Comment Johann Zarco continue à adapter sa préparation physique
Calendrier intense, courses très disputées, conditions éprouvantes... Le MotoGP apparaît plus difficile que jamais et Johann Zarco ne s'y trompe pas en adaptant constamment son entraînement afin de répondre aux exigences du championnat.
Les machines du MotoGP n'ont jamais été aussi performantes. Véritables bêtes de puissance, capables de dépasser allégrement les 360 km/h, elles mettent les pilotes à l'épreuve à chaque tour et dans chaque manœuvre. Même si l'antipatinage est venu réduire les secousses les plus violentes, ceux-ci restent très actifs sur leurs motos, en devant ajuster en permanence certains réglages ou enclencher le holeshot device pour garantir des sorties de courbes efficaces.
Tout ce travail rend le pilotage très physique et ces difficultés sont exacerbées lorsque les conditions de course sont extrêmes, comme lors des Grands Prix asiatiques de l'automne qui cumulent chaleur et taux d'humidité élevé. Malgré une préparation physique spécifiquement tournée vers ces épreuves, il est impossible de maintenir un effort maximal pendant les quarante minutes de la course, comme l'a constaté Johann Zarco à Sepang.
"Au niveau cœur par exemple, ça va un petit peu moins haut que sur la course sprint. Si on tape les mêmes max que sur la course sprint, il y a un moment où on est obligés de lâcher prise et le but c’est de rester constant", expliquait le Français sur Canal+ en marge du GP de Malaisie. "Mais même en essayant de gérer, en fait, je suis tout juste à quatre pulsations de moins que sur le sprint, donc ce n’est pas énorme, ça ne laisse pas beaucoup d’air. Et après, c’est la chaleur : les motos dégagent de la chaleur, dès qu’on se rapproche de quelqu’un il faut chaud."
Pour gérer sa condition physique pendant le GP de Malaisie et s'assurer de voir l'arrivée, Zarco a donc réduit un temps l'intensité de son pilotage. "J’ai essayé de mettre plus d’énergie, ça ne fonctionnait pas ; j’ai essayé de me relâcher, ça ne me permettait pas d’aller plus vite non plus…" expliquait alors le Français, décrivant une situation dure à gérer : "Au bout d’un moment, on ne sait plus quoi faire et on se concentre aussi [sur le fait] de ne pas faire d’erreurs. Mais ce sont des motos très puissantes, il y en a qui les emmènent avec plus de souplesse, plus de décontraction, d’autres moins et c’est pour ça qu’on s’entraîne pour tenir."
Depuis son arrivée en MotoGP en 2017, Johann Zarco a vu la catégorie devenir de plus en plus dure. Aux calendriers rallongés et aux week-ends rendus plus intenses par l'arrivée des courses sprints s'ajoutent des épreuves plus disputées que jamais, avec des motos aux performances très proches et des pneus qui se dégradent moins, obligeant à maintenir un rythme très élevé du départ à l'arrivée.
"Ça semble encore plus dur, ou bien il faut une approche qui porte vraiment sur l'aspect sportif pour se préparer aux week-ends intenses, avec la course sprint et la course longue le dimanche", a expliqué le Provençal. "Les pneus sont plus constants qu'il y a six ans donc ça signifie qu'on ne peut pas trop jouer avec la constance. Par le passé, on pouvait faire la différence entre le fait d'avoir un pneu usé et un pneu neuf, or maintenant, ça semble plus difficile. Tout s'est beaucoup développé."
Johann Zarco
"Je suis très heureux de faire partie de ceux qui sont encore performants avec toutes ces nouveautés. Avec toutes ces courses au fil des années, ce qui a le plus changé, c'est ce rythme que l'on doit trouver pendant un week-end de course. Un week-end de course ne semble plus être unique, il faut trouver son rythme pour être tout le temps performant."
Garder l'énergie tout au long de la saison
Cette volonté d'être tout le temps performant, c'est ce qui a guidé Johann Zarco dans la mise en place de sa préparation physique. Outre les soins que lui apporte sa sœur Séverine, ostéopathe qui travaille notamment avec des vibrations produites par des bols tibétains, le pilote de 33 ans est accompagné par le nageur Grégory Mallet et son physio Alexandre Mathieu, qui le suit sur tous les Grands Prix pour l'aider à bien récupérer de chaque effort.
Avec deux séances d'entraînement par jour quand il est chez lui, faites de vélo de route, de running, de gym ou encore d'escalade, ainsi que le régime alimentaire réfléchi auquel il s'astreint, Zarco chercher à entretenir une forme de fond pour maintenir une bonne énergie tout au long de la saison et se trouver en capacité de gérer ces Grands Prix devenus si éprouvants.
Si les pilotes cherchent en permanence à parfaire leur entraînement, comme il l'a lui-même fait en procédant à des changements ces deux dernières années, les courses sprint ont entraîné d'autres modulations en 2023. Les enseignements de cette saison, notamment dans les épreuves les plus dures sur le plan physique, ont permis d'affiner le programme afin qu'il arrive fin prêt aux premiers essais de la pré-saison, qui se tiendront à nouveau à Sepang début février.
"L’entraînement a déjà évolué pendant cette année. En prenant toutes ces infos – c’est pour ça que je roule avec le [cardiofréquencemètre], parce que ça permet d’enregistrer les activités pendant le week-end et de voir un peu dans quelle zone j’étais niveau cœur –, ça s’est adapté pendant l’année et ça permet déjà d’avoir un bon programme sur l’hiver", confirmait Zarco à la conclusion du championnat.
"Après, ce ne sont pas de gros changements, mais c’est surtout beaucoup de continuité pour ne pas perdre le fil et, du coup, progresser sans s’en rendre compte. Ça l’a fait un peu cette année, et l’an prochain on va faire en sorte que ça le fasse aussi."
Avec Basile Davoine et Léna Buffa
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