Avec Espargaró, Tech3 se reprend à rêver de la victoire pour 2023

Après ses deux victoires de 2020, le team Tech3 ambitionne de retrouver la première marche du podium en retrouvant la saison prochaine Pol Espargaró.

Pol Espargaro, Tech3 GASGAS Factory Racing

Photo de: GasGas Factory Racing

C'est peu dire que la saison 2022 a été avare en satisfactions pour Tech3, avec seulement 27 points totalisés par les deux pilotes, jamais entrés dans le top 10 en course. Passée cette année douloureuse pour sa formation, Hervé Poncharal veut croire en des lendemains meilleurs grâce aux différents ingrédients qui viennent se mixer : le changement de line-up de Tech3, avec notamment le retour de l'expérimenté Pol Espargaró, le nouveau projet auquel l'équipe française adhère via la marque GasGas, mais aussi un élément immuable, à savoir la puissance que KTM peut investir dans sa tentative de rectifier ce qui doit l'être sur la RC16.

Homme de groupe, pour ne pas dire de famille, Hervé Poncharal a conclu le championnat 2022 avec un regard plus qu'intéressé sur la performance réalisée par la moto sœur de Brad Binder lors de la dernière course. Symbole de ce que la RC16 peut réaliser, le Sud-Africain a réussi à remonter dans la hiérarchie après une qualification moyenne − quoique sa deuxième meilleure de l'année ! − en septième position, jusqu'à terminer sur les talons du vainqueur. Une performance qui en disait long, encore une fois, sur le potentiel pur de la machine de Mattighofen, dont les points faibles ont clairement été identifiés et concentreront toute l'attention des ingénieurs pendant la pause hivernale.

Chez Tech3, on espère évidemment en profiter grâce à un statut égalitaire dans la fourniture du matériel entre les deux équipes. "Je pense que tous les packages techniques sont d'un niveau assez proche, tous les packages techniques sont bons. Cinq marques sur six ont gagné des courses en 2022, les seuls qui n'ont pas gagné sont le leader mondial de la moto [Honda, ndlr]. Si on croit dans son package, qu'avec son équipe et avec les ingénieurs on a envie d'avancer… Je crois aux cercles vertueux et vicieux. Je pense qu'en 2023, on a tout pour que l'ambiance soit beaucoup plus sereine, constructive, positive, et j'espère que les résultats s'en ressentiront", a ainsi souligné Hervé Poncharal au micro de Canal+.

"Il est très important d'être comme Brad, d'attaquer avec le sourire, d'être positif, de faire des commentaires positifs, d'être uni avec son équipe, de rigoler avec elle", a ajouté le responsable français auprès du site officiel du MotoGP. "Il faut mener tout le groupe vers quelque chose de positif. C'est ce que je recherche. Le matin, je veux ouvrir le garage et voir tout le monde avec le sourire, rire, s'amuser, qu'on croie les uns en les autres, qu'on ait confiance les uns en les autres, et qu'on partage. C'est comme ça qu'on peut le faire."

Tech3 prend les couleurs de GasGas pour 2023, toujours en étroite collaboration avec KTM

Tech3 prend les couleurs de GasGas pour 2023, toujours en étroite collaboration avec KTM

Côté pilotes, tout change dans l'équipe française. Le binôme formé par Remy Gardner et Raúl Fernández, arrivés ensemble après s'être battu pour le titre Moto2, est remplacé par deux profils cette fois bien différents. D'un côté, Pol Espargaró, 31 ans, qui se lance dans sa dixième saison dans la catégorie reine et a déjà été pilote officiel pour KTM puis Honda. De l'autre Augusto Fernández, 25 ans, vainqueur du championnat Moto2 lors de la toute dernière manche 2022 et seul débutant inscrit dans la catégorie reine pour l'année prochaine.

S'il est donc d'ores et déjà garanti du titre de Rookie de l'année, ce dernier n'en devra pas moins faire ses preuves. "On va essayer […] de bien faire travailler Augusto pour qu'il fasse cette année de rookie de la manière la plus intéressante possible, la plus constructive possible, et pourquoi pas se battre de temps en temps dans le top 10. C'est l'objectif", a annoncé Hervé Poncharal.

Mais c'est logiquement avec Espargaró que le patron français nourrit les ambitions les plus élevées : "Pour Pol, tous les rêves sont là. Il n'y a pas de limites. Je sais qu'il court toujours après sa première victoire en Grand Prix donc on espère que durant cette année, sous les couleurs GasGas, il va la décrocher, et puis pourquoi pas se battre dans le top 5 au niveau mondial." Pour Hervé Poncharal, le dédoublement des courses en 2023 avec l'entrée en vigueur du format sprint offre des opportunités qu'il va absolument falloir saisir. "Il faut en gagner en moins une l'an prochain avec ces 42 courses", martelait-il à l'heure où se terminait le premier test de l'intersaison, celui qui a vu Espargaró reprendre ses marques.

