Les pilotes critiquent la sécurité de Portimão après l'accident d'Espargaró

L'accident dont a été victime Pol Espargaró vendredi à Portimão a provoqué la colère de certains pilotes MotoGP, qui ont demandé des changements pour que la sécurité de la piste portugaise soit améliorée.

Pol Espargaro, Tech3 GASGAS Factory Racing

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Plusieurs pilotes ont exprimé leur colère vendredi soir, après la grosse chute subie par Pol Espargaró lors de la seconde séance d'essais du Grand Prix du Portugal, manche d'ouverture de la saison. L'Espagnol a été désarçonné par sa moto dans le virage 10, où il a ensuite heurté un mur de pneus, sans airfence pour encaisser le choc. Si l'absence de protection gonflable à cet endroit est pointée du doigt, les pilotes reprochent également au circuit d'utiliser des graviers trop gros, qui ont pu, selon eux, contribuer à aggraver la dynamique de cette chute.

Il faut dire que cet accident survient deux semaines après celui de Fabio Di Giannantonio, qui avait relancé une polémique déjà ancienne portant sur la taille des graviers du circuit de l'Algarve. Le pilote Gresini s'est copieusement énervé après avoir subi une commotion cérébrale et avoir dû manquer en conséquence la dernière journée du test de pré-saison, mais on se souvient que Pecco Bagnaia a déjà mis ce problème en lumière l'an dernier en allant jusqu'à rapporter une poignée de graviers au box après une chute.

"Je suis très en colère au sujet de la sécurité de ce circuit, car ça fait quatre ans qu'on demande les mêmes choses et pourtant on n'a toujours pas réussi à trouver d'accord", s'est agacé Pecco Bagnaia après les essais du jour. "Mais aujourd'hui, nous, les pilotes, on peut élever la voix parce qu'un virage sans airfence, c'est incroyable." Et le pilote Ducati d'ajouter : "Sans les graviers, il n'y aurait pas eu de drapeau rouge. C'était une grosse chute mais elle n'était pas aussi grosse [que cela], car Pol a commencé à accélérer quand il est arrivé dans les graviers."

"La première fois qu'on est venu ici, avec mon équipe, j'ai envoyé une photo des graviers à Franco Uncini [alors délégué à la sécurité auprès de la FIM, ndlr] parce qu'ils étaient trop gros. Ce n'était pas normal. L'année dernière, quand j'ai rapporté des graviers au stand, tout le monde a souri et s'est moqué de moi. Et rien n'a changé, jusqu'à la chute de Diggia, qui est arrivée trop tard. La chute de Martín [en 2021] permettait de comprendre facilement qu'il y avait un problème", a estimé le champion en titre en faisant référence à la très lourde chute qui a mis Jorge Martín sur la touche plusieurs semaines il y a deux ans.

Les pilotes vont pouvoir exprimer leurs griefs lors de la traditionnelle réunion de la Commission de sécurité, ce soir. Et cela devrait concerner autant le sujet récurrent de la taille des graviers que l'absence d'airfence à l'endroit où Pol Espargaró est tombé. Peu à peu informés de la manière dont leur collègue s'est blessé, ils ont été plusieurs à exprimer leur volonté de voir une protection gonflable placée dans cette portion avant la suite du Grand Prix.

"Il a touché le mur ?" a ainsi interrogé Marc Márquez lors de sa rencontre avec les médias. "Alors il faut qu'ils mettent un airfence. Je pensais que sa moto l'avait heurté mais il faut donc qu'ils mettent un airfence demain. Pas l'année prochaine, demain."

"C'est incroyable qu'il n'y ait pas d'airfence", a renchéri Joan Mir. "Les personnes qui sont responsables de ces choses-là doivent savoir qu'il n'y a pas assez de dégagement et placer de l'airfence. C'est un endroit dangereux, on ne peut pas attendre que quelque chose arrive."

Un premier drapeau rouge à cause d'une coupure de courant

Cette chute du pilote Tech3 n'était qu'un dernier incident dans une journée déjà mouvementée, car la deuxième séance MotoGP qui débutait à 15h heure locale et devait s'étaler sur une heure, avait précédemment été interrompue pendant une demi-heure à cause de ce qui a été présenté comme un incident technique et qui s'est révélé être une coupure de courant au circuit.

"Déjà, on commence les essais à 15h et on les termine à 16h, ce qui n'est pas le meilleur moment de la journée. Et puis on a continué à avoir du retard à cause des problèmes, il y a eu le drapeau rouge et on est ressortis à nouveau. Un cauchemar", a regretté Miguel Oliveira, qui est tombé juste devant Pol Espargaró et s'en sort avec des douleurs au pied et à la jambe gauche.

Ces horaires sont ceux du nouveau programme mis en place avec l'introduction de la course sprint, mais déjà ils interrogent. "Je pense qu'après ce premier week-end, je pourrai un peu mieux juger le nouveau format", a indiqué Joan Mir, avant d'expliquer : "Je pense que ce qui est arrivé aujourd'hui est un bon exemple de ce qui peut se passer. S'il se passe quelque chose, [comme] un drapeau rouge, on termine à 17h. Peut-être qu'il faudra réfléchir au fait qu'on n'a pas besoin d'une heure d'essais. Ici, à Portimão, la température est plus ou moins bonne, mais que va-t-il se passer au Mans à 17h ? Il va falloir qu'on y réfléchisse, qu'on essaye d'améliorer ce nouveau format. Je suis certain qu'il y a des choses à améliorer et que les autres pilotes seront d'accord avec ça."

Aleix Espargaró a tenu à éviter les polémiques ce soir, préférant surtout penser qu'à son frère, dont il attend des nouvelles rassurantes. "Je ne suis pas en colère. Je veux juste parler avec Pol et j'espère qu'il va bien. On aura le temps pour être en colère contre quelqu'un et placer un airfence, mais pour le moment je ne suis pas en colère, je suis un peu inquiet", a-t-il fait savoir.

Il n'a toutefois pas tardé à exprimer le fond de sa pensée. "Je ne m'explique pas pourquoi il n'y a pas d'airfence", a-t-il fait savoir. "Vu la vitesse de ces motos, il devrait y avoir de l'airfence partout. Il est évident que ça devrait être installé demain. On ne va pas rendre les circuits plus grands qu'ils ne le sont déjà. La chute de Pol est aussi une conséquence de la vitesse à laquelle il est sorti du virage qui précède celui où il est tombé. Avec autant d'ailerons et d'appui, ces motos s'envolent dans les virages. Les pistes paraissent courtes entre une ligne droite et l'autre."

Pol Espargaró se trouve ce soir à l'hôpital de Faro pour y passer une batterie d'examens. Les premières indications fournies par le médecin du championnat après sa chute ont fait état d'un traumatisme au niveau du dos et de la poitrine, d'une "grosse contusion polytraumatique sur l'ensemble de la colonne vertébrale" et d'une "forte contusion pulmonaire", mais avec "un examen neurologique parfaitement normal".

Avec Oriol Puigdemont

Lire aussi :

Rejoignez la communauté Motorsport

Commentez cet article

Voir aussi :

Article précédent Binder souffre du cou, Oliveira du pied
Article suivant Fabio Quartararo se sent déjà "à la limite"

Meilleurs commentaires

Il n'y a pas de commentaire pour le moment. Souhaitez-vous en écrire un ?

Abonnez-vous gratuitement

  • Accédez rapidement à vos articles favoris

  • Gérez les alertes sur les infos de dernière minute et vos pilotes préférés

  • Donnez votre avis en commentant l'article

Motorsport Prime

Découvrez du contenu premium
S'abonner

Édition

France