Cette victoire qui "change beaucoup de choses" et manque à Grosjean
Romain Grosjean en est convaincu : décrocher une victoire avec Lotus en 2012 aurait profondément changé sa carrière et son image en Formule 1.
Romain Grosjean évoque rarement sa carrière en Formule 1 avec des regrets, mais sait poser sur elle un regard analytique avec suffisamment de recul. Aujourd'hui en quête d'une première victoire en IndyCar, où il a quitté cette année l'équipe Andretti pour la jeune structure Juncos, il sait à quel point le succès peut tout changer.
En Formule 1, le Français a connu à dix reprises le goût du champagne sur un podium, mais jamais celui de la victoire. Un cercle fermé dans lequel entrer dès sa première saison complète, en 2012 avec Lotus, aurait selon lui influencé énormément le cours de sa carrière. "Tu deviens un vainqueur de course. Je pense que ça change beaucoup de choses", avance-t-il dans un entretien accordé à notre magazine GP Racing.
Propulsé en F1 chez Renault en 2009 dans le contexte des révélations sur le Crashgate, Romain Grosjean était ensuite retourné faire ses classes en GP2, y décrochant le titre en 2011 avant de revenir dans la catégorie reine, toujours à Enstone, dans une écurie alors passée sous pavillon Lotus. Au volant d'une E20 diablement efficace avec ses gommes et aux côtés d'un Kimi Räikkönen remis en selle, il a tout de suite été au rendez-vous.
"Pour moi, c'est presque allé trop vite", estime-t-il. "Quatrième course à Bahreïn, je monte sur le podium. Cinquième course [en Espagne], je fais le meilleur tour. Sixième course, à Monaco, je me qualifie quatrième. Septième course, au Canada, je termine deuxième. Huitième course, je me bats pour la victoire ! Et puis après, c'est parti en vrille."
Cette mauvaise passe à laquelle il fait allusion, c'est celle d'une deuxième partie de saison gâchée par les accrochages et par des commissaires qui l'avaient selon lui pris en grippe, au point de le suspendre le temps d'un Grand Prix.
Et dire qu'auparavant, tout se passait pour le mieux. Exigeant avec lui-même, Romain Grosjean se souvient d'ailleurs de son premier podium, au Grand Prix de Bahreïn 2012, comme d'une déception, car il n'avait pas perçu l'importance de ce qu'il venait d'accomplir.
"J'étais déçu ! Car je pensais que j'aurais dû terminer deuxième", raconte-t-il. "J'ai mal choisi mes pneus et Kimi a réussi à me battre, donc c'était un peu doux-amer. Et c'est là que je pense que j'aurais peut-être eu besoin d'un peu de soutien, pour réaliser à quel point c'était important d'être sur le podium dès le quatrième Grand Prix. J'avais besoin que quelqu'un m'explique que je devais être heureux, et renforcer ainsi ma confiance au lieu de me dire que j'aurais pu faire mieux."
Et puis il y eut le Grand Prix d'Europe, à Valence, où il aurait pu décrocher cette victoire qui n'est ensuite jamais arrivée. Il aurait alors été le huitième vainqueur différent en huit courses, mais le moteur Renault en avait décidé autrement, le contraignant à l'abandon.
"En fait, j'ai pris un mauvais départ, mais j'ai réussi à freiner vraiment tard au premier virage et je me suis retrouvé troisième", se souvient Romain Grosjean. "Et puis... j'ai revu la vidéo sur Youtube l'autre jour. Ayao [Komatsu, son ingénieur de course] me dit : 'Maintenant essaie de rester avec Hamilton'. Et dès qu'il le dit, je le dépasse ! Je ne prévoyais même pas de le doubler dans ce virage, mais notre dégradation pneumatique était tellement bonne que j'avais beaucoup plus de grip. J'ai juste freiné à l'endroit habituel et je lui ai fait l'extérieur. Et puis la voiture s'est arrêtée."
"C'est certain, on avait le rythme [pour battre Fernando Alonso, alors vainqueur]. Mais oui, Sebastian [Vettel] avait un moteur Renault et j'avais un moteur Renault. Son alternateur a eu un problème et le mien aussi. S'il n'y avait pas eu le problème de Sebastian, il aurait gagné. Et si je n'avais pas eu ce problème, j'aurais gagné."
Fernando Alonso devant Romain Grosjean au GP d'Europe 2012.
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