Mir a envisagé d'arrêter : "Je suis sûr que je l'aurais regretté"

Sa première moitié de saison a été si dure que Joan Mir a pensé un instant qu'il vaudrait peut-être mieux pour lui de rester à la maison. Mais c'est reposé et remotivé qu'il a repris la course, affirmant qu'il entend bel et bien honorer son contrat avec Honda.

Joan Mir, Repsol Honda Team

Tout arrêter ? Joan Mir y a pensé. Mais à quelques jours de ses 25 ans, le Champion du monde 2020 sait qu'il a encore beaucoup à vivre en MotoGP et il a donc repoussé cette tentation. Elle était pourtant forte, tant ces derniers mois se sont révélés difficiles pour lui. C'est bien simple, depuis qu'il a rejoint Honda l'hiver dernier, il n'a terminé qu'une seule course du dimanche et a déjà cumulé plus de chutes que durant toute saison complète qu'il a pu réaliser jusqu'alors.

Au terme du GP de Grande-Bretagne, à nouveau marqué par de grandes difficultés, le pilote espagnol arrivait malgré tout à faire la part des choses, expliquant être mentalement détaché des résultats qu'il aimerait pouvoir viser.

"C'était difficile", a-t-il expliqué après un nouvel abandon, "mais honnêtement, je suis actuellement dans une autre phase d'un point de vue mental. Pendant la première partie de la saison, ça a été très, très difficile à gérer, mais maintenant ma mentalité a un peu changé. J'essaie de retenir les points positifs du week-end et c'est tout. Je fais ce que je peux et, quand on aura le bon package avec lequel je me sentirai plus à l'aise, on verra ce qu'on pourra faire."

Convaincu qu'aucune avancée ne sera possible tant que la RC213V n'aura pas reçu de mise à jour, Mir cherche à prendre du recul en attendant des jours meilleurs. La pause de deux mois qu'il vient de connaître, provoquée par une blessure de la main puis prolongée par les vacances du championnat, l'a aidé à s'apaiser. Car avant cela, l'idée d'arrêter les frais l'a bien traversé.

"Cette pause a été super pour moi. En plus, j'ai eu la chance de devenir papa et je pense que, dans des moments aussi compliqués, c'est fantastique d'avoir une lueur de joie. Ça m'a donné la force de continuer à essayer", a-t-il déclaré à DAZN, cité par le site officiel du MotoGP.

"Beaucoup de choses se sont accumulées. Je gagne très bien ma vie en faisant ce que j'aime, mais on est soumis à beaucoup de pression depuis très jeunes, le genre de pression qui fait que soit on avance, soit on ne continue pas. Et cette année, avant la pause, ma tête m'a dit 'calme-toi, établis des priorités'."

"J'ai travaillé avec un psychologue du sport", a révélé Joan Mir. "Je fais tout ce qui est nécessaire parce que je veux inverser cette situation avec Honda. Je ne veux pas d'autres alternatives. Je veux que ce qui est ici fonctionne."

"Oui, j'ai envisagé de rester à la maison, mais je suis sûr que je l'aurais regretté. Le jour où je déciderai de le faire, je dois être sûr que je ne le regretterai pas à l'avenir."

Les seuls points marqués par Joan Mir remontent au premier Grand Prix de la saison.

Les seuls points marqués par Joan Mir remontent au premier Grand Prix de la saison.

Dès son retour dans le paddock, à Silverstone, il avait expliqué les sentiments auxquels il a dû faire face : "En tant que sportif, on avance si on a une motivation, si on a des résultats. Quand on manque de résultats, on manque de carburant. Cela fait longtemps que je n'ai pas eu ce carburant. J'ai juste eu les aspects négatifs du championnat : les chutes, les voyages, toutes ces choses-là. Je n'ai pas de bonnes sensations en ce moment."

"C'était une période pour essayer de déconnecter, faire une pause, retrouver une main en forme, que tout soit correct", expliquait-il au sujet de la pause, "et repartir en allant mieux mentalement. Je me sens mieux maintenant, je sens que j'ai la force pour entamer la deuxième partie de la saison."

Ne pas jeter l'éponge et réussir chez Honda

Joan Mir n'avait que trois saisons d'expérience en Grand Prix quand il a rejoint la catégorie MotoGP, avec déjà un titre à son actif en Moto3. Dès sa deuxième année dans la catégorie reine, il remportait le championnat, au cœur de la plus belle période vécue par Suzuki.

Début 2022, la donne a brutalement changé pour lui et son coéquipier, Álex Rins, lorsque le constructeur d'Hamamatsu a annoncé la fin inattendue de son programme. Les deux pilotes ont trouvé refuge dans le groupe Honda, Mir dans l'équipe officielle grâce à son statut de Champion du monde, et Rins dans l'équipe satellite LCR.

Ce dernier a toutefois décidé de ne pas aller plus loin que sa première année de contrat, déçu par son manque d'intégration au développement de la moto. Alors que son transfert vers Yamaha a été annoncé il y a quelques jours, Mir s'avoue admiratif de ce qu'a réalisé son collègue.

"Les moments difficiles, à savoir lorsque Suzuki a décidé d'arrêter, puis cette année chez Honda, il les a gérés bien mieux que moi", a-t-il salué au sujet de son ancien coéquipier, qui a par ailleurs réussi à remporter une victoire avec Honda malgré les difficultés actuelles du programme. "Il a su faire mieux que moi dans les moments difficiles. Cette année, il a réussi à gagner la course au COTA, ce qui était incroyable vu la situation dans laquelle se trouvait la moto [...]. Je lui souhaite le meilleur chez Yamaha, c'est un super pilote."

Rins ? Il a su faire mieux que moi dans les moments difficiles. Je lui souhaite le meilleur chez Yamaha, c'est un super pilote.

Joan Mir

Joan Mir, lui, n'a vu l'arrivée que de quatre courses sur les 18 qui ont eu lieu à ce stade du championnat. Il affiche cinq points à son compteur, ceux qu'il a marqués avec la 11e place au GP du Portugal, en ouverture de la saison. Il a également fini trois courses sprint, hors des points, et encaissé trois abandons le samedi et quatre le dimanche. Ses nombreuses blessures n'ont pas été sans conséquences, puisqu'il compte déjà des forfaits pour trois week-ends complets ainsi qu'une course dominicale supplémentaire.

"C'est certainement la pire année de ma carrière", a admis le champion 2020 à DAZN. Et pourtant, il assure vouloir tenir bon sans quitter le navire avant la conclusion de contrat, qui court jusqu'à la fin de la saison 2024. "Je remplirai mon contrat avec Honda. C'est la meilleure équipe du monde, qui traverse une période difficile, et je veux contribuer à la remettre sur les rails. Ce que je veux, c'est gagner. Je veux revenir là où j'étais dans le passé."

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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