Malgré le peu de spectacle, Miami restera un incontournable

Sous les yeux d'une ancienne première dame des États-Unis, d'une légende du basket-ball ou du meilleur quarterback de la NFL, le spectacle du Grand Prix de Miami sur la piste n'a jamais fait d'ombre aux stars dans le paddock.

Charles Leclerc, Ferrari F1-75, arrive sur la grille

Charles Leclerc, Ferrari F1-75, arrive sur la grille

Mark Sutton / Motorsport Images

Les performances les plus marquantes du Grand Prix de Miami n'ont pas été celles de Max Verstappen, de Charles Leclerc ou d'Esteban Ocon, bien qu'ils aient tous été très solides en course. Il s'agit plutôt de Martin Brundle, dont la remontée de la grille pour Sky Sports F1 a permis de donner un sens à la folie de ce nouvel événement rempli de célébrités.

Le journaliste britannique a slalomé entre les sœurs Williams, Pharrell Williams et Patrick Mahomes... qui s'est avéré Paolo Banchero, future star de la NBA. Un moment de télévision assez divertissant. L'air légèrement perplexe de Brundle face à tout ce spectacle donnait vraiment l'impression d'assister à un voyage bizarre où personne ne savait ce qui allait se passer.

La fausse marina qui a tant fait parler à Miami.

La fausse marina qui a tant fait parler à Miami.

Cela ne pouvait se produire qu'ici. Je vis à Miami depuis plus de sept ans maintenant, donc je n'ai pas été surpris d'entendre parler de la fausse marina, des téléphériques au-dessus de la piste ou du Hard Rock Beach Club (avec de fausses sirènes qui se prélassent), où un parking a été construit au milieu du paradis. C'était tellement digne de Miami.

Malgré toutes les critiques concernant l'américanisation de la F1, l'aspect sportif et le spectacle n'ont pas bougé. Aucune tentative n'a été faite pour modifier cette facette, sans temps morts ni danseurs sur la piste pendant la période de voiture de sécurité. Bien sûr, il y avait des DJ de renommée internationale qui faisaient tourner leur musique entre les séances, mais de toute façon, tout se passe ici sur un fond sonore.

Et si Pirelli donnait aux pilotes présents sur le podium des casques de football américain au lieu de casquettes, au cœur d'un stade de NFL ? Ils ont bien fait des chapeaux de cow-boys à Austin, des chapkas à Sotchi et des sombreros à Mexico.

L'ancienne légende de la NBA Michael Jordan sur la grille.

L'ancienne légende de la NBA Michael Jordan sur la grille.

Pour toute personne présente au Hard Rock Stadium, avoir la chance d'être sur le même site que Michelle Obama, Michael Jordan et Tom Brady a rendu la journée inoubliable avant même les premiers tours de circuit. Dans le reste du monde, l'envie d'être sur place était palpable sur les réseaux sociaux, que vous sachiez ou non qui étaient ces célébrités et influenceurs qui gambadaient.

Pour les spectateurs à Miami, il y a de fortes chances que ces derniers aient payé un joli prix pour ce privilège. SeatGeek a révélé que les billets pour la course avaient un prix de revente moyen de 2325€ . À titre de comparaison, les billets pour le Grand Prix des États-Unis à Austin sont à un peu plus de 960 €. Dans d'autres disciplines majeures dans le pays, ceux pour le Daytona 500 en NASCAR se vendent 300 € et ceux pour la prochaine édition des 500 Miles d'Indianapolis 350 €. Un de mes amis a acheté six billets, puis en a vendu quatre. Bilan de l'opération : un profit de près de 3 000 € !

Sans vouloir me vanter, je me suis glissé dans le Paddock Club Est, qui offrait une vue sensationnelle sur la zone de freinage du virage 1, que j'avais repérée comme un point d'observation parfait lors de mes précédentes visites sur le site, alors que le circuit était en construction. 

Les tribunes du Paddock Club Est.

Les tribunes du Paddock Club Est.

La réalisation TV n'a pas été idéale à Miami, et elle a notamment manqué le premier virage du premier tour des essais : presque tous les pilotes ont trop accéléré et sont partis à la faute ! Le public a adoré voir les erreurs se succéder, et même lorsque les pilotes ont compris le point de freinage (qui était clairement plus tôt que ce que leurs simulations leur avaient laissé croire), Charles Leclerc et Yuki Tsunoda ont pu effectuer leurs pirouettes.

J'étais dans les sièges VIP grâce au fournisseur de mousseux de la F1, Ferrari Trento, qui a révélé que 50 000 bouteilles de son vin pétillant avaient été consommées par les 200 000 fans présents sur le circuit et dans la région de Miami pendant le week-end de course. Les casquettes Red Bull, Mercedes ou Ferrari semblent être l'article incontournable sur la Lincoln Road de South Beach en ce moment. À mon avis, une F1 prospère et populaire est une bonne F1, surtout sur un marché qu'elle a eu du mal à pénétrer pendant si longtemps.

