Puig répond à Michelin après la polémique des pneus à Mandalika

Alberto Puig, patron de l'équipe Honda officielle, a réagi aux commentaires de Michelin au sujet des problèmes de pneus rencontrés au cours du Grand Prix d'Indonésie.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Photo de: MotoGP

La forte chaleur a provoqué des problèmes de blistering au cours du test de pré-saison à Mandalika, ce qui a poussé Michelin à repasser à une construction qui n'avait plus été utilisée depuis 2018 pour la course disputée sur le circuit indonésien. Si la plupart des pilotes ont estimé que cette ancienne carcasse offrait moins de grip, ces problèmes ont surtout touché Honda, qui avait terminé le test du mois de février en tête avec le pneu utilisé pour le reste de la saison.

Pol Espargaró craignait de ne pas voir l'arrivée à cause des fortes sollicitations pesant sur la gomme avant en raison du manque d'adhérence à l'arrière, tandis qu'un highside effroyable de Marc Márquez a entraîné son forfait et provoqué de nouveaux problèmes de vision dédoublée.

Une fois la course terminée, Alberto Puig, team manager de l'équipe officielle, souhaitait se pencher sur le comportement des pneus mais par la voix de Piero Taramasso, Michelin à répondu qu'il n'y "aucun problème" avec les gommes apportées et que Honda n'avait tout simplement pas réussi à les faire fonctionner. Dans une longue déclaration auprès de Motorsport.com, Puig a estimé que les commentaires du responsable de la compétition deux roues du manufacturier français n'étaient "pas nécessaires."

"Bien, sincèrement, et ce n'est que mon point de vue et mon opinion, je ne suis pas très surpris [par les propos de Taramasso]", a estimé l'ancien pilote. "Dans mon dernier Track Report [sa traditionnelle interview post-course, ndlr], j'ai uniquement mentionné que nous devions discuter de la situation avec Michelin, c'est tout. Et nous avons vu comment M. Taramasso a réagi quand il a été interrogé par les médias, ce n'était absolument pas nécessaire..."

"C'est un peu étrange quand il dit, poliment évidemment, que Honda ne sait pas s'adapter. Honda s'est adapté à de nombreux changements techniques, qu'il s'agisse de différents règlements, pneus, tailles de moteurs, catégories, etc, depuis ses débuts en Championnat du monde en 1966, et [Honda] est l'entreprise présente depuis le plus longtemps et la plus victorieuse dans l'Histoire des Grands Prix, avec 25 titres titres des constructeurs et 21 titres chez les pilotes dans la catégorie reine. Est-ce que cela signifie que nous ne savons pas nous adapter ? OK, c'est la première fois que j'entends ça."

Alberto Puig

Alberto Puig

Michelin a précisé que ses conclusions sur les pneus étaient basées sur ses propres données mais Puig estime que dans de telles situations, l'opinion d'un pilote a plus de signification qu'une "ligne sur un ordinateur", tout en précisant que Taramasso "a une mentalité" qui le pousse à "n'admettre aucune erreur."

"Selon mon expérience de la compétition, il faut d'abord parler aux pilotes, pas à Apple, IBM ou Dell quand on voit une ligne sur un ordinateur. Il faut écouter les pilotes et quand on a des Champions du monde titrés plusieurs fois, on peut se dire que ces pilotes savent de quoi ils parlent."

"Dans ce paddock, les constructeurs discutent avec les constructeurs, les pilotes discutent avec l'organisateur, l'IRTA [l'association des équipes] discute avec les équipes et nous sommes souvent en désaccord sur de nombreux sujets. Mais c'est toujours dans la limite des discussions et des débats que nous évoluons et trouvons de bonnes solutions qui permettent d'avancer, dans l'intérêt de toutes les parties impliquées et du championnat."

"M. Taramasso semble avoir une mentalité qui fait qu'à chaque fois que quelqu'un parle directement de ses pneus, il devient hypersensible, n'admet aucune erreur de sa part et, selon moi, c'est une erreur et c'est trop radical. Nous faisons tous des erreurs, lui compris."

En fait, on ne peut comprendre un pneu de course que si on a fait de la compétition. Si on est dans un bureau ou devant un ordinateur, on peut comprendre certaines choses, la théorie, mais on ne comprend jamais la réalité, les sensations que donne un pneu slick.

Alberto Puig

Selon Piero Taramasso, l'absence d'Alberto Puig au test du mois de février ne lui permettait pas de comprendre les problèmes rencontrés sur les pneus. Le dirigeant espagnol, qui devait subir une intervention chirurgicale lors de la première visite à Mandalika, estime que son expérience de pilote lui permet de bien comprendre de telles situations et met en avant le fait que la carcasse apportée par Michelin au GP d'Indonésie était conçue pour des tracés totalement différents.

