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Viñales demande du grip à Yamaha, plus que de la puissance

Maverick Viñales exhorte Yamaha à travailler sur le grip arrière, principale faiblesse de la machine japonaise à ses yeux. Le pilote espagnol estime que la M1 est "difficile à battre" quand les conditions d'adhérence sont bonnes, jugeant cet aspect plus important que la puissance, qui peut apporter son lot de problèmes.

Maverick Vinales, Yamaha Factory Racing

Gold and Goose / Motorsport Images

Yamaha a remporté sept des 14 courses disputées en 2020 mais cela n'a pas empêché les pilotes de la marque au diapason de se montrer très critiques envers leur machine. Trois de ces succès ont été conquis par Franco Morbidelli, qui disposait du châssis de la saison 2019, mais malgré quatre victoires, Fabio Quartararo et surtout Maverick Viñales ont exprimé leur mécontentement, lassés par des contre-performances répétées en fin de saison, quand accrocher un top 10 en course s'avérait difficile.

Les équipes devront conserver châssis et moteurs 2020 la saison prochaine, afin de réduire les dépenses après une année frappée par la pandémie de coronavirus, mais elles restent libres de faire évoluer certaines pièces. Présent une seule fois sur la première marche du podium en 2020, sur le circuit de Misano, Viñales attend des progrès nets sur sa Yamaha pour être en mesure de piloter sans retenue.

"Ce que je veux vraiment, c'est faire une saison normale pour attaquer et sortir le maximum de moi-même. Parfois, c'est très dur de sortir le maximum, mais c'est ce que je veux vraiment essayer", a annoncé le pilote espagnol, très déçu par le niveau de sa moto en fin de saison : "Maintenant, on a touché le fond", a-t-il déploré. "Dans les dernières courses, on était dixième ou 12e, Fabio a chuté mais il était par-là aussi. La seule chose à faire est donc de se poser et d'essayer d'avancer pas à pas. Sinon, on va encore perdre." 

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Et pour redresser la barre, Maverick Viñales espère que Yamaha saura se concentrer sur les domaines les plus appropriés. Estimant que son équipe "ne savait pas comment améliorer la moto" après avoir passé en revue toute une batterie de réglages en 2020, Viñales a appelé les ingénieurs d'Iwata à cultiver les points forts de la moto plutôt qu'à tenter de corriger les faiblesses, après y avoir échoué au cours des dernières années.

Le manque de puissance du moteur, faiblesse historique de la M1, n'est pas le plus gros problème à ses yeux, car "la vitesse de pointe engendrerait aussi plus de problèmes pour bien stopper la moto". Viñales attend surtout une meilleure adhérence à l'arrière, au moment de la réaccélération, un élément qui a fait défaut cette année alors qu'il était l'un des points forts du constructeur par le passé.

"Yamaha a plusieurs mois pour réagir et apporter une bonne moto. Avoir de la puissance ou pas, OK, mais ce que je demande c'est du grip, j'ai besoin de beaucoup de grip à l'arrière. C'est ce qu'on cherche, beaucoup de grip à l'arrière. Même si la moto n'est pas rapide, quand on a du grip, on est durs à battre. Il nous faut donc du grip quand les conditions sont bonnes. C'est la priorité en ce qui me concerne."

Valentino Rossi, plus favorable à des progrès sur le moteur ces dernières semaines, concède que Viñales a raison de pointer du doigt cette défaillance, sans oublier les autres éléments décisifs pour la performance : "On souffre vraiment beaucoup en termes de grip arrière", a précisé le pilote italien, qui conservera une Yamaha de dernière génération dans le team Petronas en 2021. "Quand on n'arrive pas à faire travailler le pneu arrière, notre moto devient très difficile à piloter et on a du mal à être compétitifs. C'est le plus important, au même titre que le travail qu'il faudrait mener sur le moteur et l'aéro pour la vitesse de pointe, alors oui, je suis d'accord avec lui."

Quand il y a de l'adhérence, nos adversaires peuvent difficilement nous battre.

