Mahindra, la "très bonne école" des stars actuelles du MotoGP
Pecco Bagnaia, Jorge Martín, Marco Bezzecchi et Brad Binder, qui formaient le top 4 de la saison MotoGP 2023, ont un point commun : celui d'avoir roulé sur des Mahindra en Moto3. Ils en gardent un très bon souvenir, riche d'enseignements sur une moto pourtant limitée, et les deux premiers ont alors tissé des liens encore importants pour eux.
Aujourd'hui rivaux bien que disposant de la même Ducati, Pecco Bagnaia et Jorge Martín ont fait équipe au début de la carrière, lorsqu'ils portaient les couleurs de Mahindra en Moto3. La marque indienne eu une présence discrète en MotoGP au début des années 2010 avant de se concentrer sur la petite catégorie et la formation de jeunes pilotes, notamment la génération qui a dominé la saison dernière en catégorie reine puisqu'elle a également compté Marco Bezzecchi et Brad Binder dans ses rangs. Elle a ainsi vu passer les quatre premiers du championnat 2023 !
Bagnaia est celui qui a connu la plus grande réussite avec Mahindra. En 2015, après deux saisons discrètes sur des Honda et KTM, il a intégré l'équipe officielle, aux côtés de Martín, qui faisait de son côté ses débuts en Moto3. "Si on songe à tous les pilotes qui sont passés par Mahindra, ils ont fait une chose incroyable dans le championnat", se souvient Bagnaia. "Tout le monde a remporté un titre ou a été vice-Champion du monde, donc je pense que c'était une très bonne école."
Le double Champion du monde MotoGP a offert à Mahindra ses deux uniques succès en Moto3 et c'est avec cette moto qu'il a décroché ses sept podiums et deux victoires dans la catégorie, à Assen et Sepang en 2016, ce qui lui a permis de prendre la quatrième place du championnat et de monter à l'échelon supérieur. Mais si Bagnaia évoque une "école" plus qu'une équipe victorieuse, c'est parce qu'il devait composer avec une moto en manque de puissance, bien que très agile, ce qui l'a poussé à développer certaines qualités dans son pilotage.
"La moto avait un très bon comportement mais le moteur manquait de puissance, c'était clair pour tout le monde. Ça te mettait dans une situation où tu devais donner le maximum tout le temps et je pense que c'était une très bonne école. Je suis très heureux et très fier d'avoir fait partie de la famille Mahindra. J'ai toujours dit que c'était la meilleure équipe de Moto3 pour progresser", ajoute celui qui avait expressément demandé à VR46, le groupe qui le manage, de lui obtenir ce guidon bien que cela semblait être un pas en arrière à l'époque.
Pecco Bagnaia a décroché son premier succès en Championnat du monde avec Mahindra à Assen en 2016
Martín a connu moins de réussite lors de ses deux saisons chez Mahindra, n'ayant décroché qu'un seul podium en 2016, mais il a lui aussi beaucoup appris. "Quand on a une moto qui a, disons, un peu moins de puissance, il faut en faire beaucoup plus que les autres pour être au même niveau", estime le Madrilène, qui a ensuite connu le succès et décroché le titre en 2018 sur la Honda de l'équipe Gresini. "C'était assez difficile parce que c'était compliqué en interne, mais on a atteint un très bon niveau, et quand on est tous passés sur des motos plus rapides, on était super performants."
L'épisode Mahindra a ainsi été riche d'enseignements dans le pilotage pour Bagnaia et Martín, mais les deux hommes ont également appris à se connaître lorsqu'ils étaient coéquipiers. Plusieurs années avant de se disputer le titre en MotoGP, ils étaient très proches, et même s'ils ont depuis pris des chemins différents, cette époque a forgé un respect toujours présent entre eux.
"Notre relation était assez bizarre chez Mahindra parce qu'on dormait dans la même pièce sur les Grands Prix", précise Bagnaia. "On jouait aux jeux de la F1 et du MotoGP sur PlayStation le soir. C'était assez bizarre mais je pense que notre relation est basée sur le respect, c'est toujours le plus important. On connaît notre potentiel à la perfection, ce qui fait que ce sera toujours fair play dans notre lutte."
Pecco Bagnaia et Jorge Martín étaient très proches chez Mahindra
La relation était cependant un peu déséquilibrée au cours de ces deux années puisque Bagnaia avait déjà passé deux saisons dans la catégorie et s'apprêtait à s'envoler pour le Moto2, où il a été sacré en 2018, tandis que Martín avait tout à découvrir du Championnat du monde. Il prenait l'Italien en exemple et ne lui donnait pas autant de fil à retordre qu'en 2023.
"Je n'imaginais pas qu'on se battrait pour le titre MotoGP un jour, c'est certain, parce que quand je suis arrivé, il avait déjà de l'expérience, il était toujours plus rapide que moi", souligne l'actuel pilote Pramac. "J'essayais juste d'apprendre de lui et d'être proche de lui. Année après année, en vivant dans des pays différents, on s'est éloignés mais comme Pecco l'a dit, il y a un grand respect entre nous et je sens que nous avons une bonne relation."
Des années formatrices pour Bezzecchi et Binder
Marco Bezzecchi a lui aussi découvert le Moto3 par le biais de Mahindra. Après quelques apparitions en 2015 et 2016, il a disputé sa première saison complète sur la moto indienne en 2017, dans l'équipe CIP, et a offert à la marque son dernier podium dans le championnat, quelques semaines avant son retrait pour se concentrer sur la Formule E. Comme Bagnaia et Martín, le protégé de Valentino Rossi estime que Mahindra a joué un rôle important dans sa carrière, même si c'est finalement avec une KTM qu'il a connu le succès en Moto3.
"Sans eux et l'Academy [de Rossi], ça aurait très difficile pour moi d'arriver en Championnat du monde", explique Bezzecchi. "Ils investissaient beaucoup sur les jeunes pilotes et ils nous aidaient beaucoup. C'était fantastique de faire partie de la famille Mahindra, malheureusement pas longtemps mais en tout cas, c'était une grosse école. J'ai beaucoup appris à être plus précis et plus constant. Il manquait un peu de puissance mais je m'amusais. J'ai décroché un podium, le dernier de Mahindra donc c'était très sympa."
Marco Bezzecchi a conquis le dernier podium de Mahindra à Motegi en 2017
Quant à Brad Binder, il a essuyé les plâtres pour Mahindra puisqu'il a piloté la moto dans la deuxième moitié de la saison 2013 et l'année suivante, au début de son développement mais avec des caractéristiques qui ont peu évolué par la suite. Il a néanmoins obtenu ses deux premiers podiums en Championnat du monde sur cette machine, lui aussi avant de franchir un cap en passant sur la KTM avec laquelle il a décroché le titre en 2016, et garde un très bon souvenir de cette machine.
"C'était une belle époque", souligne le Sud-Africain. "Je pense que j'ai roulé [pour Mahindra] avant les autres, c'était une mission ! Le comportement de la moto était incroyable et avec le manque de puissance, il fallait trouver comment faire autrement. Pour moi, c'était l'une des plus belles périodes de ma carrière."
Mahindra n'a pas formé que les quatre premiers du championnat 2024. Parmi les autres pilotes qui ont piloté cette machine en Moto3, on retrouve également Miguel Oliveira, ensuite devenu vice-Champion du monde en Moto3 et Moto2 et vainqueur de six courses en MotoGP, Darryn Binder et Remy Gardner, qui ont également eu leur chance en catégorie reine, ainsi qu'Albert Arenas, sacré par la suite en Moto3.
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