Le duel Bagnaia-Quartararo parmi les 10 titres les plus serrés
Le championnat 2022 a dû attendre son ultime Grand Prix pour livrer son dénouement, jusqu'à sceller un écart final de 17 points entre Pecco Bagnaia et Fabio Quartararo. Voilà qui fait de cette lutte pour le titre l'une des dix plus serrées que l'on ait pu observer dans la catégorie depuis la mise en place du barème actuel en 1993. Retour sur ces différents épisodes, avant l'arrivée des courses sprints qui vont changer la donne mathématique en 2023.
Márquez vs Dovizioso (2017) 37 points
Premier duel entre Marc Márquez et Andrea Dovizioso en 2017
La saison 2017 commence de façon laborieuse pour le champion en titre, Marc Márquez, au point de vite devenir l'une des plus incertaines du championnat, avec cinq vainqueurs différents célébrés durant la première moitié. Le pilote Honda, lui, connaît un seul succès en huit courses, encaisse plusieurs chutes et cumule jusqu'à 37 points de retard… Mais passé le cap de la mi-saison, la physionomie du championnat change et un duel se dessine entre Márquez, passé à la vitesse supérieure, et Andrea Dovizioso. Tous deux se partagent alors une longue série de victoires, sans ne plus rien laisser à leurs rivaux.
Pour la première fois, le pilote italien a ses chances, lui qui a mis fin l'année précédente à une longue disette personnelle et qui incarne désormais le retour au premier plan de Ducati. Les planètes semblent enfin s'aligner, et certaines de ses performances resteront longtemps en mémoire, à l'instar de ces victoires superbement arrachées à Márquez dans le dernier virage en Autriche et au Japon. Mais il en faut encore plus pour venir à bout de l'ogre espagnol, dont la moyenne passe de 13 à 19,4 points/course. Même si Dovizioso repousse l'échéance au dernier Grand Prix, sa chute à Valence finit par garantir le titre au pilote Honda.
Rainey vs Schwantz (1993) 34 points
Wayne Rainey et Kevin Schwantz, les meilleurs ennemis
En 1993, le championnat a déjà 44 ans et le barème points toujours d'actualité de nos jours entre en vigueur, avec 15 pilotes récompensés et une victoire valant 25 points. Wayne Rainey se présente en favori à l'entame de la saison, fort de ses trois titres consécutifs. Depuis son arrivée en 1988, il fait chaque année partie des vainqueurs des courses et n'a jamais quitté le trio de tête du championnat, qu'il ait été opposé à Eddie Lawson, Wayne Gardner ou Mick Doohan. Et à Kevin Schwantz, bien sûr, déjà son meilleur ennemi aux États-Unis et arrivé en même temps que lui dans le Championnat du monde. Référence permanente l'un pour l'autre, ils sont aussi liés par leurs batailles en piste que différents dans leur approche et leur style.
Pour Schwantz, habitué à gagner moins, cette saison commence mieux que les précédentes et il se montre enfin régulier, engrangeant de gros points entre ses victoires et ne descendant jamais du podium durant les neuf premières courses. En marquant le pas à Donington et Brno, le Texan se fait déposséder de la première place au championnat par Rainey, qui arrive en leader à Misano, 11e des 14 courses de la saison. Mais le championnat et la vie du Californien basculent alors, lorsqu'un accident le cloue sur un fauteuil roulant. Schwantz reprend (bien malgré lui) les rênes du championnat sur cette manche, puis termine quatrième à Laguna Seca. Sur la dernière course, à Jarama, un nouveau podium lui vaut le titre, mais en l'absence de son rival.
Doohan vs Beattie (1995) 33 points
Duel entre Australiens en 1995
Deux ans plus tard, l'écart entre les deux premiers du championnat est sensiblement le même, mais le scénario totalement différent. Cette fois, Mick Doohan se présente en tant que Champion du monde en titre, après avoir réalisé la saison parfaite l'année précédente. Il débute idéalement sa campagne mondiale en signant deux victoires, chaque fois devant son compatriote Daryl Beattie.
Celui-ci bat son aîné sur la troisième manche, au Japon, puis il réalise l'exploit de s'emparer des commandes du championnat à Jerez. Pourtant en délicatesse avec ses pneus et seulement septième en course, Beattie profite en effet de la chute de Doohan, alors leader, pour passer en tête de la hiérarchie mondiale. À la surprise générale, le jeune Australien enfonce le clou en s'imposant en Allemagne, alors que Doohan se blesse aux essais puis part une seconde fois à la faute en tête de la course.
Deux victoires du champion en titre et une blessure de son adversaire à Assen inversent à nouveau l'ordre au championnat un mois plus tard. À partir de là, Doohan devance systématiquement Beattie lors de chacune des courses restantes. Celui-ci continue cependant à engranger de gros points, au point de repousser le verdict à l'avant-dernière manche, en Argentine, où Doohan s'impose, une nouvelle fois devant celui qui restera son dauphin au championnat.
