Comment le retrait de Honda a favorisé ses succès en F1

Alors que Max Verstappen s'apprête à décrocher cette année sa troisième couronne mondiale consécutive chez les pilotes en F1, et que Red Bull va enregistrer un second titre de rang chez les constructeurs, le partenariat avec Honda ne semble pas près de s'essouffler.

Mais il y a une certaine ironie dans le fait que le nouvel âge d'or de la marque nippone en F1 n'est intervenu qu'après l'annonce initiale, en 2020, de son retrait de la discipline à la fin de la saison suivante.

Cette décision choc aurait en effet pu sonner le glas des ambitions de Red Bull à l'époque, alors que le projet Honda semblait trouver un nouvel élan après les années désastreuses du début de l'ère hybride avec McLaren.

Mais dans un aveu fascinant avant le GP du Japon 2023, il est apparu qu'au lieu de constituer un élément négatif pour le partenariat, la décision de Honda a en fait été l'un des facteurs qui ont fait le succès de cette alliance depuis lors. Elle a en effet déclenché une accélération du développement qui a permis de produire de meilleures unités de puissance pour Red Bull.

Revenant sur la base des produits qui ont contribué aux succès de l'écurie autrichienne ces dernières années, Tetsushi Kakuda, chef de projet F1 chez Honda, a expliqué comment l'annonce du retrait avait entraîné un changement d'approche vis-à-vis de l'intention initiale de n'introduire une nouvelle unité de puissance et une nouvelle configuration de batterie qu'en 2022. "En réponse à la décision de l'entreprise de se retirer à partir de 2022, nous avons décidé de lancer la nouvelle unité de puissance plus tôt que prévu, en 2021", a-t-il déclaré.

Avant même que l'annonce de Honda ne soit rendue publique en octobre 2020, l'équipe de Kakuda avait déjà consulté Red Bull et AlphaTauri au sujet d'un éventuel changement de plan pour 2021. "Ils ont eu une attitude positive et ont décidé de l'introduire. Même si les deux équipes ne connaissaient pas le dessin [du moteur] à ce moment-là, elles ont accepté notre proposition. Nous avons donc été très reconnaissants de leur flexibilité."

Tetsushi Kakuda à côté du moteur Honda.

"Nous voulions le faire quoi qu'il arrive, et je crois que nous avons pu contribuer à remporter le championnat", a ajouté Kakuda. "Nous avons ensuite utilisé cette spécification 2021 comme base pour la spécification 2022, mais nous avons dû relever de nombreux défis."

Kakuda a expliqué que la motivation derrière cet effort était basée sur l'orgueil des ingénieurs ; le personnel de Honda ne voulait pas que Red Bull exploite un moteur non compétitif jusqu'à la fin de la période réglementaire en cours. "En premier lieu, nous devions nous en aller à partir de 2022 et Red Bull devait utiliser [les moteurs] par la suite."

"Au départ, la condition requise était seulement de nous conformer aux nouvelles règles, mais notre esprit d'ingénierie a été ravivé. Nous ne voulions pas créer une situation où ce qu'il resterait de Honda ne serait pas compétitif pendant de nombreuses années, à l'ère du gel des moteurs. Nous avons donc décidé de faire tout ce qui était en notre pouvoir pour gagner en compétitivité."

En plus de s'engager à avancer à 2021 les développements prévus, Honda a également entièrement revu les composants de son moteur à combustion interne pour 2022, offrant encore plus de performances à Red Bull, qui entamait alors sa domination de l'ère actuelle de l'effet de sol.

Kakuda n'a aucun doute sur le fait que les efforts supplémentaires déployés par les ingénieurs de Honda, qui ont dû être réalisés sans ressources supplémentaires, en valaient la peine – même si certaines entités au sein du constructeur japonais étaient sceptiques. "Au début, quelqu'un a dit : 'Pourquoi faire autant d'efforts pour quelque chose que Honda n'utilisera pas ?' Mais en fin de compte, nous avons tous pu accomplir notre mission."