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MotoGP GP du Qatar

Les "interrogations personnelles" que Márquez espère gommer avec la Ducati

Se confronter à la Ducati permettra à Marc Márquez de savoir s'il est toujours à son meilleur niveau après plusieurs saisons difficiles avec Honda qui ont finit par le faire douter de ses capacités.

Marc Marquez, Gresini Racing

Depuis son premier test sur la Ducati à la fin de l'année 2023, Marc Márquez ne cesse de tenter de minimiser les espoirs placés en lui. En délaissant la Honda pour la moto qui a mené Pecco Bagnaia au sacre mondial l'an passé, l'homme le plus titré du plateau actuel est naturellement très attendu, mais il ne prétend pas redevenir instantanément le pilote dominateur qu'il était jusqu'en 2019.

"Les attentes sont super élevées mais je sais ce que j'ai traversé ces quatre dernières années", a souligné Márquez en conférence de presse à Losail, en référence à sa blessure de la saison 2020, aux multiples opérations qui ont suivi et à ses difficultés avec la Honda pendant plusieurs saisons. "Je sais d'où je viens, je sais où je veux arriver mais j'ai besoin de temps, de ne pas me précipiter."

"Je ne prétends pas arriver ici et gagner d'entrée parce que ce serait une grosse erreur, surtout parce que je n'ai pas gagné la moindre course ces deux dernières années. Je dois d'abord créer une base. J'arrive chez un constructeur où il y a deux ou trois pilotes − surtout Pecco [Bagnaia], Martín, Bastianini − qui sont super rapides sur cette moto. Ils sont super bons et je dois apprendre d'eux. J'essaie d'apprendre, d'adapter mon pilotage au leur."

"Mais il ne faut pas oublier que chaque sportif a son moment puis commence à régresser. Quand il connaît cette régression, il faut travailler de plus en plus pour rester constant. Mais de jeunes pilotes arrivent, comme Fabio [Quartararo] dans sa première année avec Petronas, maintenant Pedro [Acosta], Pecco, Martín, qui sont plus rapides. Donc je dois apprendre des jeunes pilotes et essayer de rester à ce niveau aussi longtemps que possible."

Ma vie a changé en 2020 et depuis ça a été un cauchemar, quatre années très difficiles. Cette année, je veux répondre à beaucoup d'interrogations personnelles.

Âgé de 31 ans depuis quelques jours, Márquez est-il toujours à son meilleur niveau ou sur une phase descendante ? C'est justement ce qu'il cherche à comprendre en se lançant ce nouveau défi sur la Ducati, sans volonté de retrouver immédiatement la première marche du podium.

"Si je commence à régresser, je le comprendrai cette année. L'an dernier, j'avais du mal mais j'étais quand même le premier Honda. J'ai gagné six titres en sept ans et j'ai été troisième [en 2015]. Ma vie a changé en 2020 et depuis ça a été un cauchemar, quatre années très difficiles. Cette année, je veux répondre à beaucoup d'interrogations personnelles."

Marc Marquez, Gresini Racing

Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

"J'ai besoin de temps pour ça. Je n'ai pas besoin de répondre à ces questions à la première course, j'ai besoin de temps, d'avancer petit à petit, comme je l'ai fait pendant la pré-saison. Si un jour je termine 14e, pas de panique. Je veux juste me trouver performant à nouveau."

"Me sentir performant, ça ne veut pas dire remporter le championnat, mais me battre pour les cinq ou six premières places. C'est ce que je vise, mais pas immédiatement, dès la première course. J'ai besoin de temps pour le faire. On ne construit pas une maison en partant du toit."

Des doutes à effacer avant de songer à 2025

Ces interrogations ont poussé Marc Márquez à ne s'engager que pour un an avec l'équipe Gresini, ce qui lui permet de s'aligner sur l'échéance des contrats de la quasi-totalité des pilotes sur la grille mais aussi de savoir quelle machine il méritera de piloter en 2025.