Quartararo vs Bagnaia (2021) 26 points
Fabio Quartararo, champion en 2021 malgré le retour en force de Pecco Bagnaia
En 2021, le COVID-19 a un an et le championnat a appris à vivre avec, si bien qu'après les 14 manches de l'année précédente le titre se décide désormais en 18 rounds. En 2020, l'effondrement de Fabio Quartararo en fin de saison, alors que l'on avait pu penser que le titre lui était destiné compte tenu de sa superbe entame de championnat, a laissé des enseignements clairs dans le clan du Français et c'est plus solide que jamais mentalement qu'il aborde la nouvelle année. Il gagne cinq fois, mais réussit aussi à se montrer régulier le reste du temps pour peu à peu cumuler un gros capital de points.
Il peut s'en estimer soulagé en fin de championnat car cette avance prise lui permet d'aller au bout de sa mission et d'être titré, une première pour un Français dans la catégorie reine, alors que le vent a pourtant tourné. Car c'est Ducati qui écrase la fin de cette saison, et notamment Pecco Bagnaia qui remporte sa première victoire et s'impose même quatre fois en six courses pour terminer tout près du nouveau champion au classement final. Une dynamique qui fait alors de lui le favori incontesté des parieurs pour la saison suivante...
Lorenzo vs Pedrosa (2012) 18 points
Jorge Lorenzo challengé par Dani Pedrosa en 2012
En 2012, Jorge Lorenzo prend immédiatement les rênes du championnat et doit se confronter d'abord à Casey Stoner, puis à Dani Pedrosa qui prend l'avantage sur l'Australien après la huitième manche. À partir de là, le Catalan signe sept victoires et, tandis que son coéquipier se blesse pendant l'été, il s'affirme comme le réel opposant à Lorenzo.
Les deux Espagnols rivalisent de régularité, Lorenzo ne manquant le podium que deux fois sur l'ensemble de la saison, et Pedrosa trois fois. Chacun d'eux subit notamment un abandon en étant emmené dans la chute d'un autre pilote, mais c'est en Australie que Pedrosa perd le titre. Alors qu'il était revenu à 23 points de Lorenzo, il chute en tête de la course et ouvre la voie au sacre du Majorquin, qui passe sous le drapeau à damier en deuxième position. Jusqu'à ce dénouement, Lorenzo avait toujours engrangé le maximum de points possibles, terminant systématiquement deuxième des courses remportées par Pedrosa. Une régularité qui paye et qui lui permet d'être à l'abri avec une course d'avance, alors que la dernière verra justement Pedrosa gagner et lui-même chuter.
Bagnaia vs Quartararo (2022) 17 points
Pecco Bagnaia, successeur de Fabio Quartararo en 2022
La saison 2022 figure parmi les cinq championnats les plus serrés depuis la création du MotoGP. Pecco Bagnaia a beau remporte sept victoires, contre trois seulement pour Fabio Quartararo, le pilote Ducati doit attendre la dernière course pour être officiellement déclaré vainqueur, la faute à une grande irrégularité durant la première moitié de l'année et un retard cumulé de 91 points à mi-saison.
Entre une équipe Ducati tardant à trouver la base de la GP22 et un Bagnaia au mental parfois vacillant, de gros points sont perdus durant la première partie des courses, à l'avantage de Quartararo, mais aussi d'Enea Bastianini et d'Aleix Espargaró, qui se lancent plus vite dans leur championnat. Et puis le pilote officiel Ducati trouve la clé, enchaîne quatre victoires pendant l'été, et parvient à se montrer suffisamment sage en fin de saison lorsqu'il le faut. Quartararo, lui, paye l'infériorité de sa machine, qu'il est le seul à mener aux avant-postes, ainsi que quelques épisodes malchanceux, tels un accrochage avec Marc Márquez en Aragón et une mauvaise pression de pneu choisie par son chef mécanicien en Thaïlande. Il a beau repousser la première balle de match de son adversaire, il doit s'incliner lors de la dernière manche.
Mir vs Morbidelli (2020) 13 points
Joan Mir, titré avec Suzuki en 2020
Avec la pandémie de COVID-19 et ses conséquences, la saison 2020 est ramenée à 14 Grands Prix seulement et c'est en gagnant une seule fois que Joan Mir remporte le titre, grâce à une grande régularité. C'est la douche froide pour Fabio Quartararo, qui entame le championnat en signant ses deux premières victoires, puis qui reste en tête jusqu'à la neuvième manche avant de s'effondrer en fin de saison. Il voit alors le pilote Suzuki prendre l'ascendant jusqu'à coiffer la couronne à l'avant-dernier Grand Prix.
La dégringolade est si rude pour le Français, que c'est son coéquipier Franco Morbidelli qui finit par se rapprocher dangereusement de Mir. L'Italien fait un bond dans la partie finale pour n'échouer qu'à 13 points du pilote Suzuki, contraint à l'abandon à la dernière course. Quartararo, lui, n'est plus que huitième à l'issue du championnat.
