Y a-t-il eu un manque de consultation des pilotes pour les courses sprint ?

Changement majeur dans le format du MotoGP, l'arrivée de courses sprint au programme des Grands Prix a fait grincer quelques dents durant ce week-end. Mais plus que les avis sur le fond, qui divergent, c'est le manque d'informations des pilotes qui a pu étonner. Les responsables du championnat s'en sont expliqués.

Le départ, Jack Miller, Ducati Team est en tête

Photo de: Marc Fleury

Si le projet de créer des courses sprint en MotoGP a beaucoup fait parler, avant même son officialisation, le fait que les pilotes n'aient pas été consultés en amont pour définir ce nouveau format a également fait réagir. Lorsque l'information a circulé vendredi et que les médias ont recueilli leur opinion sur cette nouveauté − le premier changement de format en dix ans −, beaucoup d'entre eux ont en effet affirmé ne pas être au courant et attendre la Commission de sécurité qui se tenait dans la soirée pour en savoir plus.

"À mon avis, dans certaines situations notre voix devrait compter un peu", a par exemple souligné Pecco Bagnaia, jugeant cette décision suffisamment importante pour que les pilotes soient impliqués sans toutefois rejeter l'idée de ces courses courtes. "Au final, on est ici pour courir à moto et il y a des gens qui décident pour nous, comme en Formule 1. [Mais] disons que c'était une décision assez importante, et moi je n'en savais rien. Je l'ai découvert aujourd'hui."

"On a appris via la presse qu'on va courir deux fois l'année prochaine… On est les pilotes et je pense que ça ne serait pas mal de nous demander [notre avis]", a quant à lui observé Pol Espargaró. "Je pensais qu'ils nous l'auraient dit, c'est à la Commission de sécurité qu'on parle de ce genre de choses, mais je ne sais pas. Ils vont peut-être l'annoncer sans nous avoir demandé [notre avis] à la Commission de sécurité, mais j'aimerais pouvoir en entendre parler avant."

Les représentants des instances, qui ont effectivement échangé avec les pilotes vendredi soir lors de la Commission de sécurité, ont répondu à ces remarques lors de la conférence de presse donnée samedi matin afin d'expliquer ce nouveau projet. Ils ont souligné que la communication a visiblement manqué entre les équipes, mises au parfum, et les pilotes.

"Les pilotes doivent être informés par leurs contractants, c'est-à-dire les équipes indépendantes et les constructeurs. Certains l'ont fait, d'autres non", a ainsi indiqué Carmelo Ezpeleta, PDG de Dorna Sports. "Sachant que certains pilotes n'étaient pas au courant, je les ai informés hier. Mais clairement, ceux qui doivent les informer de changements du championnat quand c'est possible, ce sont les équipes."

"Je crois qu'il n'existe aucune autre discipline dont les acteurs sont plus informés et à ce point connectés avec le championnat. Hier, honnêtement, je pensais que j'allais confirmer quelque chose dont ils auraient déjà été informés par les équipes, indépendantes et officielles. Certaines équipes avaient déjà informé leurs pilotes, d'autres non", a-t-il ajouté.

Jorge Viegas, président FIM, Carmelo Ezpeleta, PDG de Dorna Sports, Herve Poncharal, président IRTA

Jorge Viegas, président de la FIM, Carmelo Ezpeleta, PDG de Dorna Sports, Herve Poncharal, président de l'IRTA

Président de l'IRTA (l'association des équipes), Hervé Poncharal a défendu la Dorna, tenant à rappeler que les pilotes sont au cœur des réflexions, notamment dès qu'il est question de leur sécurité. Mais le Français a également souligné la nécessité d'une organisation hiérarchique ainsi que d'un processus garantissant la confidentialité d'informations aussi importantes.

