Folger de retour en MotoGP : "Il a été dur à convaincre"

KTM admet volontiers que l'intention n'était pas d'aligner Jonas Folger en course dès cette saison, et l'Allemand lui-même ne le souhaitait pas. Mais l'accident de Pol Espargaró a tout changé et ramené Folger sur la grille MotoGP.

Jonas Folger, Tech3 GASGAS Factory Racing

Qui aurait pu prédire, il y a cinq ans, que Jonas Folger serait aujourd'hui de retour en MotoGP, au sein du team Tech3, qui avait accompagné ses débuts, et cette fois au guidon d'une KTM ? Pas grand-monde, sans doute, car on se souvient de la situation complexe dans laquelle se trouvait le pilote allemand début 2018 : à quelques jours des tests de pré-saison, il avait jeté l'éponge et renoncé à sa deuxième saison en MotoGP.

Touché par le syndrome de Gilbert à la fin du championnat 2017, il avait déjà manqué plusieurs Grands Prix mais s'était malgré tout classé dixième au général et avait marqué les esprits avec un podium au Grand Prix d'Allemagne. Si sa santé semblait s'être améliorée au cours de l'hiver, il avait soudainement averti Hervé Poncharal qu'il ne rejoindrait pas l'équipe pour entamer les essais à Sepang. Sa place avait par la suite été confiée à Hafizh Syahrin, qui avait ainsi fait ses débuts dans la catégorie.

"On a une relation très particulière avec Jonas", a rappelé Hervé Poncharal auprès du site officiel du MotoGP en marge du Grand Prix des Amériques. "Il était avec nous en 2017 quand il a disputé sa première saison en MotoGP. Il était fantastique. Je ne vais pas vous rappeler tout le temps le Sachsenring mais il était très rapide et en route pour un autre podium en République tchèque quelques semaines plus tard. Et puis, il a eu ce... je ne sais pas exactement comment le nommer parce que personne n'a vraiment compris ce qu'il s'est passé, mais ce problème de burn-out, de capacité mentale à gérer beaucoup de choses inhérentes à la compétition en MotoGP."

"Il a passé quelques années sans savoir s'il allait reprendre la course ou rester chez lui, mais il adore la course", a poursuivi le patron du team Tech3. Après des essais pour Yamaha en 2018 et 2019, on l'a vu au départ de quelques courses Moto2 et WorldSBK, mais sans reprendre de poste stable en tant que pilote de course. Pendant l'hiver, KTM l'a intégré à son test team et ce travail débutait à peine lorsque Pol Espargaró s'est blessé au Grand Prix du Portugal.

"Je pense qu'il était très heureux d'être recruté comme pilote d'essais pour le Pierer Mobility Group mais il n'a pas pu faire beaucoup de tours, parce que la première fois qu'il a véritablement pris la piste, c'était à Sepang et la météo n'était pas très bonne, il n'a pas eu assez de temps. Et quand Pol a malheureusement été blessé et mis sur la touche, on s'est dit que ce serait une bonne opportunité de profiter de ces courses comme d'un test pour lui, pour qu'il comprenne mieux cette moto et soit un meilleur pilote d'essais en MotoGP."

"Il a été assez dur à convaincre parce qu'il ne voulait pas revenir", a révélé Hervé Poncharal. "Il disait 'je ne suis plus un compétiteur, je n'ai pas l'état d'esprit pour passer en mode course, je veux faire des essais'. On a tous réussi à le convaincre qu'en revenant avec nous, il n'aurait aucune pression. Il connaît l'équipe, il connaît les gars, on l'aime, il nous aime − je l'espère ! − et on a rendu cela possible."

"Nous n'avions pas l'intention de l'aligner dans une course si tôt", a admis Pit Beirer, patron du motorsport chez KTM. "J'espérais qu'il passerait un an avec nous et peut-être, ensuite, le préparer pour une wild-card, donc c'est tôt."

Jonas Folger, Tech3 GASGAS Factory Racing

Jonas Folger n'avait plus disputé de Grand Prix MotoGP depuis celui d'Aragón en 2017

De toute évidence, reprendre la compétition après une telle absence et à un niveau si élevé s'annonçait extrêmement compliqué. Très distancé au début du week-end d'Austin, pour ses premières séances avec la KTM RC16, Jonas Folger a malgré tout réussi à se qualifier puis à marquer les quatre points de la 12e place dimanche, en voyant l'arrivée d'une course marquée par de nombreuses chutes.

"Je ne veux pas trop juger les chronos", prévenait Hervé Poncharal dans le courant du week-end. "Le principal objectif dans le fait que Jonas soit là, c'est qu'il devienne un meilleur pilote d'essais à l'avenir et qu'il aide les ingénieurs de Pierer Mobility avec ses impressions et ses commentaires. Il a été choqué par le niveau du MotoGP, celui des pilotes, celui de la technique, l'implication physique... On le savait mais même en le sachant, quand on se confronte à la réalité, ça devient concret."

Pit Beirer était bien conscient lui aussi que la tâche était immense pour l'Allemand : "Pour Jonas, c'est super difficile de débarquer dans cette catégorie, et on lui a dit 's'il te plaît Jonas, vas-y doucement, on n'attend aucun résultat, essaie juste de finir la course prudemment'. […] Quand on arrive dans cette catégorie, c'est impossible d'être à un bon niveau."

Jonas Folger devrait désormais rester en poste jusqu'au retour de Pol Espargaró, qui suit une longue convalescence après les multiples blessures subies il y a un mois. Aux dernières nouvelles, l'Espagnol ne pourra disputer ni le Grand Prix d'Espagne de la semaine prochaine, ni celui de France à la mi-mai, et il est encore prématuré de mentionner une date de retour fiable à ce stade.

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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