Hayden vs Rossi (2006) 5 points
Nicky Hayden, champion pour cinq points face à Valentino Rossi
Fort des cinq titres qu'il vient d'enchaîner depuis son arrivée dans la catégorie reine, Valentino Rossi paraît invincible. Pourtant, cette saison 2006 va bouleverser l'ordre établi, et d'abord concernant les vainqueurs en course car ils sont sept à s'imposer sur l'ensemble du championnat, Rossi ne signant "que" cinq succès contre neuf ou 11 les années précédentes. Et puis il y a Nicky Hayden. Sur une Honda pas vraiment aboutie et servant en partie à préparer la nouvelle machine de l'année suivante, l'Américain n'est pas, sur le papier, favori pour le titre. Il en est à sa quatrième saison et a remporté sa première victoire l'année précédente, ce qui fait de lui un outsider régulier, mais les observateurs peinent à l'imaginer rivaliser avec Rossi pour le titre.
Régulier, c'est bien le mot, car en montant systématiquement sur le podium sur les premières courses, Hayden s'empare de la tête du championnat après le troisième Grand Prix et s'apprête à y rester jusqu'en octobre, avec pour seule parenthèse la première place reprise par Capirossi après le Mugello mais à égalité de points. Rossi n'est alors que cinquième, des faux pas et résultats mitigés lui coûtant cher malgré ses victoires.
Le #46 remonte pendant l'été, puis il perd gros à nouveau à Laguna Seca, où Hayden signe sa deuxième victoire de l'année. L'écart entre eux culmine alors à 51 points. Lors des cinq courses suivantes, la tendance s'inverse : Rossi enchaîne les podiums et gagne en Malaisie, tandis qu'Hayden ne parvient plus à figurer dans le top 3. Pire, son coéquipier le fait chuter à l'avant-dernière course, lui faisant cette fois perdre la tête du championnat tout en le blessant.
Tout se joue donc à Valence, où Rossi arrive avec huit points d'avance. Mais il n'est pas dans le coup sur cette dernière course et sa 13e place finale (après une chute) lui coûte très cher face au podium de l'Américain. L'écart final est de cinq points, en faveur du Kentucky Kid. Cinq points, c'est ce qu'a coûté à Rossi la victoire qui lui a échappé pour deux millièmes au Portugal.
Lorenzo vs Rossi (2015) 5 points
Un autre titre perdu pour cinq points pour Valentino Rossi
Valentino Rossi avait déjà été battu pour cinq points. Il avait déjà été battu après être arrivé sur la dernière manche de la saison en leader du championnat. Eh bien, en 2015, il connaît à nouveau ce double sort.
Leader du championnat dès la première course, le Docteur semble avoir réuni toutes les pièces du puzzle pour aller chercher ce fameux dixième titre (toutes catégories confondues) après lequel il court depuis 2010. Il s'oppose principalement à Marc Márquez, qui commet toutefois trop de fautes pour rester durablement en lice, et à Jorge Lorenzo, plus résistant même s'il est moins présent que l'Italien sur le podium. L'écart entre les deux pilotes Yamaha reste faible toute la saison, et il est même effacé à Brno lorsque le Majorquin prend la tête à égalité de points à la faveur de ses cinq victoires, contre trois pour Rossi.
Le tournant intervient en Malaisie, lors de l'avant-dernier Grand Prix, lorsque Rossi reproche à Márquez d'avoir interféré dans la course au titre la semaine précédente, en Australie, et surtout lorsqu'il est jugé coupable de lui avoir asséné un coup de pied en course. Pénalisé, l'Italien doit partir du fond de la grille à Valence, transformant la dernière course de la saison en une remontée étourdissante. Seulement, pendant que Lorenzo file vers la victoire, le Docteur ne peut grimper plus haut que la quatrième place et il perd ainsi sa courte avance au championnat.
Márquez vs Lorenzo (2013) 4 points
Un premier titre décroché de justesse pour Marc Márquez
À son arrivée en MotoGP, Marc Márquez ne fait pas dans la demi-mesure. Déjà titré en 125cc et Moto2 en à peine cinq saisons, il est, à 20 ans, en capacité de ramener Honda vers le titre en catégorie reine. Un premier podium à Losail puis une première victoire à Austin et le voilà déjà leader du championnat après ses deux premières courses. Mais Jorge Lorenzo puis Dani Pedrosa s'affirment peu à peu comme des adversaires féroces, si bien que le rookie marque le pas au championnat.
C'est sur l'une de ses pistes fétiches, le Sachsenring, qu'il reprend les rênes, pendant que ses deux rivaux sont forfaits sur blessure. Cette fois, Márquez ne va plus quitter la tête du championnat, alimentant son avance grâce à quatre victoires consécutives et à une série de podiums qui le mène à afficher 43 points d'avance après le Grand Prix de Malaisie. Il reste alors trois courses et on imagine mal que ce championnat va finalement être le plus serré depuis la mise en place du barème de points actuel.
Tout bascule en Australie, quand Márquez se fait disqualifier pour une erreur au changement de moto tandis que Lorenzo entame une série de trois victoires. Le Majorquin n'a plus que 13 points de retard en arrivant à Valence et il met tout en œuvre pour rendre une copie parfaite. Sa troisième place en course est toutefois suffisante au pilote Honda pour coiffer la couronne, avec quatre petits points de marge.
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