"Ma compréhension, ou mon déficit apparent en la matière, mentionnée par M. Taramasso n'est vraiment pas précise. À titre d'information pour M. Taramasso, j'ai couru pendant de nombreuses années et j'ai même eu quelques bonnes courses dans les années 1990, avec des pneus Michelin d'ailleurs. Donc je comprends très bien ce qu'un pilote ressent et ce dont il a besoin de la part d'un pneu quand il court sur une machine développant plus de 200 chevaux."

"En fait, on ne peut comprendre un pneu de course que si on a fait de la compétition. Si on est dans un bureau ou devant un ordinateur, on peut comprendre certaines choses, la théorie, mais on ne comprend jamais la réalité, les sensations que donne un pneu slick."

Pol Espargaró

Pol Espargaró

"Le pneu que Michelin a apporté au GP d'Indonésie a été utilisé en Thaïlande et en Autriche il y a quelques années [2017 et 2018, ndlr], sur des pistes qui ont de longues lignes droites. Mandalika est un circuit totalement différent, où l'on a pas beaucoup de longues lignes droites et où la moto est presque toujours sur l'angle ou [dans des virages] inclinés."

"Les pistes de ce type nécessitent une bonne adhérence sur l'angle, il ne faut clairement pas un pneu dur comme de la pierre sur ces pistes. Cette ancienne carcasse avait et a des problèmes qui lui sont propres, en particulier pour faire monter le pneu en température. Nous avons pu voir au cours du week-end de Mandalika que la plupart des chutes survenaient dans les deux premiers tours, un problème qui était récurrent avec ce pneu 2018, et c'est pour cette raison que Michelin a développé de nouveaux pneus."

"De plus, il faut développer une machine du MotoGP autour des pneus pour la saison, donc quand on change les pneus soudainement pour [en adopter] un qui n'est pas celui pour lequel la moto a été conçue, cela complique la situation pour beaucoup d'équipes. Honda n'a pas été le seul constructeur à voir ses pilotes perdre leur rythme et leur sensations soudainement au cours du week-end du GP d'Indonésie."

La course du MotoGP a été raccourcie, pour passer de 27 à 20 tours, en raison de la décomposition de la piste au dernier virage, et Puig estime que cette solution aurait pu être la première option appliquée pour répondre aux problèmes de blistering constaté pendant le test. Il pense qu'il aurait également été possible d'avoir recours à une course flag-to-flag sur piste sèche, comme en Australie en 2013 et en Argentine en 2016 quand des problèmes de pneus avaient fait naître des inquiétudes en matière de sécurité. Puig estime également qu'une mauvaise interprétation des commentaires de ses pilotes sur l'usure des pneus n'était "pas très respectueuse."

Puig ne met pas Michelin en cause pour la chute de Márquez

Concernant la chute de Márquez, survenue après une perte de l'arrière au virage 7 pendant le warm-up, Puig rappelle qu'il ne pense pas pour le moment que Michelin est totalement responsable. "Non, absolument pas", a-t-il précisé lorsqu'il lui a été demandé si la chute de l'Espagnol était entièrement imputable à son pneu. "Je n'ai jamais dit ça, j'ai dit qu'il fallait comprendre totalement la situation et discuter avec Michelin par souci de clarté et pour comprendre quels seront les plans si cette situation était amenée à se reproduire."

"Mais M. Taramasso a surréagi à mes propos. J'ai toujours considéré Michelin comme une entreprise très avancée dans la technologue, un leader du marché dans le développement des pneus de course, pour les voitures comme pour les motos. Ce sont des experts de la compétition et ils travaillent depuis de nombreuses années pour décrocher d'immenses succès dans leur domaine, et ils ont conçu de très bons produits tout au long de ces années en compétition."

"Je suis impliqué dans le monde de la course depuis de nombreuses années et j'ai toujours estimé que quand un pilote tombe et qu'il n'y a pas de problème mécanique évident, il s'agit d'une erreur de pilotage. Mais dans toute chute, il y a des éléments qui contribuent à la chute et les pneus font partie de l'équation. Si M. Taramasso ne peut pas le comprendre ou l'accepter, alors je ne comprends pas sa mentalité ou son approche."

"Vous savez, il y a beaucoup de gens dans ce paddock qui parlent toute la journée, qui parlent constamment de tout. Ce n'est pas mon cas, je ne parle pas beaucoup, je ne m'exprime que quand on m'y invite ou quand j'ai quelque chose à dire. La situation de Mandalika entre dans cette catégorie et j'ai seulement dit que nous avions besoin d'une discussion approfondie avec Michelin. C'est la question. Il y a eu une réaction presque incroyable à une volonté de mieux comprendre la situation."

"M. Taramasso doit comprendre que si certains de mes pilotes ont des problèmes ou des doutes sur quoi que ce soit au sujet de la moto, mon travail, ma responsabilité de team manager est d'enquêter sur le problème et de leur apporter des solutions. J'estime que c'est mon travail, je le fais de cette façon et ça ne changera pas."

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