Le coup de fil avec Mick Doohan qui a tout changé pour Marc Márquez

Près de 30 ans après, la grave blessure à la jambe de Mick Doohan, celle qui aurait pu lui coûter sa carrière avant même son premier titre, s'est révélée indirectement utile pour un autre grand champion, Marc Márquez, en quête de réponses après un retour difficile.

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Marc Marquez, Repsol Honda Team

Gold and Goose / Motorsport Images

Au moment de commenter sa victoire au Grand Prix d'Allemagne, Marc Márquez a tenu à remercier nommément un certain nombre de personnes. Ses proches, bien sûr, mais aussi les responsables de son constructeur, soulignant avoir senti dans leur attitude un vrai respect face à la situation douloureuse qu'il traversait après sa blessure. Et puis, le nom de Mick Doohan a refait surface.

L'échange qu'on eu les deux champions avait déjà été évoqué en marge du Grand Prix de Catalogne, mais le pilote espagnol était alors resté évasif. "Peut-être qu'un jour je vous expliquerai ce dont on a parlé", avait-il alors souligné, évoquant une discussion intéressante et importante. Une fois franchi ce cap tant attendu de son retour à la victoire, Márquez a donc souhaité en dire plus, et l'on a vite compris à quel point les mots échangés par les deux champions ont pu être libérateurs pour lui.

S'exprimant longuement sur les difficultés qui ont été les siennes depuis un an, le champion espagnol a en effet souligné à quel point son retour à la compétition, au mois d'avril, avait été difficile car il a alors découvert une RC213V évoluée, qu'il ne comprenait pas, sur laquelle il peinait à fournir des commentaires constructifs. Sans parler d'une condition physique toujours très perfectible… "Quand j'étais blessé, j'ai toujours senti que j'allais revenir et que j'allais revenir en étant fort. Mais la première fois que j'ai piloté la MotoGP à Portimão, je me suis rendu compte que j'étais loin, très loin, de mon niveau. Ce moment-là a été très dur et la course suivante encore plus dure", a-t-il expliqué.

Il s'est alors coupé des commentaires extérieurs et a plutôt cherché à échanger avec des personnes qui ont pu connaître des situations comparables et qui sauraient comprendre ce qu'il vit. Logiquement, il a échangé avec les anciens pilotes de son entourage proche, son team manager Alberto Puig, gravement blessé au Mans en 1995, ou encore son manager Emilio Alzamora, mais aussi avec Alex Crivillé ou Carlos Checa. "Ils m'ont tous aidé. Mais il y a un appel en particulier qui m'a beaucoup aidé", a-t-il expliqué.

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Légende du clan Honda dans les années 1990, Mick Doohan a connu de très lourdes blessures. L'une, en 1999, était la conséquence d'un accident survenu au même endroit que Márquez, dans le même enchaînement de virages de la piste de Jerez, et elle allait précipiter la fin de sa carrière. Mais sept ans plus tôt, une autre blessure a bien failli le mener à l'amputation, avant l'intervention salvatrice du Dr Costa. Blessé alors qu'il dominait le championnat, Doohan avait eu besoin de deux ans de soins et de plusieurs opérations pour revenir au sommet, avant d'enchaîner cinq titres consécutifs.

Les deux hommes, qui font tous deux partie de la famille Repsol Honda, se sont croisés au Grand Prix d'Italie. Après un premier échange sur place, Marc Márquez a souhaité prolonger la discussion.

"Quand on est dans une situation difficile, on essaye de chercher de l'aide. Alberto Puig m'a beaucoup aidé, comme toute mon équipe, ma famille, mon manager, mais il y a une personne qui s'était trouvée dans une situation similaire et c'est Mick Doohan", a-t-il expliqué au site officiel du MotoGP. "Lui aussi a connu une période très difficile dans sa carrière, notamment après sa blessure à la jambe en 1992 et 1993. C'était similaire à ce qui m'est arrivé, car il a eu une blessure grave, dans son cas c'était à la jambe, après quoi son retour n'a pas été facile, il a eu beaucoup d'accidents, il n'arrivait pas à aller bien, mais à la fin il s'est remis et il a gagné cinq titres d'affilée."

"Au Mugello on s'est un peu parlé, mais je lui ai ensuite demandé qu'on s'appelle. Donc on s'est appelé pendant 30 minutes, durant lesquelles il a parlé et je n'ai fait qu'écouter. Ma seule question a été : 'Quels ont été tes problèmes et tes sensations en 1992 et 1993 ?' Et là il m'a tout expliqué et c'est comme s'il parlait exactement des problèmes que j'ai et de ce que je ressens actuellement."

Mick Doohan, Honda après sa chute

Mick Doohan, après sa chute à Assen, en 1992.

"J'ai eu l'impression qu'il me racontait ma situation, exactement la même", a expliqué le pilote Honda. "Quand il est revenu de blessure, la moto n'était pas la même que celle qu'il avait quittée et il n'a rien compris. Ensuite, il a récupéré l'ancienne moto et il ne comprenait toujours pas. Il tombait et faisait des erreurs stupides. Un jour il était rapide et ne savait pas pourquoi, et le lendemain il était lent et ne comprenait pas non plus pourquoi."

"Il m'a dit que je devais être patient et continuer à travailler. Et voir qu'une légende comme lui a traversé la même chose, cela vous aide car il a fini par surmonter cela, et c'est pour ça que je travaille", a-t-il poursuivi. "Il m'a dit : 'Il y a certaines courses où tu seras rapide et d'autres où tu seras lent'. Voir qu'une légende comme Mick, qui était une bête sur la moto, a pu souffrir mais ensuite revenir, ça vous transmet de la confiance pour continuer à travailler."

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Cette discussion a vite fait son chemin. À Barcelone, Marc Márquez a déjà franchi un cap, expliquant avoir décidé de ne pas se contenir en course mais d'attaquer, ce qui lui a valu ce qui étaient alors ses "sept meilleurs tours de l'année". Puis, le lendemain, il a encore repoussé ses limites physiques en se montrant le plus actif lors de la journée de test post-course, une journée particulièrement importante pour lui puisqu'elle lui a permis de rouler sans pression, sans l'œil inquisiteur des caméras, "comme si c'était mon test de pré-saison", a-t-il souligné. Arrivé dans la foulée en Allemagne, il a réussi à tout aligner en course pour aller chercher la victoire, 581 jours après la précédente.

À la maison, aussi, son approche a changé. Il n'héberge plus son physiothérapeute et veut retrouver une vie plus normale, sans être constamment concentré sur son bras. Dès le lendemain de sa victoire au Sachsenring, il a aussi fait son retour au guidon d'une moto de cross, sa grande passion pratiquée en bande à Rufea et dont le manque se faisait cruellement sentir depuis qu'il avait mise de côté. "J'ai besoin de retourner à ma vie normale", a-t-il expliqué. "J'ai besoin de retourner m'entraîner avec mon frère, d'avoir du temps libre pour moi, de sortir à moto."

Avec Germán Garcia Casanova

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