Au plus bas depuis 2003, Yamaha risque également son avenir

Il faut remonter à 2003 pour retrouver un plus mauvais début de saison de Yamaha mais le pire est peut-être à venir pour le constructeur japonais puisque perdre Fabio Quartararo le plongerait dans une crise bien plus profonde.

Au plus bas depuis 2003, Yamaha risque également son avenir
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Un seul podium en quatre courses. Pour retrouver un plus mauvais début de saison de Yamaha, il faut revenir à l'année 2003, il y a presque 20 ans, et à une campagne catastrophique que le constructeur d'Iwata avait conclue sans le moindre podium. La seule et unique saison de Yamaha sans victoire dans l'ère MotoGP, juste avant l'arrivée de Valentino Rossi qui allait replacer la firme aux diapasons au premier plan.

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Même dans la difficile saison 2018, quand Yamaha ne s'est imposé qu'à Phillip Island, 17e manche de la saison, le championnat avait mieux débuté, avec une troisième place pour Valentino Rossi à Losail et la deuxième pour Maverick Viñales à Austin. En quatre courses, l'équipe Yamaha officielle a pris 58 points cette année, contre 114 au même stade la saison passée, et il faut remonter à 2002, avec 50 unités, pour retrouver un plus mauvais total.

Le plus inquiétant est que le seul podium conquis par la marque et Fabio Quartararo cette année l'a été au GP d'Indonésie, course perturbée par la pluie et où les performances des différentes machines étaient donc nivelées. Mais la course de Mandalika s'annonçait quand même bien pour le Champion du monde, qui avait mis fin à une série de huit poles des pilotes Ducati.

Dans des conditions "normales", le bilan des courses reste inquiétant : la septième place de Quartararo au GP des Amériques représente la meilleure performance de Yamaha cette année, après une neuvième position au Qatar et une huitième en Argentine. Et c'est peut-être le plus inquiétant car l'an dernier, il avait remporté l'une des deux manches de Doha et n'avait été battu que par le "shérif" Marc Márquez au Texas, dans une course organisée à l'automne.

Fabio Quartararo, Yamaha Factory Racing

"Les autres ont fait deux pas en avant, on n'a fait que la moitié d'un", résumait Quartararo au cours du test de Sepang en début d'année, ne cachant pas qu'il attendait "beaucoup plus" de la part de Yamaha. Les nouveautés ont été rares et les progrès tant attendus sur le moteur ne se sont pas concrétisés, malgré deux ans de travail au Japon. Le déficit de vitesse de pointe est un gros point faible et il était encore évident sur le Circuit des Amériques.

Quartararo sonde le marché

Il n'est donc pas surprenant de voir Fabio Quartararo et son entourage multiplier les sorties médiatiques pour entretenir le doute sur son avenir. En ne prenant que les déclarations des dix derniers jours, son manager a confirmé des discussions avec la concurrence, le Niçois a assuré que changer de moto ne lui fait pas peur et a affiché sa volonté de "bien étudier le marché" pour se décider rapidement.

Des rumeurs envoient déjà Quartararo chez Honda mais Yamaha doit tout faire pour retenir son champion, sur le plan salarial mais surtout sur le plan technique, l'élément régulièrement cité par le pilote comme étant le plus important dans sa réflexion. Et ce qui pouvait dans un premier temps passer pour un moyen de faire monter les enchères est désormais une volonté claire de disposer de la meilleure machine possible.

Fabio Quartararo

Fabio Quartararo

Le début de la tournée européenne donnera une indication du potentiel de Yamaha jusqu'à la fin de l'année. Visité deux fois en 2021, Portimão laisse des souvenirs ambivalents à Quartararo, vainqueur il y a un an mais en grande difficulté en novembre dernier. "Sincèrement, Portimão a pas mal d'accélérations [et] l'an dernier, dans la deuxième course, je ne pouvais pas doubler Martín", a confié El Diablo au site officiel du MotoGP, ciblant plutôt le rendez-vous suivant pour relancer sa saison : "Jerez sera une très grosse opportunité qu'on ne devra pas manquer, donc on va beaucoup se concentrer sur Portimão et Jerez, qui s'enchaînent."

Yamaha ne peut pas se priver de Quartararo

Avec 17 points de déficit sur l'inattendu Enea Bastianini, Quartararo conserve ses chances mais représente le seul véritable espoir de Yamaha puisqu'à eux trois, Franco Morbidelli, Andrea Dovizioso et le rookie Darryn Binder n'ont inscrit que 23 points, loin des 44 du Champion en titre. Quartararo est le seul capable d'exploiter le potentiel de la Yamaha, ce que Dovizioso est le premier à reconnaître, au cœur d'une phase d'adaptation qui n'en finit pas.

"Le pilotage nécessaire est un peu bizarre selon moi", a expliqué l'Italien à Austin. "On parle toujours des mêmes choses, je n'ai pas changé d'idée. Pour moi, le manque de grip à l'arrière impose une [certaine] façon de rouler. On peut être rapide, Fabio l'est, donc je ne veux pas dire qu'il est impossible d'être rapide, mais je pense qu'il faut piloter différemment pour être performant."

Franco Morbidelli et Andrea Dovizioso

Franco Morbidelli et Andrea Dovizioso

L'analyse de Dovizioso ne doit pas être ignorée par Yamaha. Désormais pilote le plus expérimenté de la grille, le triple vice-Champion du monde est réputé pour ses analyses pointues, et celles qu'il fait de sa moto actuelle en disent beaucoup sur l'importance de Quartararo pour le constructeur. Perdre le #20 pourrait plonger Yamaha dans une situation similaire à celle de Honda en 2020, quand la marque peinait à jouer les premières places pendant la convalescence de Marc Márquez, seul pilote apte à tirer le meilleur de la moto japonaise.

Les prochaines courses seront donc déterminantes pour convaincre Fabio Quartararo de rester et éviter à Yamaha de connaître la même déconvenue.

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