Pourquoi les F1 actuelles "ne conviennent pas" au style de Hamilton

Un ingénieur de Mercedes s'est penché sur les raisons derrière les difficultés rencontrées par Lewis Hamilton depuis 2022 et le début de l'ère réglementaire faisant de nouveau la part belle à l'effet de sol.

Lewis Hamilton, Mercedes F1 W15

Plus de deux ans et demi : c'est le temps qu'il a fallu à Lewis Hamilton pour retrouver le chemin de la victoire, en juillet dernier sur le circuit de Silverstone. Un second succès est même intervenu deux Grands Prix plus tard, sur le circuit de Spa, après la disqualification pour irrégularité technique de la Mercedes de son équipier George Russell.

Beaucoup de choses ont été écrites et dites sur les difficultés de Mercedes depuis le changement d'ère réglementaire. L'écurie qui fut longtemps la force dominante de la F1, et ce même en dépit de réformes parfois importantes (comme entre 2016 et 2017), a clairement manqué le virage du retour en force de l'effet de sol. Les choses semblent aller de mieux en mieux toutefois ces derniers mois, comme en témoignent les trois succès sur les quatre dernières épreuves, alors que la structure de Brackley n'avait péniblement signé qu'une victoire lors des deux campagnes et demies précédentes.

Mais au-delà des divers problèmes liés aux voitures, beaucoup ont eu l'impression que Hamilton n'affichait pas la même solidité qu'auparavant, notamment dans l'exercice des qualifications. L'âge est certainement un facteur, puisque le Britannique va désormais sur ses 40 printemps, mais pour Andrew Shovlin, responsable de l'ingénierie de piste de Mercedes, le septuple Champion du monde a véritablement connu des difficultés - pas forcément totalement résolues - pour entrer dans le moule des F1 à effet de sol de la génération actuelle.

Interrogé sur le sujet avant la trêve et avant le second succès de Spa, l'ingénieur avait dressé la comparaison avec George Russell, qui paraît mieux s'accommoder de ces voitures : "George a toujours placé la barre très haut en qualifications", a reconnu Shovlin. "Dès qu'il est arrivé en F1, il a impressionné. Même avec la Williams, il réalisait des séances de qualifications assez impressionnantes. Nous savons donc qu'il est très rapide."

Les duels Russell-Hamilton en qualifications chez Mercedes

  Hamilton Russell
2022 13 9
2023

13

(11 sans les shootouts)

15

(11 sans les shootouts)

2024 (en cours)

5

(4 sans les qualifs sprint)

12

(10 sans les qualifs sprints)

La réalité des chiffres montre que les saisons 2022 et 2023 ont été assez serrées pour les deux pilotes dans l'exercice des qualifications, avec un avantage notable pour l'aîné lors de la première saison. En 2024, il est en revanche clair que Russell a l'avantage et qu'il va falloir un retournement de situation net sur les 10 derniers Grands Prix pour que le match se rééquilibre.

"Lewis n'a pas caché que les samedis étaient des journées difficiles pour lui", a poursuivi Shovlin. "Il a dû faire face à une génération de voitures qui ne conviennent pas à son style. Il a travaillé sur sa façon de piloter. Nous avons énormément travaillé pour que la voiture soit plus rapide, mais elle ne l'a pas été suffisamment. Toutefois, [nous avons également travaillé] sur un équilibre au niveau du comportement qui permette aux pilotes de vraiment attaquer lors des tours du samedi."

"Nous avons donc progressé. Récemment, George a devancé Lewis avec des marges assez réduites. C'est donc une bonne chose pour l'équipe que Lewis soit de retour et qu'il continue à progresser. Mais nous allons continuer à travailler sur ce point. Et je suis sûr que nous verrons, je l'espère, d'autres pole positions de Lewis."

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Beaucoup d'observateurs ont constaté que ces difficultés en qualifications s'effaçaient la plupart du temps en course, où Hamilton arrivait plus aisément à imposer son style de pilotage sur les longs relais. Mais alors, concrètement, quelle est l'origine du problème en qualifications ? Shovlin met en avant la façon dont le #44 aborde les virages lors des tours lancés.

"C'est plus une question de manière d'attaquer un virage. Lorsque vous faites cela, la voiture a tendance à survirer, vous commencez à augmenter la température des pneus. La majeure partie de notre travail a donc consisté à essayer de lui donner une voiture que l'on peut piloter avec un style très offensif, pour en tirer le maximum sur un tour, sans qu'elle ne se dérobe en cours de route et ne le prenne par surprise."

Avec Ben Hunt

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