Bagnaia refuse catégoriquement d'utiliser la radio en MotoGP

Alors que la mise en place d'un système de communication radio est attendue dès la saison prochaine en MotoGP, Pecco Bagnaia s'oppose fermement à l'idée de porter un tel dispositif et d'entendre des messages audio quand il pilote.

Francesco Bagnaia, Ducati Team

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Depuis plusieurs années désormais, la Dorna et ses équipes de télévision travaillent sur un système de communication radio, en cherchant la méthode la plus adaptée aux spécificités du MotoGP. Il y a quatre ans, lors du test de Misano, plusieurs pilotes avaient testé pour la première fois un dispositif permettant de recevoir des messages pré-enregistrés transmis par la direction de course. Puis, les évaluations se sont poursuivies, lors d'un test à Jerez, en 2022, et lors des essais de fin de saison de Valence, l'an dernier.

En réponse aux premiers doutes quand à l'utilisation d'une oreillette en plus de bouchons antibruit, le travail mené a permis de concevoir un dispositif placé non pas dans l'oreille mais à l'extérieur, avec un son transmis par vibration, rendant le système moins intrusif. Et les essais se sont poursuivis lundi, à l'occasion du test de Misano, où Fabio Quartararo, Aleix Espargaró et Lorenzo Savadori ont à nouveau été mis à contribution.

Le promoteur du championnat viserait une introduction du système dès la saison 2025, d'abord pour que la direction de course puisse transmettre des messages pré-enregistrés aux pilotes, avant d'autres phases futures devant mener à des échanges bidirectionnels entre les pilotes d'un côté et la direction de course mais aussi le muret des stands de l'autre.

Interrogé sur l'idée d'une telle communications radio avec les pilotes, Pecco Bagnaia a livré un point de vue très ferme sur la question. Malgré la mise en place attendue de ce dispositif dès la saison prochaine, le double champion en titre s'y oppose.

"Je pense que je vais recevoir des amendes à chaque course, comme Jordan, parce que moi, je ne vais rien mettre de la sorte", a-t-il déclaré lundi après le test de Misano, évoquant Michael Jordan qui portait obstinément des chaussures rouges alors que le règlement de la NBA imposait qu'elles soient blanches.

C'est quelque chose qui n'a pas de sens. Ça peut être une source de distraction.

Revenant aux prérogatives du MotoGP, Bagnaia ne voit dans l'introduction de la radio qu'une gêne et une forme de distraction, malgré les efforts fournis pour aller vers plus de confort. "Franchement, j'ai essayé les systèmes et ils appuient sur l'os. Si vous passez ne serait-ce que 30 secondes avec les doigts [qui appuient] comme ça, ça va déjà commencer à vous faire mal, alors essayez d'imaginer ce que ça fait pendant 40 minutes et alors qu'on pilote", a-t-il argumenté.

"C'est quelque chose qui n'a pas de sens, alors je prendrai des amendes. Au final, on a tous les systèmes possibles pour être avertis de quoi que ce soit : il y a le tableau de bord qui nous indique qui est devant et quels sont les écarts, le panneau… Il n'y a pas besoin [d'autres] communications, d'autant que ça peut être une source de distraction. On pilote des machines qui ne nous permettent pas d'être déconcentrés."

Pedro Acosta alerte sur le manque de sécurité d'un système de radio en MotoGP.

Pedro Acosta alerte sur le manque de sécurité d'un système de radio en MotoGP.

Photo de: Rob Gray / Polarity Photo

D'autres pilotes se sont montrés circonspects sur la question, et notamment Pedro Acosta, tout aussi critique que le champion en titre. "Je ne crois pas tellement dans ces choses-là. J'aime être dans ma bulle et faire mes trucs, alors ça ne me plaît pas tellement", a fait savoir le rookie espagnol, qui doute également que le signal soit suffisamment stable, ce qui est effectivement l'un des problèmes à l'étude actuellement.

Acosta, qui a eu l'occasion de tester ce dispositif, s'inquiète surtout du danger que cela ferait courir au pilote en cas de chute : "On peut dire ce qu'on veut, mais si on met quelque chose qui est externe au casque et que ça touche la tête, il ne se passe pas souvent quelque chose mais le jour où ça arrive, ça arrive. Je pense que la tête est quelque chose de trop important pour qu'on plaisante avec. Je ne crois pas non plus aux caméras dans la combinaison, mais bon, si on se casse une clavicule, peu importe, on la fixe avec une plaque et on peut piloter à nouveau. La tête, c'est quelque chose d'important."

Un système pas encore au point ?

Au-delà des critiques faites a priori, les pilotes interrogés à Misano se sont beaucoup questionnés sur la mise en pratique d'un tel système. Or, le test mené lundi a montré des imperfections au niveau de la stabilité du signal GPS et aussi du son, face à une MotoGP développant un niveau de décibels proche de ceux envoyés par un marteau-piqueur. Fabio Quartararo, qui a été directement impliqué, reconnaissait lundi qu'il va falloir augmenter le volume sonore pour que ce soit véritablement efficace.

"C'est un peu bizarre d'entendre quelqu'un parler quand tu roules", a concédé le Français. "Quand il y a beaucoup de bruit dans la ligne droite, je n'entends rien mais au freinage, on peut entendre", a-t-il souligné. "Cela fait assez longtemps que je travaille avec Sergi [Sendra, responsable des technologies pour la Dorna] à ce sujet. Je pense que c'est une très bonne idée pour beaucoup de choses. Chaque pas nous mène dans une meilleure direction mais avec le bruit de la moto, c'est compliqué de vraiment l'entendre. C'est dur à entendre pour nous."

Marco Bezzecchi, qui a lui aussi essayé le système par le passé, a également souligné ce défaut : "Moi, je n'ai rien entendu. On ne peut pas mettre d'oreillette alors on essaye des choses qui vont en contact avec l'os, avec les vibrations. Quand la moto est éteinte, on entend parfaitement bien, mais dès qu'elle est allumée on n'entend plus rien."

"À mon avis, en moto, c'est vraiment difficile de percevoir le message vu tout ce qu'on doit faire, tous les mouvements qu'on doit faire avec le corps. Moi, je ne sais pas si je serais capable d'écouter ce qu'ils me diront. Mais bon, essayons et on verra bien", a souligné Bezzecchi, assurant ne pas être fermé à l'idée par principe. Et d'ajouter, toutefois, goguenard : "Moi, j'espère qu'ils ne m'entendront jamais !"

Lui aussi plutôt séduit par l'idée, Maverick Viñales estime qu'il faut laisser sa chance à cette nouveauté, malgré ses défauts. "Il faut essayer", estime-t-il. "Quand je l'ai essayé, vu que le système venait d'être fait, je n'entendais pas mais il faut aussi leur laisser le temps de créer un dispositif qui fonctionne sans être trop drastiques et dire tout de suite non. La technologie avance de toute façon, à mon avis il faut essayer. S'ils veulent me le faire essayer, je l'essaierai, et après si ça ne me plaît pas je ne le mettrai pas. Mais d'abord, il faut que je l'essaye."

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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