Martín a un double objectif clair : le titre et l'équipe d'usine Ducati
Abattu au moment de sa défaite, à Valence, Jorge Martín a très vite retrouvé toute sa hargne, tourné vers la suite. Il s'affirme en candidat au titre pour 2024 et entend intégrer l'équipe officielle Ducati, la seule place qui l'intéresse. Et s'il ne l'obtient pas ? Alors il ira voir ailleurs.
Jusqu'aux ultimes minutes du championnat, Pecco Bagnaia aura été challengé par Jorge Martín, un pilote du groupe Ducati, certes, mais que l'appartenance à une équipe satellite aurait logiquement dû laisser en position d'outsider. L'Espagnol a pourtant fait un bond au point de réussir à croire en ses chances de titre jusqu'au dernier Grand Prix, où la victoire de Bagnaia et sa chute ont fini par gommer ses derniers espoirs.
La vitesse pure de Martín n'a jamais fait le moindre doute, si bien que ce sont plutôt ces neuvièmes places de 2021 et 2022 au classement général qui peuvent aujourd'hui être vues comme des résultats surprenants. "Quand nous avons décidé de recruter Jorge, en 2020, alors que le championnat n'avait pas encore commencé à cause du COVID, nous savions que c'était un pilote incroyablement talentueux", se souvient Paolo Ciabatti, directeur sportif de Ducati Corse, interrogé par le site officiel du MotoGP.
Arrivé en 2021, l'Espagnol a rapidement montré son talent, avant une très grosse chute dès son troisième Grand Prix, lourde de conséquences. Puis, en 2022, il a tiré la mauvaise carte en devant conserver la dernière spec de moteur de Borgo Panigale, que l'équipe d'usine avait remisée au placard. "La moto de 2022, avec le nouveau moteur, était un peu plus compliquée à régler et à ajuster, alors il faut dire que les résultats de Jorge l'année dernière ont probablement été un peu influencés par cette situation", admet sans difficulté Paolo Ciabatti.
Mais à sa troisième année, Martín a bel et bien réussi à bluffer tout le monde. Il a trouvé une recette diablement efficace pour combiner vitesse et réussite, en particulier dans la seconde moitié du championnat. "Cette saison, Pecco et Jorge ont eu exactement la même spec de moto, mais aussi exactement les mêmes types de mises à jour lorsqu'elles ont été disponibles", rappelle Paolo Ciabatti. "On a donc pu voir ces ailerons sur la fourche avant : quand nous les avons apportés, en Autriche je crois, ils étaient pour Pecco et Jorge car ils étaient les mieux placés. De ce point de vue-là, Ducati fait un travail remarquable, différent peut-être de ce à quoi les gens pourraient s'attendre, mais tout le monde dans le paddock sait que Pecco et Jorge ont été traités à égalité d'un point de vue technique et qu'ils ont pu compter exactement sur le même matériel."
En disposant d'une moto identique à celle de Bagnaia, avec les derniers développements conçus par Ducati, l'Espagnol a profité à la perfection de cette égalité des chances. Il lui a finalement manqué très peu de choses pour renverser le champion en titre, mais aussi pour intégrer l'équipe d'usine. Ce sera incontestablement son double objectif pour la suite et il n'en fait pas le moindre secret.
Il l'a exprimé vendredi, dans une interview accordée à Motorsport.com en marge de la grande fête populaire organisée par Ducati à Bologne pour célébrer cette saison exceptionnelle. L'accueil que le public italien lui a réservé en dit long sur la manière dont l'esprit combattif de Jorge Martín a été perçu, bien qu'il ait risqué de coûter le titre à un enfant du pays.
L'objectif est d'arriver sur la moto rouge. Si je n'arrive pas à l'obtenir, alors nous chercherons d'autres places.
À l'heure de dresser le bilan de cette saison pas comme les autres, il a comme à son habitude été droit au but pour analyser ses rares faiblesses et exprimé une volonté de fer pour la suite. Aussi, lorsque nous l'avons interrogé sur les courses longues et la manière dont elles l'ont potentiellement pénalisé alors qu'il a remporté neuf sprints, Martìn a tempéré : "Ça n'est pas que j'avais du mal dans les courses longues. J'y ai moins gagné mais j'ai souvent fait deuxième ou troisième. Il faut qu'on progresse le dimanche, mais les progrès à faire ne sont pas si grands pour arriver à gagner aussi les courses longues."
En revanche, il admet avec le recul avoir subi la pression induite par le fait de jouer le titre, alors qu'il avait longtemps réussi à l'éviter. Sa chute en Indonésie, alors large leader, l'a mis au pied du mur. "La vérité c'est que quand je suis tombé en Indonésie et qu'on est ensuite allés en Australie, j'ai eu du mal à retrouver cette mentalité, cette sérénité", reconnaît-il. "Je voulais gagner, parce que je voyais que je perdais des points sur Bagnaia. Alors à ce moment-là, j'ai commencé à attaquer très fort. Je gagnais mais j'avais la pression, et ça n'était pas pareil. Et je pense que pour l'avenir, il va être important que je me souvienne de cette situation."
Photo de: MotoGP
Jorge Martín ne se contentera pas de la médaille d'argent deux années de suite.
Les leçons de 2023 sont donc déjà tirées, et Jorge Martín est tourné vers l'avenir, avec ce double objectif très clair : gagner le titre la saison prochaine puis intégrer l'équipe officielle. "Oui, l'objectif est clair, c'est d'essayer de gagner le championnat en 2024. Je sais que la saison va être longue, dure et compliquée, mais c'est mon objectif. Et je crois que 2023 m'a donné la bonne expérience, elle va me servir pour être plus compétitif en 2024. Je n'ai jamais ressenti une pression aussi forte que celle de cette année, et à mon avis ce sera ma force l'année prochaine", prévient-il.
"L'objectif est d'arriver sur la moto rouge", poursuit Martín. "Je sais que ça va être difficile, parce que la concurrence est forte pour cette place, mais je crois que j'ai déjà suffisamment fait mes preuves. Je vais essayer de démontrer encore plus, mais si je n'arrive pas à l'obtenir, alors oui, nous chercherons d'autres places."
Quid de Marc Márquez, qui vient se mêler à la lutte en intégrant à son tour le clan Ducati ? "L'arrivée de Márquez ne me fait pas peur", affirme-t-il. "Si c'était le cas, il faudrait que je rentre chez moi. Rien ni personne ne me fait peur. Je veux gagner et, si je veux y arriver, je dois forcément battre Márquez aussi. Il fait juste partie de mes adversaires. Par contre, je pense que c'est mieux de l'avoir à proximité, parce qu'on va pouvoir analyser ses données. Mais oui, il va être costaud."
Avec Giacomo Rauli et Matteo Nugnes
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