Márquez saisi par l'émotion après 4 ans de lutte et de sacrifices
Revenu dans le clan des vainqueurs en MotoGP, Marc Márquez s'est laissé envahir par l'émotion en se remémorant les moments difficiles qu'il a traversés depuis quatre ans.
À chaud, Marc Márquez a vécu sa victoire au GP d'Aragón comme un moment de joie, mais en s'étonnant lui-même de ne pas connaître l'explosion émotionnelle qu'aurait légitimement pu apporter un accomplissement si important dans sa carrière. Il a pourtant classé ce succès parmi les plus marquants qu'il ait connus, surpassant aisément à ses yeux ceux de ses années les plus fastes.
Après avoir gagné le sprint, il affichait sa prudence et aussi une concentration extrême pour réussir à poursuivre sur cette lancée, ce qui était chose faite 24 heures plus tard. Et il aura finalement fallu attendre que l'adrénaline et la tension redescendent, dimanche après-midi, pour laisser la place à l'émotion. À l'issue des interviews télévisées et de la conférence de presse qui se sont enchaînées, c'est en retrouvant les journalistes espagnols pour un dernier débriefing que les larmes ont pris le dessus, témoignant du chemin parcouru dont Márquez prenait désormais toute la mesure.
"Aujourd'hui, je me suis moi-même mis la pression", a-t-il admis après le podium, parfaitement conscient qu'il était favori. "Hier, après la course sprint, je ne savourais pas parce que je savais qu'aujourd'hui ce serait une journée importante, que j'aurais une opportunité importante, et c'est la raison pour laquelle j'ai essayé de rester concentré."
"J'ai eu un peu de mal à dormir samedi. Je savais que j'avais une grande opportunité", a-t-il expliqué. "On l'a exploitée du début jusqu'à la fin, on a bien géré. Il a fallu que je reste très concentré, parce que ma tête partait dans tous les sens."
Blessé à la première course de la saison 2020, absent de tout le championnat puis à nouveau touché par différents soucis physiques au fil des mois après son retour, il lui a fallu attendre une ultime opération avant l'été 2022 pour enfin sortir du tunnel. Sportivement, un autre combat se jouait, celui qui allait finir par l'éloigner de Honda, son constructeur de toujours mais qui ne gagnait plus, pour se lier à la marque dominatrice en MotoGP, Ducati. Là aussi, il a fallu de longs mois avant que Márquez rompe son contrat avec le HRC, rejoigne le team satellite Gresini puis soit promu dans l'équipe d'usine pour la saison prochaine.
Aujourd'hui que tout est réuni, il sait qu'il peut se féliciter de ne pas avoir sombré, mais il a conscience de l'importance qu'a joué son entourage en cela. "Il y a eu des coups durs et des moments difficiles, je l'ai admis tout au long de cette période. Il y a eu des moments où j'ai envisagé d'arrêter ou de prendre un chemin différent."
"J'insiste : quand un sportif est aussi bas, avec des blessures qui s'enchaînent, il a besoin d'aide. Il y a des professionnels et je les respecte beaucoup. Mais si un sportif a un entourage sain, qui vit les choses aussi intensément que lui et qui lui montre à tout moment ce qu'est la réalité, avec la confiance de toujours lui dire la vérité en face, alors c'est ce qui aide le plus. On a souffert ensemble et on fête ensemble. Sans eux, cela n'aurait pas été possible."
Marc Márquez n'a eu de cesse de remercier ses proches pour leur soutien après avoir retrouvé le chemin de la victoire.
Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images
"Il y a eu un moment l'année dernière où j'ai pensé que c'était fini, que j'avais passé le point de non-retour. Mais quand j'ai testé la moto dans la pré-saison et que j'ai vu que petit à petit je gagnais en confiance, j'ai retrouvé la sérénité. Je n'étais pas pressé, tôt ou tard on allait avoir nos chances. On en a eu en début de saison, on n'a pas su en profiter. Mais maintenant, c'est arrivé et il faut que l'on continue à travailler sur cette constance qui permet de gagner des titres."
Lorsqu'il a renoué avec la victoire au GP d'Allemagne 2021, un an après sa grave blessure du bras, Marc Márquez avait fondu en larmes, soulagé d'en être encore capable. Mais ce moment ne marquait pas la fin du calvaire et d'autres périodes très compliquées l'attendaient, notamment la quatrième opération à laquelle il a dû se résoudre un an plus tard puis sa séparation de Honda, dans laquelle il a dû laisser l'équipe technique qui l'avait accompagné depuis le Moto2.
"C'est ce qui me fait dire que la valeur de cette victoire est différente. Et elle pèse. J'ai renoncé à beaucoup de choses, j'ai renoncé à l'équipe de ma vie, qui sont mes amis dans le paddock et dont je sais qu'ils sont heureux pour moi aujourd'hui. Je me suis battu au maximum et je continuerai à le faire", a expliqué le pilote espagnol, sa voix se brisant.
Au bout d'un moment, il a poursuivi : "Vivre avec la douleur, ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable, mais avec beaucoup de travail et de sacrifices, j'ai pu atteindre un niveau optimal pour la compétition. Logiquement je dois travailler plus que les autres, ou plus qu'avant, je fais plus d'heures d'entretien du 'moteur', mais c'est un sacrifice que je suis disposé à faire. J'ai renoncé à beaucoup de choses qui me tenaient à cœur pour essayer de profiter de ma passion pendant le plus d'années possibles."
Les plus belles photos du GP d'Aragón MotoGP
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