Zarco : "J'avais l'impression de perdre mon rêve"
Une année de montagnes russes s'achève pour Johann Zarco, bien décidé à rebondir avec Ducati après avoir vu sa carrière connaître "un coup de frein" chez KTM. Le Français, qui désormais s'assume pleinement, assure n'avoir aucun regret.

À quelques mois de ses 30 ans, Johann Zarco a indéniablement passé un cap personnel cette année. Séparé depuis peu de son coach et manager de toujours, il s'est trouvé en première ligne pour gérer une saison particulièrement difficile, ne parvenant pas à maintenir chez KTM la progression amorcée au guidon de la Yamaha satellite les deux saisons précédentes. Après 11 courses, sa décision était prise : il fallait rompre cette union et tenter de prendre un nouveau départ, ailleurs.
"Cela a été une grande expérience, à la poursuite de ce qui reste mon objectif, devenir Champion du monde [en MotoGP]", observe le pilote français dans les colonnes de La Gazzetta dello Sport. "Cette année, l'avancée vers ce but a connu un coup de frein, mais il y a maintenant l'opportunité Ducati. J'étais un pilote rapide et je suis convaincu que j'étais bon aussi pour gagner en MotoGP. Cela a été une année difficile, il s'est passé beaucoup de choses, à commencer par la séparation avec mon manager. L'expérience de la KTM, si elle ne m'a pas fait devenir plus rapide, a plus fait de moi un homme."
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Aujourd'hui, Johann Zarco a beau être attentif aux conseils qu'il reçoit, notamment de la part de Claude Michy ou de Carmelo Ezpeleta, il est celui qui a le dernier mot dans toute décision et il assume pleinement ses choix. "J'aurai bientôt 30 ans et je pense pouvoir parler seul. Je l'ai fait avec Honda et ensuite avec Ducati, et ils ont été heureux de se trouver directement face à moi, ce qui a tout de suite créé une situation claire", souligne-t-il.
Le Cannois assume non seulement ses choix, mais aussi ses éventuelles erreurs. Et après un retournement de situation aussi spectaculaire que celui qu'il a connu chez KTM, il est prompt à reconnaître sa part de responsabilité. "Peut-être que je n'ai pas bien géré ce défi et que j'ai fait des erreurs. Mais ce que je sais c'est qu'en 2017 et en 2018 j'avais un bon rythme et en 2020 j'aurai l'occasion de réessayer. Cette année, je suis passé de bagarres pour le podium à bagarres pour la 17e place. J'étais très en colère, j'avais l'impression de perdre mon rêve", décrit-il.
Pas question, donc, de nourrir de regrets. "Si j'avais ne serait-ce qu'une pensée quant au fait que j'aurais pu faire les choses différemment, cela signifierait que j'ai des regrets. Mais je n'en ai pas", assure-t-il. "Je n'ai plus dix ans devant moi, je ne suis pas Quartararo qui a 20 ans et qui aura d'autres occasions s'il ne réussit pas un défi. Il fallait une décision forte, à mon âge les gens ne te laissent pas beaucoup d'opportunités pour te racheter. Peut-être que j'aurais pu insister, mais je perdais du rythme, j'avais peur de tout gâcher."
Un départ dans la tristesse à Valence
Une fois cette décision majeure prise et officialisée, Johann Zarco se jetait dans le vide. Il restait trois mois avant la conclusion de la saison et aucune place n'était à pourvoir en MotoGP. Un poste de pilote d'essais chez Yamaha a suscité son intérêt, mais l'envie de courir devenue de plus en plus vivace une fois que KTM l'a concrètement remplacé lui a fait comprendre que ce n'était pas un destin pour lui.
"Avec Yamaha nous avions préparé un contrat pour 2020, mais ils ne pouvaient pas rien me promettre pour 2021. Et puis l'opportunité Honda est arrivée : il n'y avait rien, personne ne m'a promis la moto de Lorenzo, mais j'ai accepté, et les doutes que j'avais sur moi ont disparu dès que j'ai essayé la moto", raconte Zarco. Pourtant, là aussi, le choix était risqué et ne lui promettait aucun opportunité concrète sur le moyen terme. Aussi, une fois ses trois courses avec LCR bouclées, la perspective de ne pas pouvoir aller plus loin s'est-elle fait sentir, alors que la place abandonnée par Jorge Lorenzo était vite attribuée à Álex Márquez.
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"La moto a un potentiel énorme. Sauf que trois week-ends de course, ça ne suffit pas. J'ai réussi à la mener un peu à la limite en Malaisie, mais pas à Valence : je me rends compte que je n'étais pas concentré à 100%. Avant le départ j'étais triste, j'avais compris que même si j'avais décroché le podium je ne serais pas resté. Cela pouvait être la dernière course de ma carrière."
C'est alors que les montagnes russes auxquelles Johann Zarco a été soumis lui ont réservé une nouvelle montée, avec cette fois une opportunité inespérée dans le giron Ducati. Le contact, établi grâce à Carmelo Ezpeleta, a fini par aboutir à un guidon au sein du team Avintia, où le Français prendra la place de Karel Abraham. En 12 mois, c'est la quatrième moto à laquelle il aura été lié, et cette fois le mauvais rêve semble bel et bien avoir pris fin.

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À propos de cet article
Séries | MotoGP |
Pilotes | Johann Zarco |
Équipes | Red Bull KTM Factory Racing |
Auteur | Léna Buffa |
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