Chronique

Quand le rallye sauvait la carrière de Stéphane Sarrazin

Si une carrière en Formule 1 lui a échappé, Stéphane Sarrazin s'est illustré en Endurance et en Formule E… grâce au rallye ! Le Français se remémore ici les décisions qui ont influencé sa vie de pilote.

Stéphane Sarrazin, Subaru Impreza WRC

Stéphane Sarrazin, Subaru Impreza WRC

Sutton Motorsport Images

Là où j'habite dans le Sud de la France, le rallye est très populaire. Mon père était pilote de rallye, j'ai donc suivi cette discipline dès mon enfance et j'essayais de trouver le budget pour faire un rallye tous les ans en parallèle de mon programme en monoplace. C'était principalement pour le fun, mais aussi pour montrer que j'en étais capable.

En 2001, j'ai remporté ma première victoire en Championnat de France au Rallye du Var et j'ai pris beaucoup de plaisir, mais je restais concentré sur le fait d'atteindre la Formule 1. Or, au terme de la saison 2003 de World Series by Nissan, j'avais un peu l'impression d'avoir raté ce train.

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Le Grand Prix du Brésil 1999 était censé n'être que le début de ma carrière en F1, mais malheureusement, après ça, je n'ai pas pris une très bonne décision. Minardi m'avait demandé de continuer, mais j'avais un contrat avec Prost Grand Prix et je suis donc resté en Formule 3000. Mon projet avait toujours été de rejoindre Prost en F1 par la suite, mais ça ne s'est pas fait. C'est la vie.

Stéphane Sarrazin, Minardi M01

Bref, un jour, dans le magazine Auto-Hebdo, j'ai vu une photo avec une Subaru WRC et l'inscription : "Et si c'était vous ?". Subaru et la FFSA faisaient une sélection pour qu'un pilote participe au Championnat de France ainsi qu'à trois manches de WRC en 2004.

Il y avait une bonne dizaine pilotes de rallye, dont Bryan Bouffier et beaucoup de gars qui évoluent encore dans cette discipline, mais j'ai gagné. Après ça, j'ai remporté le titre français, et les trois manches du Championnat du monde se sont très bien passées. C'était très surprenant ; j'ai fait la Corse, l'Allemagne et la Catalogne, tout sur asphalte, et j'étais dans le top 5.

L'écurie Subaru World Rally Team m'a ensuite recruté pour 2005, c'était tout bonnement incroyable. J'appréciais David Richards, il a été un très bon chef pour moi et j'ai aimé travailler avec lui. Mais ils ne m'ont donné que huit rallyes en 2005 et quatre en 2006. Or, si l'on veut avoir du succès en rallye, il faut tous les faire. N'en faire que la moitié, seulement trois sur terre, et peu d'essais, ce n'était pas suffisant pour moi.

Stéphane Sarrazin

David Richards m'a donc demandé de faire les 12 Heures de Sebring avec Aston Martin en 2005. Je lui ai dit : "Je ne veux plus faire de courses", car j'étais pleinement focalisé sur le rallye, mais comme je ne passais pas assez de temps au volant, j'ai accepté de faire Sebring. Je n'avais pas fait de course depuis un an et demi à ce moment-là, donc ça faisait bizarre au début, mais j'ai eu une bonne sensation, et il m'a ensuite engagé pour la saison 2006 complète en American Le Mans Series.

Peugeot m'a contacté à la fin de cette année-là pour aller en LMP1, tout en faisant des rallyes en Intercontinental Rally Challenge et en Championnat de France avec la 207 S2000. L'opportunité que m'a donnée David Richards en GT1 m'a permis de piloter une voiture d'usine en LMP1, tout ça parce que j'avais fait du rallye en premier lieu.

Ce que j'aime le plus, en rallye, c'est l'adrénaline. Les reconnaissances représentent beaucoup de travail avec le copilote – la préparation des notes, le travail sur les vidéos – mais on ne sait jamais si les notes sont bonnes, car les routes sont toujours différentes. On attaque comme sur circuit, mais l'adrénaline est incroyable. Sur circuit, il s'agit davantage de rechercher la perfection, de freiner 20 cm plus tôt ou plus tard.

Stéphane Sarrazin, Subaru Impreza WRC

L'Endurance, c'est passionnant, il y a beaucoup de dépassements et les différentes catégories, mais en rallye, c'est plus difficile de trouver un bon rythme ; on cherche la limite des arbres ou des pierres, et en Formule E c'est un mur, donc la limite est très proche. Je pense que mon expérience en rallye m'a beaucoup aidé sur les circuits bosselés avec très peu d'adhérence. Je fais ça depuis longtemps, donc c'est peut-être parce que je change tout le temps et je sais que je n'ai pas peur.

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J'adore la course, j'adore le rallye, j'ai la chance de faire les deux. Je pense que beaucoup de pilotes aimeraient faire les deux, mais ils ont peur pour leur image : "Si je ne suis pas performant, les gens vont croire que je suis lent." Si on le fait, il faut le faire à 100%, se préparer à fond. Les autres sont extrêmement rapides et travaillent tous très dur, il faut donc être comme eux.

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