La FIA exige moins de grossièretés lors des retransmissions TV

Selon les informations de Motorsport.com, la FIA aurait demandé à la FOM de mettre le holà sur le langage grossier lors des retransmissions TV des séances et courses de Formule 1.

Pierre Gasly, Alpine A524, Carlos Sainz, Ferrari SF-24, Nico Hulkenberg, Haas VF-24, Yuki Tsunoda, RB F1 Team VCARB 01, Daniel Ricciardo, RB F1 Team VCARB 01

Photo de: Andy Hone / Motorsport Images

Bien que Günther Steiner ne soit plus en poste en Formule 1, ses mémorables grossièretés qui l'ont rendues célèbre, notamment via la série Netflix Drive to survive, ont marqué les esprits. La vulgarité de certains pilotes pendant les épreuves fait parfois sourire les fans et les téléspectateurs. Toutefois, la FIA de son côté, rit plutôt jaune et ne voit pas ce phénomène, qui prend de l'ampleur, d'un très bon œil.

Lors d'une interview exclusive avec Motorsport.com, le président de l'instance dirigeante, Mohammed Ben Sulayem a évoqué le sujet des grossièretés retransmises à la télévision, expliquant que la discipline se devait de tenir un certain standard face à des millions de téléspectateurs.

"Nous devons faire la différence entre notre sport, le sport automobile, et le rap", a déclaré Ben Sulayem. "Nous ne sommes pas des rappeurs. Ils disent le mot qui commence par F [fuck] combien de fois par minute ? Nous ne faisons pas cela. Ils sont qui ils sont et nous sommes [qui nous sommes]."

Ben Sulayem, 14 fois champion du Moyen-Orient des Rallyes, dit comprendre les frustrations des concurrents, mais estime tout de même que des normes doivent être respectées. "Je le comprends, j'ai été pilote", a-t-il déclaré. "Dans le feu de l'action, quand vous êtes contrarié parce qu'un autre pilote vous a poussé... Quand je conduisais dans la poussière [et que quelque chose de ce genre se produisait], je m'énervais. Mais nous devons aussi faire attention à notre conduite. Nous devons être des personnes responsables."

"Aujourd'hui, avec la technologie, tout se passe en direct et tout est enregistré. Au final, minimisons-nous ce qui est dit publiquement ? Imaginez que vous soyez assis avec vos enfants, que vous regardiez la course et que quelqu'un dise toutes sortes de grossièretés. Que diraient vos enfants ou vos petits-enfants ? Que leur apprendriez-vous si c'était votre sport ?"

Les injures exprimées en course, la plupart du temps venant des pilotes, passent logiquement par la radio. La FIA explique déjà censurer la plupart des messages grossiers diffusés à la télévision.

"Nous pouvons [censurer] et nous le faisons", a ajouté Ben Sulayem. "Nous sommes ceux qui ont en fait approuvé [la diffusion] de plus de discussions [radio lors des retransmissions télévisées]. Mais cela peut être une distraction. Nous avons des règles, et les règles sont là pour le bien de la discipline, elles sont là pour être contrôlées et respectées."

Max Verstappen, Red Bull Racing RB20

Max Verstappen, Red Bull Racing RB20

Photo de: Zak Mauger / Motorsport Images

Certaines de ces règles ont d'ailleurs été modifiées ces dernières années, et d'autres ont été ajoutées au Code Sportif International. En 2022 par exemple, un article avait été ajouté interdisant "la réalisation et l'affichage général de déclarations ou commentaires politiques, religieux et personnels notamment en violation du principe général de neutralité promu par la FIA en vertu de ses statuts, à moins d'avoir été préalablement approuvés par écrit par la FIA pour les compétitions internationales, ou par l'ASN concernée pour les compétitions nationales relevant de leur juridiction".

Après que de nombreux pilotes ont exprimé leur inquiétude quant à l'impact de cet ajout sur leur liberté d'expression, une clarification a été publiée au début de l'année 2023.

J'apporte l'esprit du sport. J'essaie, avec mes 40 ans d'expérience, d'y apporter aussi de l'éthique, de l'équilibre, de l'équité et de la clarté. 

Le commentaire de Mohammed Ben Sulayem sur la différence entre les pilotes et les rappeurs a été fait après que le président ait été interrogé sur une déclaration postée sur son compte Instagram, pendant les vacances d'été.

Ce post condamnait les critiques à l'encontre des commissaires et officiels de la FIA faites par certains pilotes et personnels des équipes qui, selon une étude, favoriseraient le harcèlement en ligne. Ben Sulayem avait également indiqué que le Code Sportif International avait été modifié en conséquence pour limiter ces comportements.

"Les règles ne sont pas là pour rester inchangées pendant 30 ans. Il faut les améliorer, les changer, les supprimer et y ajouter beaucoup de choses", a souligné Ben Soulayem. "Et ce n'est pas moi qui le fais. Nous avons des comités, ils étudient la question."

"Ce n'est pas moi qui ai écrit [ces règles], cela concerne l'éthique et la neutralité. Mais saviez-vous que nous avions [des règles sur l'éthique et la neutralité] depuis 1972 ? Personne ne le savait ! 1972 ! Vous ne pouvez pas aller dans un pays et [ne pas respecter] ce pays. Parce qu'ils paient beaucoup argent. Si vous n'aimez pas [ce pays], n'y allez pas. Si vous prenez une licence de la FIA, vous devez respecter celui qui vous donne la licence."

"Nous sommes satisfaits des pilotes : amusez-vous, faites ce que vous savez faire de mieux et courez. Et nous sommes satisfaits du promoteur : gagnez de l'argent, et encore plus d'argent. Mais nous devons aussi respecter le sport. J'apporte l'esprit du sport. J'essaie, avec mes 40 ans d'expérience, d'y apporter aussi de l'éthique, de l'équilibre, de l'équité et de la clarté. C'est une responsabilité très, très difficile à assumer. Mais c'est faisable."

Avec Erwin Jaeggi

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