Porsche revient au Mans sans complexes... ni certitudes

Six ans après son départ, Porsche est de retour au Mans en prototype. Le constructeur qui détient le record de victoires aux 24 Heures a une histoire à honorer, mais doit aussi beaucoup ré-apprendre. C'est ce qu'explique Kévin Estre, aligné sur une des quatre 963 du plateau aux côtés d'André Lotterer et Laurens Vanthoor.

#6 Porsche Penske Motorsport Porsche 963  of Kevin Estre, Andre Lotterer, Laurens Vanthoor

#6 Porsche Penske Motorsport Porsche 963 of Kevin Estre, Andre Lotterer, Laurens Vanthoor

Marc Fleury

Kevin, quel sera l’objectif de la Journée Test avec cette nouvelle Porsche 963 ? 

L’objectif est d’apprendre le plus possible pour la grande semaine, essayer d’emmagasiner des données, de savoir ce qui marche et ce qui ne marche pas, essayer de dégrossir. Même si le début de journée est toujours un peu compliqué parce que la piste est sale. Il faut faire attention à ce qu’on apprend dans la matinée. Il faut essayer de trouver une base de setup qui fonctionne, pour ensuite l’affiner pendant la semaine de la course.  

Est-ce qu’il peut encore y avoir des surprises par rapport à ce que vous avez déjà appris ? 

Ça peut, parce que Le Mans est vraiment un circuit particulier, avec des vitesses de pointe que l’on atteint nulle part ailleurs. Les virages Porsche et Indianapolis se passent à plus de 230 ou 240 km/h et ça arrive nulle part ailleurs sur les circuits où l’ont fait des tests. C’est donc quelque chose qu’on ne connaît pas sur notre voiture. Il va falloir apprendre et espérer que l’on a fait du bon boulot.  

Après un début de saison où Porsche a semblé manquer de rythme, allez-vous essayer de pousser la voiture davantage ?  

Honnêtement, on la pousse depuis le début de l’année pour essayer de faire des poles et de gagner. Pour le moment on n’a pas encore eu le rythme. C’est difficile de dire où l’on sera ici. Je ne pense pas que l’on va se préparer pour l’Hyperpole, car ce n’est pas le but. Il faut essayer d’avoir une bonne voiture. Généralement, quand on a une bonne voiture de course, on a une voiture très correcte en qualifs. Il faut essayer de se préparer pour la course.  

La Journée Test est-elle vraiment déterminante ?  

Elle est primordiale parce qu’on a une journée d’essais, on a quand même pas mal d’heures de roulage, et ensuite il y a deux jours avant les essais suivants, ce qui donne beaucoup de temps pour analyser les données. Ce n’est pas le cas entre mercredi et jeudi, donc pour les ingénieurs c’est vraiment important. Pour nous aussi, pour essayer de prendre le temps d’analyser les données et les vidéos. Dès que la semaine de la course commence, c’est beaucoup plus difficile de passer du temps là-dessus.  

Porsche aura la force du nombre, avec quatre autos dont trois d'usine au Mans.

Porsche aura la force du nombre, avec quatre autos dont trois d'usine au Mans.

Quels sont les leviers de Porsche pour progresser en performance désormais ?  

En termes d’homologation c’est figé, on ne peut pas changer de pièces, mais c’est une voiture quand même très compliquée, avec beaucoup de possibilités de réglages. Si je vous donne la liste des choses qu’on peut changer sur la voiture, on n’est pas partis ! Il y a encore beaucoup de choses à faire. Après, c’est dans une certaine limite, on ne peut pas changer de pièces aéro ou mécaniques, mais avec le package qu’on a, on a déjà beaucoup de possibilités pour changer l’équilibre de la voiture.  

Qu’est-ce qui rend cette voiture si complexe ?  

L’hybride rend la voiture plus complexe, c’est sûr, parce qu’il y a un brake-by-wire et beaucoup de choses sur les freins. Après, c’est une voiture moderne, un prototype moderne, avec plein de choses sur la suspension. On ne va pas entrer dans les détails, mais la cinématique de la voiture, la hauteur de caisse et des petits détails peuvent faire des gros écarts sur cette voiture. Particulièrement sur un circuit comme Le Mans, où on atteint des vitesses de pointe assez hautes. Un demi-millimètre de hauteur de caisse peut faire 2 km/h dans la ligne droite mais te rendre la voiture très difficile dans les virages Porsche. Il faut trouver le bon compromis.  

Quelles sont les sensations dans cette voiture ?  

Je me sens bien, c’est une voiture qui, pour l’instant, n’a jamais été parfaite. Mais c’est difficile en faisant trois courses et en arrivant sur un championnat aussi relevé. On a fait un podium à Portimão, on était deuxième à Spa avant un problème technique, donc on a montré qu’on avait une certaine performance même s’il en manque un peu. On verra ici.  

Quel est l’apport de Penske auprès de Porsche dans ce programme ?  

Ils amènent une expérience de la course automobile incroyable, avec une approche de l’IndyCar, de la NASCAR, du LMP2. Il y a énormément de choses, des ingénieurs, du management très compétent et très intelligent, et c’est toujours bien de travailler avec des nouvelles personnes.  

Lire aussi :

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article

Voir aussi :

Article précédent Bourdais : "Une occasion inespérée" de jouer la victoire au Mans
Article suivant 24H du Mans : tout comprendre à la nouvelle procédure Safety Car

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France