MotoGP GP du Qatar

Suzuki s'est senti piégé par un rythme de course trompeur au Qatar

Livio Suppo sent que le rythme de course effréné imposé par Pol Espargaró a contribué à un résultat "en dessous des attentes" pour Joan Mir et Álex Rins au GP du Qatar.

Pol Espargaro, Repsol Honda Team

Le premier Grand Prix de la saison a offert un scénario parfaitement inattendu. Jack Miller avait prédit une course "un peu comme le Moto3" où "tout le monde" aurait ses chances, suivant un déroulement similaire aux deux épreuves disputées à Losail l'an passé, avec un train de pilotes séparés par des écarts infimes. Cela n'a pas été le cas et le podium final a également surpris.

Enea Bastianini a décroché son premier succès en MotoGP au guidon de la Ducati 2021, devant Brad Binder et Pol Espargaró, longtemps leader, tandis que les favoris ont souffert, qu'il s'agisse du Champion du monde Fabio Quartararo, de son dauphin Pecco Bagnaia ou encore des pilotes Suzuki, particulièrement redoutés par la concurrence en raison des progrès de la marque en vitesse de pointe.

Finalement cinquième et sixième sous le drapeau à damier, Joan Mir et Álex Rins ont tous les deux évoqué des soucis d'adhérence, de natures opposées, et selon Livio Suppo, nouveau team manager de Suzuki, le rythme imposé par Pol Espargaró a peut-être brouillé les cartes. Le pilote Repsol Honda a cherché à creuser l'écart et a réalisé son meilleur tour au 11e passage, soit le cap de la mi-course, alors que celui de Bastianini est venu dans la 17e boucle, juste avant son dépassement pour la tête et à un moment où Espargaró marquait le pas.

Le clan Suzuki semble aussi avoir été piégé par la rapidité à laquelle l'épreuve s'est disputée puisque le vainqueur a eu besoin de dix secondes de moins que Fabio Quartararo lors du GP de Doha 2021, qui marquait la dernière visite à Losail. "La course a été en dessous de nos attentes, surtout après les essais du vendredi", a reconnu Suppo dans le podcast officiel du MotoGP. "On a essayé d'analyser ce qu'il s'était passé."

"Mon sentiment personnel, c'est que l'une des choses qui a influencé notre course, c'est le rythme que Pol a donné à la course au début. C'était probablement une petite erreur parce qu'au final, Pol n'avait plus de pneu arrière donc il a fini troisième après avoir mené presque toute la course. On s'attendait à ce qu'il se passe habituellement au Qatar, que le rythme de course soit plus lent au début. Les pilotes ont peur de trop attaquer à cause des pneus. C'était aussi la première course de la saison et on sait que le Qatar est toujours un peu différent."

Álex Rins

Álex Rins

Livio Suppo voit dans cette gestion du rythme de course l'une des principales difficultés pour les pilotes dans un plateau plus compétitif que jamais, entre le besoin de creuser l'écart à chaque opportunité et la nécessité de ne pas trop entamer le capital pneumatique afin d'être encore dans le coup dans les derniers tours. Les pilotes doivent aussi faire le dos rond en qualifications, une position décevante n'était pas forcément synonyme de mauvaise performance.

"Comme on le dit souvent, en ce moment le MotoGP est un championnat très compétitif avec beaucoup de pilotes et de machines qui peuvent potentiellement gagner, c'est de plus en plus difficile. Comme toujours, les pilotes sont ceux qui font la plus grosse différence et je pense qu'en ce moment, en raison des écarts très faibles, les pilotes ont besoin d'une mentalité très forte."

"Le samedi, on était en troisième et quatrième ligne alors qu'on était à deux dixièmes de la première ligne avec nos deux pilotes. [...] Deux dixièmes, sur un circuit en deux minutes, ce n'est presque rien. Les pilotes ont la lourde tâche de devoir gérer cette pression et de vivre avec ces faibles écarts, parce qu'ils savent qu'une petite erreur peut leur faire perdre beaucoup de places sur la grille, ce qui complique la course, donc ce n'est pas facile."

Dans ce contexte, Enea Bastianini a parfaitement su tirer son épingle du jeu, aidé par la Ducati de la saison dernière, au potentiel probablement inférieur aux nouvelles machines mais parfaitement éprouvée et donc source de moins d'inconnues. Suppo salue le travail du pilote Gresini et se réjouit du succès de l'équipe italienne, un an après la disparition de son fondateur Fausto Gresini.

"Bastianini a fait un travail incroyable et je suis très heureux pour la famille Gresini parce qu'on pense tous à Fausto. Il s'agissait des débuts de l'équipe sans Fausto et avec une structure différente, parce que c'est la première fois depuis quelques années qu'ils sont une équipe satellite à part entière, et plus une équipe d'usine de fait avec Aprilia. Si quelqu'un d'autre qu'un pilote Suzuki devait gagner, je pense que Gresini était un bon choix !"

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