Maverick Viñales

Maverick Viñales estime que cette adhérence peut à elle seule suffire à faire triompher la Yamaha. Avant d'aborder les dernières courses de la saison, il rappelait que la machine de 2019 était dotée d'une "traction fantastique", estimant même qu'elle était historiquement "la meilleure moto" avec le bon niveau de grip. Marc Márquez est selon lui le seul pilote capable de rivaliser dans ces conditions. "Quand il y a de l'adhérence, nos adversaires peuvent difficilement nous battre", a estimé le #12. "L'an dernier, seul Marc y parvenait. Il faut s'en souvenir : quand nous sommes à notre meilleur niveau, nos concurrents ont du mal à faire les mêmes temps que nous."

Très enclin à exprimer sa frustration durant la deuxième partie de la saison 2020, Viñales a reconnu qu'il en "demande peut-être trop" à Takahiro Sumi, le chef de projet de la marque, avec qui il est en contact quotidien, mais il tient à ce que son avis soit entendu. "Je veux tout savoir sur la moto, le développement, ce qu'ils font. Je veux être impliqué au maximum. Je veux gagner avec ce projet. Il faut comprendre ce dont on a besoin. Et si je me demande ce dont on a eu besoin à toutes les courses, en gros c'est du grip arrière. C'est ce qu'il nous faut. Je pense que c'est quelque chose qu'on a perdu au fil des années et on est tout le temps en difficulté."

Yamaha devra être "très intelligent" durant les essais

Trouver l'adhérence reste un exercice difficile. Lors des tests organisés en dehors des courses, le niveau de grip peut être trompeur, en raison de conditions différentes ou d'une forte quantité de gomme en piste après l'accumulation des tours, qui créé un cadre différent de celui que les pilotes rencontreront sur les Grands Prix et notamment en course, quand il faut la majeure partie du temps rouler après les pilotes du Moto2, qui déposent une gomme d'une nature différente en utilisant les pneus Dunlop.

"Il faut surtout qu'on soit très intelligents pour les essais pendant l'hiver", a prévenu Viñales. "Parfois, il y a un peu de confusion car les pistes sur lesquelles on se rend ont beaucoup de grip. En Malaisie, il y a une bonne adhérence. Au Qatar aussi – le problème là-bas c'est qu'on y court quand il fait froid, mais normalement la moto s'y comporte bien." 

"J'ai toujours le même problème : j'ai beau faire de bons essais, en course – sachant qu'elle est après le Moto2 et qu'il n'y a pas de gomme Michelin [en piste] – je souffre", a-t-il ajouté. "Donc dans ces conditions-là, on n'a pas de grip.

La Yamaha est également très sensible à l'état des pistes, les asphaltes plus récents offrant des conditions plus favorables. "Par exemple, on a battu les records de la piste à Jerez et Misano cette année, deux pistes où la piste resurfacée offrait du grip et où l'on pouvait être très rapides. Mais dès qu'on arrive sur un vieil asphalte, qu'il fait chaud et que c'est glissant, alors on peut voir qu'on rétrograde."

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En fin de saison, quand Franco Morbidelli décrochait de meilleurs résultats que les pilotes disposant de la machine d'usine, la question de repasser à la moto de 2019, ou au moins de s'inspirer de certaines de ses caractéristiques, a été soulevée, notamment par Fabio Quartararo, mais Maverick Viñales balaie cette idée, estimant que cette machine avait elle aussi des faiblesses.

"La moto de 2019 ne suffit pas pour battre Márquez", résume-t-il. "La moto de cette année est meilleure que celle de 2019 quand il y a du grip. Quand il n'y a pas d'adhérence, c'est là qu'on est le plus en difficulté. Il faut travailler sur le pneu arrière, c'est très important. L'adhérence est essentielle à tous les niveaux, le freinage, l'accélération, tout. Sans adhérence, on perd l'ADN de Yamaha." 

"L'an dernier, on a trouvé de la stabilité, mais on a encore fait les mêmes erreurs. On ne peut pas se baser sur les essais, il y a beaucoup d'adhérence et au final, la moto fonctionne [toujours]. On verra si Cal [Crutchlow, recruté au poste de pilote d'essais pour la saison 2021] peut faire des tests et résoudre un peu nos soucis."

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