danois reste réaliste et ne s'attend pas à un tel résultat. Le pilote est conscient que le rythme des équipes de pointe est bien meilleur et se rapprocher d'elles est un défi de taille. Mais l'idée folle de retrouver le podium lui a traversé l'esprit. "Je ne pense pas que nous ayons le rythme pour jouer le podium mais j'en rêve...". Le dernier top 3 du pilote remonte à son tout premier Grand Prix de Formule 1, en Australie, en 2014.

Schumacher a soutenu les propos de son coéquipier, en affirmant que le but de Haas était d'être au bon endroit au bon moment pour profiter des erreurs de leurs concurrents. "Nous voulons être proche pour saisir les opportunités quand elles se présenteront", explique l'Allemand. "Je ne dirais pas que nous n'avons aucune chance d'atteindre le podium à un moment donné cette saison. Il reste 22 Grands Prix donc il y a beaucoup de chances d'avoir devant nous un week-end fou."

Et pourquoi pas en Arabie saoudite ? Le podium de 2021 n'était autre que le classique Hamilton - Verstappen - Bottas mais la course fut pleine de rebondissements, avec notamment deux drapeaux rouges. Bien que le circuit ait subi quelques modifications pour améliorer les conditions de course, le tracé urbain le plus rapide du calendrier pourrait tout de même réserver une ou deux surprises.

Haas est bien conscient que la bataille dans le peloton sera de plus en plus dure à mesure que la saison avance et que les rivaux développent leurs voitures. Mais le simple fait de rêver d'un podium surprise montre à quel point l'écurie a bien travaillé sur cette nouvelle réglementation. À Sakhir, Steiner qualifiait les deux saisons passées "d'années de merde [sic]", faisant de cette fameuse photo un moment privilégié. Si Haas grimpe sur le podium, il y aura une bonne raison d'en faire une deuxième.

"J'espère que nous serons au bon endroit au bon moment", déclarait Steiner ce jeudi. "Je ne sais pas si nous serons chanceux. Mais si cela arrive, j'espère que nous serons présents. Il y a eu quelques équipes plus petites qui ont obtenu des podiums ces deux dernières années et elles n'étaient pas attendues. S'il y a une opportunité, peut-être que nous pourrons la saisir. Ce serait très bien pour nous."

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