Les fans sur les terrasses du Hard Rock Stadium.

Les fans sur les terrasses du Hard Rock Stadium.

Mais si vous vous sentez mal à l'aise devant l'étalage de VIP exhibant leur argent, rassurez-vous : une défaillance majeure de la part du fournisseur d'hospitalité a entraîné un manque de nourriture le vendredi. Voir que des gens riches se font refuser des choses, surtout quand on sait le prix qu'ils ont payé pour avoir des places de choix, est assez inimaginable. Mais vous n'avez pas eu l'occasion d'en entendre parler, car la nourriture était abondante dans le centre des médias !

Le nombre de femmes qui ont assisté à la course a été un énorme point positif pour moi tout au long du week-end. C'était la première fois que je voyais une telle diversité sur un circuit, et elles n'étaient pas traînées par leurs maris ou petits amis (dans de nombreux cas, c'était même l'inverse). Le contingent féminin tout autour du site semblait totalement engagé dans l'événement et savait exactement qui encourager et pourquoi. Cela explique en partie l'augmentation que nous avons constatée dans la dernière enquête portée sur les fans de F1 : l'impact de la série Drive to Survive a été extrêmement positif pour l'intérêt des femmes dans ce sport, et pas seulement pour le public américain en général.

Les tribunes étaient pleines à Miami.

Les tribunes étaient pleines à Miami.

En ce qui concerne la télévision, la couverture en direct sur le réseau ABC a généré une audience de 2,6 millions de téléspectateurs, un record pour la F1 dans l'histoire des États-Unis (le précédent était de 1,7 million pour le Brésil, en 1995), mais c'était un peu moins que le nombre impressionnant de téléspectateurs pour la NASCAR sur FS1 à Darlington, qui a commencé au même moment.

Une chose qui m'a paru étrange, c'est l'horaire du week-end. En plus d'entrer en conflit avec la NASCAR, le fait de repousser le départ en fin d'après-midi à Miami, au mois de mai, était propice aux orages. La F1 a eu de la chance avec un vent allant dans la bonne direction, mais le ciel ne s'est dégagé qu'en soirée.

Avec la débâcle de Spa encore présente dans les esprits, le protocole habituel pour faire face aux orages américains est d'arrêter la course et d'évacuer la foule des tribunes jusqu'à l'arrêt de la foudre dans un rayon de 10 miles pendant 30 minutes. Ce scénario aurait été catastrophique pour le spectacle. Apparemment, un "plan très détaillé en place" pour la foudre était en place, mais personne n'a voulu me dire ce qu'il en était réellement...

Lewis Hamilton au volant de la Mercedes W13.

Lewis Hamilton au volant de la Mercedes W13.

Les pilotes ont adoré être à Miami, mais ont trouvé quelque chose à redire sur le circuit. Pour moi, le fait que la piste soit différente a été un élément clé du succès de cet événement. Il fallait un argument de poids, surtout avec le circuit tracé dans les rues de Las Vegas qui arrivera l'année prochaine. Le stade offrait une toile de fond unique, et la surface inhabituelle de la piste a donné du fil à retordre aux pilotes et aux écuries.

J'ai fait un tour de piste le vendredi, et depuis le siège passager d'une Aston Martin Vantage, le contraste entre les sections rapides et fluides et les sections sinueuses qui suivent l'épingle du virage 11 était énorme. Encore une fois, cet aspect distingue le circuit des autres, et je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose que les pilotes se plaignent de cette fameuse chicane : ils sont censés être les meilleurs du monde, il n'y a aucune raison de devoir rendre une piste "facile".

Fernando Alonso et Stefano Domenicali.

Fernando Alonso et Stefano Domenicali.

Comme Stefano Domenicali l'a dit : "S'ils ne sont pas heureux, il y a beaucoup d'autres sports. Je plaisante !". Beaucoup de vérités sont dites en plaisantant, Stefano... Le PDG de la F1 a ensuite ajouté : "Comme toujours, nous devons regarder en perspective, au sens large. Ce que nous avons vécu ce week-end est énorme pour le sport." Tout à fait juste aussi. Le Grand Prix de Miami ne pouvait pas se contenter des courses en piste pour justifier sa présence au calendrier, car le sport ici n'est rien sans le spectacle autour.

Venus Williams sur la grille de départ.

Venus Williams sur la grille de départ.

Même si on avait pu garantir des batailles comme celle de Villeneuve et Arnoux à Dijon en 1979, combinées au chaos des accidents de Silverstone en 1973 avec Max Verstappen franchissant la ligne d'arrivée à reculons, les gens auraient toujours parlé de ce silence incroyablement gênant entre Brundle et Venus Williams sur la grille de départ. Comme Monaco, qui a même une vraie marina, cette course devrait être célébrée pour ce qu'elle est : un événement unique qui ne devrait jamais être considéré comme la norme.

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