Pour Márquez, Mir et Rins devront apprendre à tomber avec la Honda
Marc Márquez considère que seules les chutes permettront à Joan Mir et Álex Rins de trouver la limite de la RC213V et donc d'être performants à son guidon, un fonctionnement avec lequel il va leur falloir composer.
Honda a refermé un chapitre 2022 particulièrement difficile au soir du Grand Prix de Valence avec les abandons de Marc Márquez et Pol Espargaró ainsi qu'un résultat blanc pour Álex Márquez qui a terminé 17e. Seul Takaaki Nakagami a ramené deux points avec sa 14e position. Un butin bien maigre à l'image de ce que le constructeur a recueilli tout au long de cette année avec la dernière place du championnat constructeurs et le bas du classement au championnat équipes.
Il était grand temps pour la marque de passer à 2023, où elle espère entrevoir le bout du tunnel. Elle compte notamment sur ses deux nouvelles recrues pour apporter de l'expérience et un regard nouveau, à la fois dans son équipe d'usine et au sein de son team satellite, grâce à leurs années de développement de la Suzuki GSX-RR et leur palmarès respectif. Joan Mir compte en effet une victoire, 12 podiums ainsi qu'un titre de Champion du monde en 2020, premier pilote à avoir été sacré après les quatre années de domination successives de Márquez, qu'il rejoint à présent dans l’équipe Repsol. De son côté, Álex Rins arrive chez LCR avec un total de 17 podiums dont cinq victoires, les deux dernières datant des derniers Grands Prix de la saison.
"On ne peut pas ne pas s'attendre à ce qu'ils soient forts, car ensuite ils le sont et on est alors pris au dépourvu. Ce sont deux grands pilotes qui arrivent", a pointé Marc Márquez à Motorsport.com. Le #93 voit dans l'arrivée des deux hommes une opportunité de ramener la RC213V au sommet, mais également un défi qui va le pousser à être encore plus performant.
Reste qu'à ses yeux, Mir et Rins vont avoir fort à faire avec la moto avant de jouer la victoire, celle-ci étant particulièrement compliquée à prendre en main, à tel point que nombre de pilotes ont échoué à la faire évoluer aux avant-postes, à commencer par Pol Espargaró, qui a repris la direction de KTM après deux ans passés chez Honda, mais également avant lui Jorge Lorenzo, pourtant triple Champion du monde MotoGP.
"La Honda est une moto différente. Pour le moment, tous ceux qui l’ont pilotée ont souffert", a relevé Márquez, conscient de l'enjeu qui attend les nouveaux arrivants et qu'il va leur falloir accepter. "La Honda est une moto avec laquelle il faut tomber si on veut trouver la limite. Et c’est là que la confiance et la chance doivent aider. Il faut beaucoup de confiance pour ne pas la perdre dans les chutes, et de la chance pour ne pas se blesser. C’est un message réaliste, je ne suis pas en train d'inventer. Regardez les statistiques."
Chute de Marc Márquez lors du GP de Valence.
Au classement du nombre d'accidents, le constat est en effet sans appel : Pol Espargaró et Álex Márquez sont à égalité avec 21 chutes derrière les deux débutants Darryn Binder (27) et Marco Bezzecchi (23). Marc Márquez arrive juste derrière (18), à égalité avec Enea Bastianini et Johann Zarco, mais l'Espagnol a été absent de cinq Grands Prix, ce qui augmente bien plus sa moyenne par épreuve. Seul Takaaki Nakagami en compte un nombre moins élevé (12), même s'il a manqué trois week-ends en raison de sa blessure à la main.
La lassitude face aux chutes est précisément l'une des raisons qui ont poussé Pol Espargaró et Álex Márquez à quitter Honda, le fait de ne jamais pouvoir attaquer sans risquer de partir à la faute s'étant révélé très pesant à leurs yeux. Le manque de soutien et d'évolution de la part de Honda a également fortement joué dans la balance.
Pour l'heure, les avancées attendues sur la RC213V ne sont pas encore au rendez-vous, et Marc Márquez a appelé le constructeur à passer "deux caps de plus" d'ici le premier test de 2023, qui aura lieu à Sepang en février. Joan Mir et Álex Rins ont déjà pris en main leur moto lors du test de Valence, organisé juste après le Grand Prix. S'ils n’avaient aucun objectif de chrono, tous deux ont terminé assez loin au classement, démontrant un premier contact moins évident que n'a pu l'être celui de Miguel Oliveira avec l'Aprilia, le Portugais ayant terminé quatrième. Mais Honda a encore tout l'hiver pour développer un prototype plus performant.
Avec Oriol Puigdemont et Germán Garcia Casanova
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