Hülkenberg épingle Abiteboul : "C'est drôle qu'il ne soit plus là"

Nico Hülkenberg regrette la manière dont s'est terminée son aventure chez Renault il y a cinq ans, pointant notamment du doigt l'attitude envers lui de Cyril Abiteboul en 2019.

Alain Prost avec Cyril Abiteboul, directeur général Renault F1 Team, et Nico Hulkenberg, Renault F1 Team

Alain Prost, Cyril Abiteboul et Nico Hülkenberg en 2019 chez Renault.

Photo de: Mark Sutton / Motorsport Images

De ses nombreuses saisons passées en Formule 1, Nico Hülkenberg en a couru trois sous les couleurs de Renault. Recruté en 2017 par le Losange pour décrocher alors son premier contrat d'usine, il devait alors incarner le pilote majeur autour duquel s'articulait le projet tricolore après le rachat de l'écurie d'Enstone un an et demi plus tôt.

Si les deux premières campagnes de l'Allemand se sont inscrites dans un contexte de progression, la troisième s'est avérée plus compliquée, jusqu'à en devenir la dernière. Pour la saison 2019, l'écurie alors dirigée par Cyril Abiteboul avait réussi à convaincre Daniel Ricciardo de quitter Red Bull pour la rejoindre, au point de renoncer à la parole donnée pour engager Esteban Ocon, laissant le Français sur le carreau afin de libérer le baquet pour l'Australien.

Ce n'est toutefois pas directement l'arrivée d'un coéquipier de ce calibre qui a posé de vrais soucis à Nico Hülkenberg, qui avait auparavant dominé Jolyon Palmer et Carlos Sainz. L'Allemand estime que la direction a alors changé d'attitude envers lui, misant tout sur Daniel Ricciardo.

"En soi, ce n'était pas difficile d'être son coéquipier", assure Nico Hülkenberg dans un entretien accordé à GP Racing. "Mais je pense que pendant cette période, il s'est passé des choses au sein de l'équipe qui, en particulier avec le management, n'ont pas été très positives pour moi."

"Quand on recrute un grand pilote, il faut convaincre le conseil d'administration et payer le prix fort. Mais ensuite, les performances de la voiture ne sont pas vraiment à la hauteur de ce qu'elles devraient être, ou de ce qui a été promis au conseil d'administration, et la pression se fait sentir. Et puis il y a eu des décisions stratégiques, et ça a tourné dans le mauvais sens pour moi."

Le regret d'avoir obéi aux consignes

À l'issue de la saison 2019, Renault a fait le choix de ne pas prolonger le contrat de Nico Hülkenberg, notamment poursuivi par son image de pilote expérimenté mais n'ayant pas signé le moindre podium en F1. C'est d'ailleurs toujours le cas aujourd'hui. À l'époque, Cyril Abiteboul n'avait pas hésité à citer la sortie de piste du pilote allemand à Hockenheim, où il était en lice pour son premier podium, comme un facteur ayant contribué à sa décision de s'en séparer.

Ricciardo devant Hülkenberg à Montréal en 2019.

Ricciardo devant Hülkenberg à Montréal en 2019.

Photo de: Joe Portlock / Motorsport Images

Au terme de cette année-là, Nico Hülkenberg s'est classé à 17 points de son coéquipier au championnat mais cet écart s'est principalement creusé durant la deuxième moitié de saison. Le mal était fait et la tendance déjà claire, l'Allemand se souvenant notamment de consignes de course incompréhensibles selon lui, reçues dès le Grand Prix du Canada, où le muret des stands lui avait interdit de dépasser Daniel Ricciardo malgré des gommes en bien meilleur état. Le tout pour terminer sixième et septième.

"Je ne comprenais pas", se souvient-il. "Ce fut l'un des tournants. OK, la saison avait été difficile jusque-là, mais la décision de figer les positions... J'aurais pu le dépasser facilement. J'avais des pneus beaucoup plus frais, le dépassement se serait fait sans le moindre risque. Pour moi, c'était une explication absurde... Avec le recul, je n'aurais pas dû obéir. Bien sûr, ils n'auraient pas aimé, ça aurait provoqué des frictions. Et alors ? Ça arrive tout le temps qu'il y ait des frictions dans l'équipe, et puis la saison continue, on passe à la course suivante. Les choses s'oublient assez vite !"

"Après, je pense que c'est durant la deuxième partie de saison que je n'ai plus ressenti de soutien, et que je me suis rendu compte que nous ne formions plus vraiment une équipe avec le management. Ce que nous avions construit au cours des deux années précédentes s'est dissous, en quelque sorte. Ce n'était pas génial, et ça a évidemment eu aussi une incidence sur mes performances."

Pinçant comme il sait l'être depuis toujours, Nico Hülkenberg est passé à autre chose mais n'a pas oublié. Après avoir rebondi chez Haas, il a convaincu Audi d'en faire l'une des figures de proue de son futur engagement en Formule 1. Une discipline où il ne croise plus aujourd'hui Cyril Abiteboul, devenu patron des activités sportives de Hyundai, notamment en WRC.

"C'est drôle que, cinq ans plus tard, il ne soit plus là", glisse-t-il dans un sourire. "J'étais parti moi aussi, mais je suis revenu, et je suis toujours là. Ça veut dire quelque chose. Il y a aussi un détail qui n'est peut-être pas très connu : en fait, c'est Fred [Vasseur] qui m'a fait signer... C'est lui qui m'a fait venir. Mais il a aussi rencontré des problèmes en interne et il est parti très vite. Ça aussi, c'était un changement."

Propos recueillis par Oleg Karpov

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