"Je dois d'abord me concentrer sur moi. Si je peux progresser, si je peux avoir le sourire sous le casque, prendre du plaisir en piste, j'aurai plus de chances d'avoir une bonne moto l'an prochain. Au final, quand j'ai pris la décision, mon objectif n'était pas dur à comprendre, c'était d'être à nouveau performant. Si je suis performant, j'aurai le sourire et j'aurai la motivation pour attaquer et aller de l'avant."

L'Espagnol se sent appuyé par Ducati et Gresini dans ce défi très particulier, qui voit un sextuple champion du MotoGP se contenter d'une moto satellite, et même pas chez le principal partenaire du constructeur : "Dès le début, j'ai senti un très bon soutien du management de Ducati. Si on ne ressent pas le soutien, on ne prend pas la décision [de venir]. C'est vrai que je suis chez Gresini, que je pilote la moto de 2023, mais je le savais avant d'arriver chez Gresini."

Marc Marquez, Gresini Racing

Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

"Il faut toujours de bonnes sensations et une bonne relation avec le management de Ducati, qui sont ceux qui décident. J'ai toujours senti beaucoup de respect, c'était et c'est très important pour ma confiance."

Márquez n'est "pas prêt" à jouer la victoire ou le podium

Et si Marc Márquez demande un certain temps avant de jauger son niveau, c'est parce que les six journées de tests auxquels il a eu droit sur la Ducati ne lui ont pas encore permis de gommer les 11 ans d'automatismes pris sur la Honda. Il sent qu'il ne lui sera pas facile d'être dans le rythme avec une moto dont il ne maîtrise pas encore toutes les subtilités au GP du Qatar, ce week-end.

"Mon instinct, c'est le pilotage naturel de la Honda. Pendant un test, on est calme, on peut réfléchir. Pendant un week-end, avec le stress, la pression, mon instinct naturel est toujours de piloter comme avec la Honda et je dois continuer à travailler, à réfléchir pendant le week-end, pour comprendre ce que la moto veut, pas ce que je veux."

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"Évidemment, c'était une pré-saison totalement différente parce que j'avais l'habitude de juste essayer des choses sur la moto, de développer la moto", a ajouté Márquez. "C'était totalement l'inverse cette année. Je me suis concentré sur moi, j'ai essayé d'adapter mon style à la moto."

"Dès le début, je ne me suis pas mal senti. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre et à améliorer, surtout pour apprendre des leaders chez Ducati. Pour le moment, je suis à l'aise, pas prêt à jouer le podium, pas prêt à jouer la victoire, mais on doit créer le rythme petit à petit et comprendre où on sera pendant le week-end."

Marc Marquez, Gresini Racing

Marc Márquez

Photo de: Gold and Goose / Motorsport Images

Márquez n'a été accompagné que par un seul mécanicien en provenance de Honda et n'a pas voulu bouleverser les habitudes chez Gresini. Les méthodes de travail sont naturellement différentes de celles auxquelles il était habitué mais il ne réclamera des changements que s'il les juge nécessaires.

"C'est évidemment totalement différent de travailler dans une équipe d'usine ou dans une équipe satellite. Quand je suis arrivé, j'ai essayé de m'adapter à la moto et à l'équipe parce qu'au final, on ne peut pas débarquer et changer les choses pour soi. J'essaie d'abord ce qu'ils font et petit à petit, si je vois une chose que j'estime meilleure dans une autre équipe ou une autre stratégie [efficace], je le leur dis, on en discute et on trouve un compromis."

"Mais ça sera une chose à apprendre pendant les premiers Grands Prix en particulier, surtout parce que leur façon de travailler est très similaire, mais les stratégies autour des pneus, du carburant, de beaucoup de choses comme l'électronique sont différentes. Il faudra que je le comprenne, que je m'adapte, et si dans certaines courses je n'arrive pas à bien m'adapter, on commencera à chercher un compromis. Mais d'autres pilotes ont gagné des courses avec cette moto et dans cette équipe, donc ils font un bon travail."

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