Pourquoi le divorce entre Viñales et Yamaha satisfait les deux parties
L'escalade des tensions entre Maverick Viñales et Yamaha est devenue telle que le pilote et la marque ont jugé qu'une séparation un an plus tôt que prévu devenait la meilleure option. Lentement, la relation s'est dégradée et les deux parties espèrent en sortir renforcées.
Même si tout s'est accéléré au cours du week-end d'Assen, les tensions entre Maverick Viñales et Yamaha n'ont rien de nouveau. Une semaine plus tôt, après avoir pris la dernière place du Grand Prix d'Allemagne, le pilote a frontalement attaqué son équipe en évoquant le "manque de respect" qu'il commençait à ressentir et Yamaha doutait même que son pilote fasse le déplacement à Assen. "Après le Sachsenring, je n'avais pas vraiment envie de venir ici", a reconnu Viñales à Assen.
Sur le circuit néerlandais, la dynamique sportive a été toute autre, le circuit étant l'un des préférés du #12, vainqueur de l'édition 2019. Il a été le plus rapide des trois premières séances d'essais et a signé le deuxième temps en EL4, avant de s'offrir sa première pole de la saison. Dimanche, il a pris la deuxième place, ralenti par un mauvais départ qui l'a coincé derrière Takaaki Nakagami. Une fois devant le pilote japonais, Fabio Quartararo avait une avance bien trop grande pour songer à revenir sur lui. Le visage de Viñales dans le Parc Fermé après son premier podium depuis sa victoire au Qatar et la façon dont il a ignoré Massimo Meregalli, le team manager de son équipe, en refusant une accolade, n'étaient qu'un avant-goût de ce qui allait suivre devant les micros.
Tout en démentant des discussions avancées avec Aprilia en vue de la saison 2022, le natif de Roses a reconnu qu'il songeait à ne pas honorer son contrat avec Yamaha, valable jusqu'à la fin de l'année 2022. "Évidemment que j'y pense, j'y pense depuis le début de la saison", a répondu Viñales lorsqu'il a été interrogé sur cette surprenante décision, finalement rendue officielle lundi.
Il est très difficile de comprendre les raisons qui ont motivé Viñales à abandonner prématurément la moto qui a remporté le plus de courses cette saison – cinq sur neuf – et avec laquelle Fabio Quartararo mène assez confortablement le championnat, Assen ayant même vu les M1 réaliser un doublé. Beaucoup d'observateurs du paddock, y compris ses proches, y voient une manœuvre stratégique. En attendant la confirmation de son arrivée chez Aprilia, le choix de Viñales va probablement détendre l'atmosphère chez Yamaha, un membre de l'équipe ayant même évoqué "un sentiment de soulagement" maintenant que l'annonce est officielle.
La séparation a été actée aux Pays-Bas, quand les deux parties ont conclu qu'une réconciliation n'était plus possible. Le contrat signé en janvier 2020 prévoyait de fortes compensations financières si l'une des deux parties le rompait mais un accord mutuel a été trouvé. Le pilote a ainsi renoncé aux près de huit millions d'euros qu'il aurait dû recevoir en 2022 et Yamaha a accepté de ne pas lui réclamer d'argent. La vitesse à laquelle cette question a été résolue illustre la volonté qui animait les deux camps.
Chez Yamaha, le départ de Viñales apparaît d'un côté comme un soulagement pour les finances de l'équipe, puisqu'il était le deuxième pilote le mieux payé de la grille, grâce à un contrat signé avant l'ère COVID. Les huit millions économisés par le constructeur japonais lui permettront de trouver un second pilote – Franco Morbidelli étant le mieux placé – tout en économisant de l'argent.
En plus de l'aspect purement économique, de nombreux membres de l'équipe d'usine y voient un moyen de trouver une meilleure harmonie, son arrivée en 2017 ayant été synonyme de changements permanents et d'alternance entre périodes fastes ou difficiles. "Ses hauts et ses bas sont le principal problème", a confié une source très proche du pilote à Motorsport.com. "Ce que vous voyez sur la moto peut aussi être valable pour sa vie personnelle."
Il y a d'abord eu Ramón Forcada, chef mécanicien de Jorge Lorenzo au cours des trois saisons qui ont mené le Majorquin au titre, remplacé par Esteban García au début de l'année 2019. D'autres remplacements ont eu lieu, comme celui de Javier Ullate, également membre de l'équipe technique de Lorenzo. Le dernier changement a été le retour de Silvano Galbusera, qui a pris la place de García lors du GP de Catalogne, une décision imposée par Yamaha qui n'a pas plu à Viñales. Depuis son arrivée dans l'équipe, le pilote a également changé d'agent et d'assistant. Le week-end calamiteux du Sachsenring, au cours duquel Viñales n'a jamais été rapide, a mené à une critique acerbe de Yamaha, selon lui coupable de ne pas avoir apporté des réponses au manque de traction qui le prive de performance sur certaines pistes.
Pour Viñales, l'annonce faite lundi sera sûrement un soulagement, mais qui devrait rester bref. Son équipe est convaincue que la pression des résultats est l'élément le déstabilise le plus. "Chez Suzuki, puisque je n'avais pas l'obligation de gagner, tout résultat positif était bienvenu", a-t-il confié à l'auteur de ces lignes. "Mais ici, c'est différent et il y a plus de pression." Pour remédier à ce problème, il a plusieurs fois été suggéré au pilote de voir un psychologue, une chose faite par Quartararo et dont le Français a expliqué tirer des bénéficies. Viñales n'est pas en faveur de cette idée, en tous cas pour le moment.
On peut maintenant se demander ce qu'il va chercher dans sa prochaine équipe, probablement Aprilia puisque la plupart des guidons sont déjà pris et qu'Aleix Espargaró, son ancien coéquipier chez Suzuki et grand ami, l'attend de pied ferme. Quel que soit son choix, l'objectif ne sera pas de trouver un matériel plus performant que celui dont il dispose aujourd'hui, cette chose étant presque de l'illusion. Ce sera à lui de trouver la réponse, car tout le paddock peine à le comprendre.
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