"Je pense que notre championnat, grâce à la Dorna, est celui dont les pilotes sont les plus consultés, les plus informés", a affirmé le patron du team Tech3. "Souvenez-nous de Suzuka 2003 [après l'accident mortel de Daijiro Kato, ndlr] : Carmelo a dit 'nous ne reviendrons pas ici si le mur n'est pas déplacé' ; tout le monde m'a dit 'Carmelo va plier devant la pression du promoteur' mais nous ne sommes en effet jamais retournés là-bas. Donc je pense que, dans ce championnat, nous nous soucions des pilotes, plus que dans n'importe quel championnat. Nous les informons autant que nous le pouvons."

"La base générale du projet était claire pour eux. Nous ne voulions pas entrer dans les détails, sans quoi nous n'aurions pas eu cette conférence de presse", a poursuivi Hervé Poncharal. "Il y a des gens − la FIM, la Dorna − qui organisent le show, qui sont là pour faire en sorte qu'il soit le meilleur et c'est ce que nous essayons de faire. Les équipes, les pilotes, nous sommes acteurs et nous sommes toujours consultés, mais il faut que quelqu'un décide. Quand nous sommes passés des deux-temps aux quatre-temps, il y a aussi eu des débats. Certains pilotes étaient contre et disaient qu'on allait tuer l'esprit des Grands Prix, mais nous sommes allés de l'avant. Parfois, il faut aller de l'avant et il doit y avoir une organisation qui décide, et cette organisation c'est la FIM et la Dorna."

Beaucoup de détails ont d'ores et déjà été annoncés quant à la manière dont sont pensées les courses sprint made in MotoGP, qui se veulent différentes de celles qui se tiennent en Formule 1 ou encore en WorldSBK, mais les responsables l'assurent : il reste encore à préciser le projet et l'opinion des pilotes sera entendue. Les premières réactions montrent cependant que les avis divergent fortement.

"C'est la base de ce que sera 2023, mais nous sommes encore en train d'affiner pas mal de choses, en écoutant l'opinion des pilotes, qui n'est pas unanime. Certains sont très, très enthousiastes et contents, et d'autres le sont un peu moins", a souligné Hervé Poncharal.

"Hier, la discussion à la Commission de sécurité n'a pas été mauvaise. Nous avons partagé différentes opinions et nous allons prendre différents points de vue en considération", a ajouté Carmelo Ezpeleta. "La conversation a été très bonne. Nous avons beaucoup parlé, en toute franchise."

Les équipes, elles, semblent avoir adhéré au projet. "Nous avons eu une réunion avec nos collègues des équipes MotoGP indépendantes et ils nous ont unanimement soutenus. Ils beaucoup aimé, pensant aussi que cela aiderait les affaires des équipes. Les médias, j'en suis sûr, vont beaucoup aimer cela. Les sponsors vont beaucoup aimer", a assuré le président de l'IRTA.

"Tous les constructeurs et toutes les équipes sont en faveur de cette idée", a renchéri Carmelo Ezpeleta. "Le 'set-up' de l'idée est quelque chose dont nous allons discuter. Mais sur le principe, aucun des cinq constructeurs et des six équipes indépendantes n'a été opposé à la proposition. Au contraire, ils sont tous tout à faire favorables."

L'autre opinion à laquelle le championnat assure être attentif, c'est celle des fans, récemment consultés dans un sondage mondial dont les conclusions seront bientôt rendues publiques. Mais Carmelo Ezpeleta a déjà anticipé qu'il s'agit d'une évolution attendue : "La majeure partie des gens sont en faveur de courses sprint."

Plus globalement, c'est afin d'augmenter le spectacle offert par les week-ends de Grand Prix, en donnant un attrait nouveau à la journée du samedi, que le MotoGP entend rebooster son audience et son exposition médiatique. "Si on n'avance pas, on recule", a prévenu Hervé Poncharal. "Même si notre show est formidable, peut-être le meilleur, cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de marge d'amélioration. Il y en a une. Nous regardons ce qui se fait ailleurs. Nous serions idiots de ne pas regarder ce qui se passe ailleurs et ce qui fonctionne ailleurs."

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