Opinion

Hamilton chez Ferrari, le chant des sirènes qui nous rassure

Lewis Hamilton a dit oui. Oui à Ferrari, oui à Frédéric Vasseur, oui à un nouveau défi. Si l'on ignore encore tout de ce qu'offrira cette collaboration si souvent fantasmée, elle rappelle déjà que l'Histoire a encore un poids certain en Formule 1. Et c'est tant mieux.

Le vainqueur Lewis Hamilton, Mercedes AMG F1, regarde la Ferrari SF90 de Charles Leclerc, Ferrari, dans le Parc Fermé

Aussi mythique soit-elle, la Scuderia Ferrari avait déjà façonné un septuple Champion du monde de Formule 1 mais n'en avait encore jamais recruté. C'est désormais chose faite ! Égal de Michael Schumacher au nombre de titres, Lewis Hamilton a cédé aux sirènes de Maranello et en portera les couleurs à partir de 2025. Charge à lui d'imiter le Baron rouge dans une aventure où tous les autres à part l'Allemand se sont cassés les dents durant ce que l'on se permettra d'appeler l'ère moderne de la catégorie reine. 

Giuseppe Farina, Juan Manuel Fangio et Mario Andretti avaient eux aussi, en leur temps, rejoint le Cheval cabré déjà auréolés d'au moins un titre mondial. On bouclait alors les trois premières décennies d'une discipline qui n'était pas encore ce qu'elle est devenue aujourd'hui.

Les premières similitudes avec le défi que relève Lewis Hamilton à l'aube de ses 40 ans, on les trouve davantage dans celui que s'était lancé Alain Prost. Au plus fort de sa rivalité avec Ayrton Senna chez McLaren, à l'été 1989, le Français avait annoncé son départ chez Ferrari. Malgré cinq victoires en 1990, les deux années en rouge furent un échec, le poussant jusqu'à une année sabbatique en 1992 sur fond de relations exécrables, avant de conquérir un quatrième et dernier titre en 1993 avec Williams.

Alain Prost a échoué chez Ferrari...

Alain Prost a échoué chez Ferrari...

Photo de: Motorsport Images

Trois ans plus tard, c'est le double Champion du monde Michael Schumacher qui rejoignait une écurie désormais menée par un certain Jean Todt. Le Français allait mettre en place une véritable machine à gagner, après avoir essuyé les déconvenues des premières saisons pour en récolter ensuite les fruits avec cinq titres alignés entre 2000 et 2004. La Dream Team du trio Todt-Brawn-Schumacher demeure un exemple régulièrement salué, à juste titre. Et c'est évidemment le modèle le plus inspirant pour Lewis Hamilton. 

Car si Michael Schumacher avait su fédérer autour de lui et mettre fin à la disette de Ferrari (aucun titre pilotes entre 1979 et 2000), le Britannique pourrait arriver à Maranello avec un vide tout aussi abyssal à combler. À ce jour, l'équipe dirigée par Frédéric Vasseur court après une couronne chez les pilotes depuis 17 ans déjà !

Pourtant, deux autres multiples Champions du monde ont tout tenté pour ne pas voir cette nouvelle pénurie de titres s'éterniser. Fernando Alonso d'abord, arrivé chez Ferrari en 2010. Statistiquement, l'Espagnol a échoué puisqu'il n'a pas décroché de troisième couronne en rouge, mais il faut tout de même souligner qu'il en est passé tout près en terminant deuxième du championnat à trois reprises. Tout tient parfois dans une mauvaise décision stratégique, comme lors d'un fameux dimanche de novembre à Abu Dhabi.

... Mais Michael Schumacher y a écrit une page indélébile !

... Mais Michael Schumacher y a écrit une page indélébile !

Photo de: Rainer W. Schlegelmilch / Motorsport Images

Une fois le Taureau des Asturies parti, la Scuderia a ouvert la page Sebastian Vettel en 2015. Elle a débuté comme dans un rêve en renouant rapidement avec la victoire puis, comme pour le chapitre précédent, le pilote allemand a caressé le rêve du doigt. Caressé seulement. Les saisons 2017 et 2018 auraient pu couronner de succès le défi qu'il s'était juré de réussir mais lui aussi termina deuxième, non sans avoir commis quelques erreurs ou avoir subi celles d'une équipe à l'instabilité parfois chronique. 

Plusieurs fois dans sa carrière, le nom de Lewis Hamilton a circulé chez Ferrari. John Elkann, président de la marque, et Frédéric Vasseur, qui a accompagné les débuts de l'Anglais dans les formules de promotion, resteront d'ores et déjà comme ceux qui sont parvenus à le séduire. Cette même persuasion dont avaient fait preuve Niki Lauda et Ross Brawn en 2012. Arracher le septuple Champion du monde à une maison Mercedes où il a écrit toute son histoire n'est pas un mince exploit. Lewis Hamilton s'y rêvait parfois même d'une loyauté infinie à l'image d'un Stirling Moss

C'est un signal rassurant pour un sport qui, parfois, joue avec le feu au risque de brûler ses propres racines.

Oui mais, dans une Formule 1 qui ne cesse d'évoluer et de vivre avec son temps, il y a des marqueurs invariables. L'influence de Ferrari demeure ainsi à part. Seule marque présente depuis que le championnat existe, son prestige attire encore et toujours, y compris quand le palmarès peine à s'allonger. Ce n'est pas être Tifosi que d'admettre que Ferrari ne sera jamais une écurie comme les autres, c'est simplement respecter l'Histoire. Quelque part, que même Lewis Hamilton rêve d'être celui qui ramène la couronne à Maranello, c'est un signal rassurant pour un sport qui, parfois, joue avec le feu au risque de brûler ses propres racines. 

Ce que vient de vivre la Formule 1 ces dernières heures est historique de par sa rareté. Les transferts d'une telle envergure sont rares et sans doute faut-il remonter une dizaine d'années en arrière pour en trouver l'écho. Déjà, Ferrari était impliquée, avec l'annonce du recrutement de Sebastian Vettel et du départ de Fernando Alonso pour McLaren. Deux ans plus tôt, un certain Lewis Hamilton prenait tout le monde de court en quittant Woking pour une équipe Mercedes qui avait alors tout à construire... On connaît la suite.

Le livre de la F1 est ainsi fait : il y a eu l'échec d'Alain Prost, la gloire dominatrice de Michael Schumacher, la fougue mal récompensée de Fernando Alonso et la symphonie inachevée de Sebastian Vettel. Au tour de Lewis Hamilton, dans un contexte et une époque différents, et avec pour charme habituel le fait de ne pas en connaître l'issue. Et pour dénominateur commun, une envie irrépressible d'écrire l'histoire sous des couleurs de légende. Le plus dur commence... 

Lewis Hamilton et son futur patron, Frédéric Vasseur.

Lewis Hamilton et son futur patron, Frédéric Vasseur.

Photo de: Steve Etherington / Motorsport Images

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