Yamaha voudrait une limite pour éviter une "coupe Ducati"

Lin Jarvis met en garde contre la tendance qui s'est installée en MotoGP, championnat qui aurait tendance à devenir une "coupe Ducati" compte tenu de la place que prend le constructeur italien avec ses huit pilotes et une moto au-dessus du lot.

Le plateau MotoGP 2023

Après deux années des plus rudes pour les constructeurs japonais du MotoGP, la saison 2024 s'ouvrira avec un règlement remanié, dans le but de leur permettre de rattraper leur retard. Un système de concessions totalement repensé va attribuer à chaque marque des avantages et des restrictions sur la base d'une grille calculée en fonction des points marqués au championnat des constructeurs.

Marquer plus de 85% des points constructeurs en jeu vaudra de figurer dans le groupe A, puis les fenêtres sont dégressives avec 60 à 85% pour le groupe B, 35 à 60% pour le groupe C et moins de 35% pour le groupe D. En l'état actuel des choses, Ducati est dont le seul constructeur à répondre aux critères du groupe A, ce qui entraîne en particulier des limitations en termes de pneus pour les essais et l'absence de wild-cards. Mais en alignant huit des 22 pilotes qui forment la grille, la marque italienne a proportionnellement plus de chances d'engranger un grand nombre de points qu'une rivale ne disposant que de deux pilotes.

C'est le cas de Yamaha, seul constructeur à ne plus avoir de team satellite à ce jour. Alors que, rappelons-le, les points du classement constructeurs correspondent au meilleur résultat de chaque marque par Grand Prix (course sprint + course principale), Yamaha a marqué 196 points cette saison − à peu près autant que Honda avec ses quatre motos − contre 700 pour Ducati. La marque italienne a pu compter, notamment, sur quatre pilotes victorieux le samedi et six le dimanche.

Les seuls Grands Prix où Ducati a été challengé ont été ceux des Amériques, de Grande-Bretagne et de Catalogne, alors deuxième du classement constructeurs ou premier ex-aequo compte tenu des succès de Honda et d'Aprilia. Même lors de ces trois week-ends, Ducati figurait sur le podium, voire a remporté le sprint, pour malgré tout s'en sortir avec un total ne descendant jamais sous les 25 points. Yamaha était très loin de ces chiffres, avec tout au plus une petite vingtaine de points sur une poignée de Grands Prix, apportés par les podiums qui sont venus égayer la saison de Fabio Quartararo.

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Lin Jarvis ne sait que trop bien que le manque de performance des M1 est la première cause de ce gouffre qui s'est créé, mais le directeur exécutif de Yamaha Motor Racing rappelle aussi le déséquilibre dans la représentation de chaque marque sur la grille. Alertant sur la tendance qui s'est installée en MotoGP, il aimerait qu'une limite soit instaurée.

"Je le comprends", répond-il à Speedweek lorsqu'il est interrogé sur la réticence de certains − Gigi Dall'Igna en tête − à l'idée d'aider Aprilia et KTM, et pas uniquement les constructeurs japonais, avec un tel système. "[Mais] certains pensent qu'il y a trop de Ducati dans le championnat. C'est mon avis également, même si ce n'est pas injuste pour autant. Ils ont proposé des motos très puissantes à un bon prix. D'autres usines ne l'ont pas fait, et ça a bien fonctionné pour Ducati, qui a maintenant huit pilotes."

"Pour le championnat, je pense qu'il serait préférable d'avoir une limite à, disons, six motos, plutôt qu'une coupe Ducati comme certains décrivent le Championnat du monde en ce moment."

Yamaha n'a que deux motos sur 22, et ça ne changera pas en 2024.

Photo de: Yamaha

Yamaha n'a que deux motos sur 22, et ça ne changera pas en 2024.

Interrogé par GPOne pour savoir s'il y aura toujours huit Ducati en piste en 2025, Paolo Ciabatti, directeur sportif du constructeur italien, ne s'est pas risqué à se montrer affirmatif : "Franchement, je ne sais pas. Avec Gresini, nous avons un accord qui couvre aussi 2025, tandis qu'avec VR46 le contrat arrivera à échéance l'année prochaine. Il faudra voir, évaluer attentivement la situation, en sachant que la concurrence essaiera de faire son propre jeu."

En effet, et cela vaut notamment pour Yamaha. Car après avoir perdu son team satellite lorsque RNF a décidé de s'associer à Aprilia, la marque d'Iwata doit attendre la fin des contrats liant actuellement les équipes indépendantes et les constructeurs pour espérer en séduire une. Et VR46 est la principale cible pour 2025, sans certitude toutefois que l'équipe de Valentino Rossi veuille se séparer de Ducati.

Des concessions "malheureusement très importantes"

En attendant, avec les nouvelles concessions désormais mises en place, Lin Jarvis estime que le championnat va pouvoir empêcher les constructeurs japonais restants de suivre la voie ouverte par Suzuki avec son départ inattendu l'an dernier.

"C'est mieux pour le championnat et nous pouvons ainsi empêcher les usines japonaises de quitter le MotoGP à l'avenir. C'est beaucoup plus important à long terme", affirme Lin Jarvis, garantissant que Yamaha ne partira "certainement pas".

"Elles sont malheureusement très importantes pour nous", souligne-t-il au sujet des concessions. "Si nous voulons faire un nouveau pas en avant, nous avons besoin de plus de possibilités de faire des tests. L'année prochaine, nous n'aurons que deux pilotes. Les tests vont nous aider, ils vont nous donner plus de liberté. Nous pourrons utiliser plus de moteurs et également changer de spécification en cours de saison."

En figurant dans le dernier groupe, Yamaha va en effet bénéficier des meilleures conditions. La marque pourra utiliser 260 pneus pour ses tests (contre 170 pour Ducati), auxquels pourront participer les pilotes titulaires et pas uniquement les essayeurs, sur tous les circuits du calendrier et non plus seulement trois pistes. Sur l'ensemble de la saison, Yamaha pourra utiliser deux moteurs de plus que les marques européennes par pilote, avec un développement libre, ainsi qu'une spécification aéro de plus. Le règlement autorisera aussi l'inscription de six wild-cards.

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