Des retrouvailles à double niveau

Pour le pilote espagnol, c'est un double retour au bercail puisqu'il retrouve KTM pour qui il a couru jusqu'en 2020, mais aussi le team Tech3, qu'il avait justement quitté au bout de trois saisons pour rejoindre le constructeur autrichien à une époque où la formation de Bormes-les-Mimosas était liée à Yamaha. Arrivé en tant que Champion du monde Moto2 sortant, il avait été déçu par le manque de promotion de la part du constructeur japonais au bout de ses trois années d'apprentissage et avait donc fait le choix de s'en aller malgré la "très belle relation" dont se souvient Hervé Poncharal.

Durant les quatre années suivantes, Espargaró s'est affirmé comme le leader du clan KTM, contribuant grandement à développer la RC16 et offrant à la marque les caps qui ont peu à peu traduit sa progression, à la seule exception de la victoire, qui lui a toujours échappé. Et puis il y a eu le divorce, inattendu pour Mattighofen.

"Ça a vraiment été un gros choc pour les big boss de KTM parce que c'était l'enfant prodigue. C'était le leader au niveau des résultats même si nous avons gagné deux courses avec Miguel [Oliveira] et que lui n'en a pas gagné", se souvient Hervé Poncharal pour Motorsport.com. "Il était adoré chez KTM parce qu'il a ce côté positif, c'est un bel ambassadeur et puis c'est un attaquant. Il avait pris sur lui de développer ce projet et ça a été un peu un choc quand il les a quittés."

"Je ne pensais jamais qu'ils le reprendraient", poursuit le Français. "Honnêtement, la blessure a été assez profonde, les boss n'ont pas compris quand il est parti et je me suis dit 'il ne reviendra jamais'. Et puis, quand il a recommencé à initier quelques contacts et discussions, ils lui ont dit 'welcome back'."

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Pol Espargaró a retrouvé Hervé Poncharal et les dirigeants de KTM lors du premier test de l'intersaison

Aujourd'hui, l'équipe française doit reconstruire une relation avec Pol Espargaró, mais le contexte a beaucoup changé. "C'est complètement différent", nous répond Hervé Poncharal, qui retrouve un pilote éprouvé par ses deux ans chez Honda, loin du "jeune champion Moto2 plein de rêves qui voulait tout apprendre, tout bouffer". Il va falloir que l'Espagnol trouve sa place, lui qui se voit en "capitaine" du groupe KTM-GasGas. "Ce que je lui dis c'est 'prends ton temps'", ajoute le directeur. "On sait que Pol c'est un passionné, et c'est pour ça qu'on l'aime. C'est un mec qui est à fleur de peau, il donne tout, il ne réfléchit pas, c'est à fond. Tout est à fond dans sa vie."

Ce qui a changé également depuis le départ d'Espargaró de Tech3, c'est le statut dont jouit la structure. À l'époque team satellite de Yamaha avec ce que cela pouvait représenter comme écart technique, elle est aujourd'hui présentée comme une équipe d'usine à part entière par KTM. "Maintenant, les choses ont beaucoup évolué. Avant, [quand on était] équipe indépendante, ou privée, satellite, on louait notre matériel à une usine et il fallait qu'on trouve le budget pour fonctionner. La gestion de l'équipe et le choix des pilotes et des techniciens était le nôtre. On était vraiment un chef d'entreprise, maintenant ça n'a plus rien à voir", nous décrit Hervé Poncharal. "Maintenant il y a quasiment quatre motos officielles par groupe ; en tout cas dans le groupe Pierer Mobility il y a quatre motos officielles : deux aux couleurs officielles et deux aux couleurs GasGas [en 2023]."

"Nous n'avons plus du tout un statut d'équipe junior", insiste le responsable. "Aujourd'hui, KTM veut continuer de progresser vers le but qu'ils se sont fixé. Que ce soit pour les pilotes ou même les techniciens, nous partageons et discutons de plus en plus, et Tech3 devient de plus en plus une écurie factory racing de Pierer Mobility plus qu'une équipe indépendante. Et quelque part, c'est pour le bien de l'équipe parce que nous sommes aussi factory que les autres." Avec les mêmes moyens, et donc aussi les mêmes rêves de succès...

Avec Vincent Lalanne-Sicaud

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