Les salariés d'Alpine à Viry accusent Renault de "trahir sa légende"

Estimant que Renault s'apprête à "tuer cette entité d'élite qu'est le site de Viry-Châtillon", les représentants du personnel d'Alpine dans l'usine française dénoncent un coup de force de leur direction.

Pierre Gasly, Alpine A524

Photo de: Erik Junius

Avenir de Viry-Châtillon

Le programme de motorisation F1 2026 d'Alpine à Viry-Châtillon est menacé d'abandon par le Groupe Renault, qui pourrait se tourner vers une unité de puissance cliente fournie par Mercedes.

Dénonçant la politique du Groupe Renault et estimant ne pas être entendu, le personnel de l'usine Alpine Racing de Viry-Châtillon a choisi vendredi de monter au créneau. Les salariés, par la voix du Conseil social économique de l'entreprise, ont adressé un long plaidoyer justifiant l'existence historique du département moteur F1 de l'écurie tricolore. Surtout, ils demandent à Luca de Meo de revenir sur la décision d'abandonner la conception des unités de puissance pour se tourner vers des blocs clients.

"La direction du Groupe a pour projet d'arrêter le programme 2026 à Viry-Châtillon et d'opter pour une fourniture moteurs, probablement issue de Mercedes", confirment les représentants du personnel. "La raison évoquée est une économie directe significative, troquant des coûts de développement de 120 M$ contre 17 M$ en fourniture annuelle."

"Le plan de transformation du site, qui devrait être définitivement entériné le 30 septembre 2024, consiste à faire migrer les ressources vers d'autres projets conduits par Alpine Racing (Endurance, Formula E, compétition client, moteur à combustion hydrogène d'une hypercar, etc.) déjà saturés en personnels, ou bien de reclasser l'ingénierie sur des projets innovants, prétendument utiles à l'industrie de série, mais non définis à ce stade."

L'usine de Viry-Châtillon en 2019.

L'usine de Viry-Châtillon en 2019.

Photo de: Renault

Le personnel de Viry-Châtillon tient à rappeler la situation actuelle, dans laquelle "l'écart imputé à l'unité de puissance s'évalue à 20% du déficit total de la monoplace" en raison du gel des motorisations, tout en ajoutant que "le reste incombe au châssis d'Enstone qui peine à se structurer, en proie à des changements de direction successifs".

Cette instabilité dans le management des opérations est particulièrement pointée du doigt : "Depuis 2021, l'écurie souffre d'une intervention répétée de la direction du groupe, imposant pas moins de quatre directions techniques successives à Viry, ou encore quatre directeurs d'équipe en quatre saisons. Cette instabilité prive l'équipe d'une construction sur le long terme nécessaire au succès en Formule 1".

Malgré ce retard qui se mesure aujourd'hui, l'usine de Viry-Châtillon travaille sur la future réglementation moteur 2026 depuis de longs mois, et c'est la perte totale de tous ces préparatifs qui est désormais publiquement remise en cause par le CSE, ce dernier précisant que "les hommes et les femmes de Viry-Châtillon ne peuvent cautionner l'arrêt définitif par Renault de son programme de développement de moteurs F1".

Les salariés de Viry-Châtillon demandent à Luca de Meo de revenir sur sa décision.

Les salariés de Viry-Châtillon demandent à Luca de Meo de revenir sur sa décision.

Photo de: Michael Potts / Motorsport Images

"Les 334 collaborateurs de Viry-Châtillon, leurs prestataires, leurs fournisseurs, s'acharnent à négocier le virage des technologies avancées de la réglementation 2026 de la meilleure des manières pour combler l'écart avec les écuries de pointe et se retrouver à nouveau aux avant-postes", rappellent les représentants du personnel.

"Depuis 2022, l'ambition du site de Viry-Châtillon est affichée. Les quelques 500 employés et prestataires ont pour objectif de développer un moteur, né sous le signe de la rupture technologique. Les objectifs performances sont ambitieux et le plan développement agressif, une nécessité pour mener Alpine F1 Team vers le haut du classement de la compétition dès 2026."

Contacté par Motorsport.com, le CSE d'Alpine Racing Viry-Châtillon justifie sa démarche par l'absence de réponse en interne du PDG Luca de Meo ainsi que de la direction du groupe, malgré plusieurs interpellations.

"Nous ne comprenons pas ce qui justifie de tuer cette entité d'élite qu'est le site de Viry-Châtillon et de trahir sa légende et son ADN en greffant un cœur Mercedes dans notre F1 Alpine", déplorent les salariés. "L'annonce de la fin du développement et de la production des unités de puissance françaises pour la Formule 1 est incompréhensible. Nous ne pouvons accepter qu'Alpine et le Groupe Renault abîment leurs images, c'est pourquoi nous demandons à Monsieur De Meo et son conseil d'administration de renoncer à cette décision."

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